On ne peut être que satisfait de terminer le premier semestre sans trop de dommages

François Savary, Genvil SA

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Le moins que l’on puisse dire est que le premier semestre 2025 nous a réservé des développements surprenants, que ce soit sur le plan politique, économique ou géopolitique.



La bromance Musk-Trump a tourné au «vinaigre» et avec elle les objectifs financiers (délirants) annoncés, même si les agences d’aide au développement ou les programmes sociaux subiront les effets de cette politique de manière durable. 

Sur le front de la guerre tarifaire, les aller et retour ont été multiples. Si les annonces de début avril ont été partiellement revues, l’environnement sur le commerce international est néanmoins loin d’avoir gagné en visibilité depuis six mois. 

Malgré les propos peu amènes de D. Trump, la Réserve Fédérale a maintenu le cap, encore réitéré par J. Powell lors de son témoignage au Congrès. Cependant, les divisions sur la politique monétaire vont croissantes au sein de la Fed, à en juger par des déclarations récentes de ses membres ou par les «dots» fournis par le Conseil de l’autorité monétaire à l’issue de sa réunion de juin.  D’une manière générale, une chose est sûre: le manque de visibilité sur le cycle économique aux USA – mais cela pourrait s’étendre au moins partiellement au reste du monde – n’a pas diminué au cours des deux derniers trimestres.

Sur le plan fiscal, l’Europe aura surpris avec la décision du nouveau chancelier allemand de mettre un terme à la politique de la fourmi dans la gestion des finances publiques. Tant mieux serait-on tenté de dire, si le Vieux Continent veut relever les défis (nombreux) qui l’attendent à moyen et long terme. Les pressions de l’administration US auront eu le mérite de mettre en marche une dynamique de relance de l’idée européenne. Les efforts n’en sont pourtant mais il y a un point positif: la BCE n’aura pas joué contre son camp cette fois, en poursuivant un relâchement monétaire «record» que le repli de l’inflation justifie.

La «big beautiful bill», que D. Trump aimerait voir adoptée le 4 juillet, n’est pas a priori une surprise, car la volonté de baisser les impôts était inscrite dans le programme du candidat. Toutefois, il n’est pas certain que les observateurs se soient attendus à voir le projet ignorer aussi ostensiblement les réalités budgétaires et d’endettement public. Les tensions sur les rendements obligataires US et/ou la chute de la monnaie de l’Oncle Sam sont les meilleures preuves d’une perte de confiance des opérateurs face à cette occultation des faits.

L’adjonction de la section 899, qui permet à l’Amérique de prendre des mesures de rétorsions fiscale à l’encontre des pays, des individus et des sociétés étrangers dont les pratiques seraient jugées «incorrectes» par Washington, n’était pas davantage anticipée. Elle participe à la notion qui s’est installée sur les marchés depuis six mois: celle de la fin de l’exceptionnalisme américain. 

Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur l’évolution géopolitique. Le conflit (guerre de 12 jours?) israélo-iranien n’aura été que l’ultime avatar du nouveau «désordre mondial». Certes, cela fait plusieurs années que les choses évoluaient dans ce sens, mais les attaques US sur la défense européenne, les questionnements sur l’avenir de l’OTAN ou ceux sur les relations bilatérales US-Russie n’ont fait que croître. Et c’est sans parler des interrogations sur le futur du Moyen Orient qui se redéfinit à une vitesse accélérée.

Il serait si agréable de se dire que nous fermons le chapitre du premier semestre 2025 et qu’une page blanche s’ouvrira le 1er juillet. Malheureusement les choses sont plus compliquées. De nombreux point susmentionnés continueront à marquer les prochains mois, à commencer par la loi de finance américaine (sera-t-elle effectivement ratifiée le 4 juillet tout comme le relèvement du plafond de la dette?). La question tarifaire ne sera pas en reste, puisque la pause promulguée le 9 avril arrivera à son terme le 9 juillet. D. Trump se montrera-t-il «clément» ou fera-t-il preuve de «fermeté»? Logiquement la réponse à ces questions nourrira le retour sur le devant de la scène de la question (fondée ou non) de la fin de l’exceptionnalisme US avec son lot de conséquences pour les actifs financiers.

Alors non, il ne faut pas nécessairement se réjouir que l’été soit arrivé, la chaleur ambiante n’éliminera pas les problèmes existants! Des questions ouvertes nécessitent des solutions et c’est sans compter sur celles qui ne manqueront pas de surgir au cours du second semestre.  Rien de très différent de ce qui se passe année après année… A ceci près, peut-être, que l’accélération des événements depuis le 1er janvier est indéniable. Le sentiment d’un changement de paradigme est loin d’être injustifié. 

Le pire est toujours possible mais il n’est pas forcément probable. Cet adage a été démontré récemment; toutefois, les événements auraient pu tourner beaucoup plus mal que ce qui est advenu. Espérons juste que le second semestre de 2025 produise les mêmes effets. 

Bon été et profitons des joies de la mer et/ou de la montagne. Une chose est sûre: nous avons bien mérité notre repos estival.

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