No limit

Igor de Maack, DNCA

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Malgré les éléments négatifs, le pessimisme ne doit gagner ni l’investisseur, ni l’humanité.

© Keystone

Les plans de soutien s’enchaînent et se ressemblent partout dans le monde. Les Etats-Unis viennent ainsi de proposer un nouveau plan d’aide de 483 Md$ pour soutenir l’économie et les hôpitaux. Les marchés actions saluent ces systèmes de soutien absolument sans limites partout dans le monde. Leur robustesse interroge mais l’argument des liquidités déversées emporte toute discussion. L’autre argument souvent entendu avance que comme ce sujet sanitaire est global, la réponse des gouvernements ne peut qu’être globale et concertée (ce qui semble le cas à peu près aujourd’hui).

Sur le front économique, c’est évidemment le temps des mauvaises nouvelles. Le choc pétrolier sur le WTI a diffusé un nouvel élément de fragilité aux Etats-Unis. Les dernières statistiques du moral des acheteurs en Europe (PMI) indique tout simplement un effondrement total des chiffres (18,4 pour l’industrie et 11,7 pour les services). Mais cela n’a rien d’étonnant dans la période d’incertitude actuelle. Le retour à une véritable confiance passera par l’efficacité des méthodes de déconfinement et l’hypothèse de la réalité d’une deuxième vague du virus. Ces deux éléments sont aujourd’hui inconnus et ce sont d’eux dont le type de reprise économique dépend.

La résorption de cette crise sera longue et coûteuse
et la réponse des États doit être forte et intelligente.

Les stratégies de déconfinement vont clairement être mises à l’épreuve. Déjà des pays ont été obligés de revenir partiellement ou totalement en arrière après la réouverture de leur économie ou de leurs écoles (Singapour, Japon). La Chine a été contrainte de mettre en confinement la grande ville du Nord à la frontière russe, Harbin (11 millions d’habitant). Sans immunité ou vaccin, il semble que le virus soit aujourd’hui difficilement contrôlable autrement que par le respect d’une distanciation sociale stricte (ce qui ne signifie pas forcément l’arrêt total des économies).

Les résultats des entreprises du premier trimestre ne vont pas apprendre grand-chose aux investisseurs. Certains y tenteront de déceler des tendances ou des messages. Si certains secteurs ont continué de fonctionner normalement ou quasi normalement (opérateurs télécoms, banques, distribution alimentaire, pharmacie, etc.), d’autres sont clairement en difficulté pour encore de longs mois (restauration, hôtellerie, tourisme, automobile, événementiel, etc.).

Au-delà des grandes entreprises, c’est tout un tissu de petites entreprises, de commerces et de sociétés de services qui va souffrir. Il n’est pas utile de reparler à ce stade des données du chômage qui est un indicateur décalé des crises économiques. Les pays vont aussi devoir affronter, après le deuxième tour économique de cette crise, le troisième tour social de cette crise. Les pays désunis socialement, financièrement malades ou mal gérés avec des institutions obsolètes ou faibles risquent de connaître des mouvements de mécontentent propres à les déstabiliser.

Malgré tous ces éléments négatifs, le pessimisme des prêcheurs de la fin du monde ne doit pas gagner ni l’investisseur, ni l’humanité. En revanche ce qu’on comprend désormais c’est que la situation est inédite, que la résorption de cette crise sera longue et coûteuse et que la réponse des États doit être forte et intelligente. Comme toujours le prix des actifs financiers fluctuera en fonction de ces éléments.

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