Nouvel horizon pour les multi-actifs

Florence Barjou, Lyxor Asset Management

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L’introduction de primes de risque alternatives dans les portefeuilles multi-actifs offre de nouvelles opportunités (1ère partie).

L’appétit des investisseurs pour les produits multi-actifs flexibles sur le segment long-only s’est fortement aiguisé ces dernières années. Face à des valorisations qui semblent tendues sur les principales classes d’actifs, l’intérêt pour ces stratégies est compréhensible. En effet, en cas de retournement des marchés, les processus d’allocation d’actifs flexibles représentent une alternative solide, surtout lorsqu’ils intègrent une gestion minutieuse du risque.

En règle générale, les gestions diversifiées investissent exclusivement dans les classes d’actifs «traditionnelles» (actions, obligations, et parfois matières premières). Ce faisant, elles bénéficient de l’impact positif de la diversification.

En effet, un portefeuille combinant des actifs non corrélés permet de réduire le risque. En ce sens, les primes de risque alternatives représentent l’étape 2.0 pour les stratégies diversifiées. Ces ARPs sont construites sous forme de positions long/short et sont généralement assimilées, soit à une partie de l’alpha généré par des stratégies de type hedge funds, ou bien à des styles d’investissement (value, momentum ou carry). Non corrélées aux actifs traditionnels, elles peuvent dégager des flux de revenus réguliers, semblables à ceux d’un carry trade (stratégie de portage).

Toutefois, l’intégration d’ARPs dans un portefeuille peut s’avérer délicate. Les rendements des stratégies de portage sont généralement caractérisés par des distributions asymétriques et peuvent donc être associés à des risques extrêmes. Compte tenu de cette difficulté, la rigueur des processus de sélection est essentielle. Il convient aussi d’adapter les processus d’allocation à leurs caractéristiques spécifiques.

Pourquoi associer des ARPs à des actifs traditionnels?

Le processus d’investissement flexible repose sur trois moteurs de performance: budgétisation des risques, suivi de tendance et analyse «Global macro» de conviction. Ces trois moteurs répartissent les actifs de l’univers d’investissement sur deux portefeuilles: un portefeuille cœur et un portefeuille satellite.

«La rigueur des processus de sélection est essentielle.
Il convient aussi d’adapter les processus d’allocation à leurs caractéristiques spécifiques.»

Le portefeuille cœur est investi dans des actifs traditionnels (actions mondiales, obligations souveraines et matières premières), avec lesquels les techniques de budgétisation du risque* sont particulièrement adaptées. Pour sa part, le portefeuille satellite vise à dégager une performance supplémentaire via des revenus de type carry. Il est actuellement investi dans des instruments liés à la dette d’entreprise à haut rendement et à la dette émergente.

Bien entendu, puisqu’elles représentent une exposition plain vanilla sur le marché correspondant, ces positions recèlent un risque directionnel évident. Mais c’est précisément sur ce point que les propriétés de diversification d’un produit multi-actifs révèlent tous leurs avantages.

En effet, les primes de risque traditionnelles peuvent afficher des corrélations faibles, voire négatives, entre elles. Ainsi, les obligations prospèrent en période de basse conjoncture, tandis que les actions auront tendance à rebondir pendant les épisodes de croissance.

La recherche académique** a récemment montré que les primes de risque traditionnelles n’étaient pas les seules primes de risque auxquelles les investisseurs pouvaient accéder. En effet, les primes de risque alternatives, qui étaient historiquement associées à des stratégies de type hedge funds parfois illiquides, sont maintenant devenues accessibles via des indices de marché.

Diversifier les sources de performance

Une prime de risque alternative rémunère l’exposition à un risque financier spécifique non traditionnel. D’un point de vue académique, et comme souligné par Thierry Roncalli [2016], les ARPs rémunèrent un investisseur pour son exposition sur un risque non diversifiable. Le fait que les ARPs soient captées via des positions long/short lorsqu’elles sont associées à des actifs traditionnels les distingue également du smart beta, que l’on peut définir comme un schéma de pondération autre que la pondération par capitalisation boursière. Souvent liées à des biais de marché ou comportementaux, les ARPs créent des opportunités que l’on peut exploiter de manière systématique et qui ne sont pas corrélées aux actifs traditionnels. Les ARPs bénéficient d’une absence de corrélation structurelle avec les actifs traditionnels. En ce sens, on ne s’attend pas à ce qu’elles offrent forcément un refuge en phase de baisse des marchés (comme c’est, en règle générale, le cas pour les obligations souveraines). Elles sont plutôt censées dégager un flux relativement constant de rendements additionnels, venant diversifier les positions et augmenter la performance à long terme. Lorsque les corrélations entre classes d’actifs traditionnelles augmentent, comme ce fut le cas en 2015, ces caractéristiques peuvent s’avérer particulièrement utiles.

Les dernières études académiques montrant que les ARPs pouvaient être captées de manière systématique ont clairement repoussé les frontières pour les produits multi-actifs. Par ailleurs, ces ARPs sont désormais accessibles via des sous-jacents liquides, ce qui en fait des investissements viables pour une stratégie telle qu’ARMA.

 

* La budgétisation de risques consiste à déterminer l’allocation sur un actif dans un portefeuille, non pas en fonction de son poids nominal, mais en fonction de sa contribution au risque global du portefeuille
** Hamdan, Pavlowsky, Roncalli, Zheng [2016]: A Primer on Alternative Risk Premia, Lyxor Research Paper