L'innovation, moteur de la durabilité

Stephan Mumenthaler, Scienceindustries, Zurich

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La croissance économique et la protection de l'environnement ne sont pas antinomiques – elles vont de pair, comme le montrent les innovations de la chimie, de la pharmacie et des sciences de la vie.

Le changement climatique, la croissance démographique et l'évolution démographique placent notre système mondial devant des défis majeurs. Les entreprises de l'industrie chimique et pharmaceutique, par leur consommation de ressources et d'énergie, ont d'une part un impact sur l'environnement, et d'autre part, grâce à la diversité de leurs innovations, elles rendent possible un changement durable. En tant que stratégie d'avenir, la durabilité doit combiner trois dimensions – succès économique, responsabilité sociale et équilibre écologique - comme nous l'avons souligné récemment dans notre déclaration.

Engagement pour l'objectif net zéro

En Suisse, les entreprises membres de scienceindustries mettent en œuvre depuis les années 1990 l'initiative internationale Responsible Care® dans le but d'améliorer en permanence la protection de l'environnement, la santé et la sécurité. Elles soutiennent également l'objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre en 2050 fixé par la Confédération ainsi que les objectifs de la Science Based Targets Initiative visant à renforcer les objectifs réalistes et fondés sur des preuves en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Avec notre association économique, nous nous engageons en outre à créer de bonnes conditions cadres pour les produits respectueux du climat et les innovations permettant de réduire ou de valoriser les gaz à effet de serre. L'utilisation d'énergies renouvelables, l'augmentation de l'efficacité énergétique et l'électrification continue des processus de production sont également des préoccupations importantes, comme en témoigne le soutien apporté à la loi sur l'électricité récemment adoptée par les électeurs suisses.

En Suisse, l'industrie a réduit ses émissions de CO₂ d'environ 35% depuis 1990. Parallèlement, l'industrie, l'économie et les ménages suisses consomment de moins en moins d'énergie.

Croissance économique et protection de l'environnement?

La courbe de Kuznets écologique montre que la croissance économique et la protection de l'environnement ne sont pas forcément contradictoires. Ce modèle met en relation différents indicateurs de pollution et de revenu par habitant. S'il démontre une augmentation des émissions polluantes et une dégradation de la qualité de l'environnement dans les premières phases de la croissance économique, cette tendance s'inverse à partir d'un certain niveau de revenu par habitant et conduit à une amélioration de la qualité de l'environnement à long terme.

En Suisse, l'industrie a réduit ses émissions de CO₂ d'environ 35% depuis 1990. Parallèlement, l'industrie, l'économie et les ménages suisses consomment de moins en moins d'énergie: la consommation d'énergie par habitant (énergie finale, sans les voyages aériens internationaux) a diminué de 25 pour cent en Suisse depuis 2000 – et ce, alors que le PIB réel par habitant a augmenté de 19 pour cent sur la même période. Cela illustre la corrélation positive entre le développement économique et le renforcement de la protection de l'environnement.

La réglementation, un défi et une opportunité

Pour que l'industrie chimique et pharmaceutique puisse continuer à s'engager en faveur du développement durable, elle a besoin de conditions cadres appropriées. En premier lieu, il faut que la société soit ouverte aux nouvelles technologies et les encourage (par exemple, les nouveaux procédés biotechnologiques ou la capture et l'utilisation/le stockage du carbone). Cela suppose que les connaissances scientifiques soient au cœur de la prise de décision politique.

En ce qui concerne l'énergie, les médicaments et l'alimentation, l'accent est mis sur les conditions-cadres visant à garantir la sécurité de l'approvisionnement. D'autres éléments comprennent la suppression des obstacles réglementaires à la mise en œuvre de l'économie circulaire, une stratégie autonome mais globalement compatible en matière de produits chimiques, basée sur les risques, ainsi que la promotion de l'éducation, de la recherche et de l'innovation. Enfin, il faut réussir à exploiter les avantages de la numérisation, notamment dans le domaine de la santé. Dans ce domaine, la Suisse risque d'être de plus en plus à la traîne.

Bonne note à l'économie suisse

En attendant, les réglementations restrictives et les obligations de reporting coûteuses s'avèrent peu adaptées pour favoriser la réalisation des objectifs de durabilité. Elles entraînent au contraire une énorme charge bureaucratique pour les entreprises concernées, comme l'a montré la mise en œuvre de la directive sur le reporting en matière de développement durable dans l'UE (CSRD). De plus, la directive sur la chaîne d'approvisionnement (CS3D), encore plus contraignante, devrait suivre, ce qui aura également un impact sur les entreprises suisses.
Dans la perspective de la future réglementation suisse en matière de développement durable, il convient de garder un œil sur ces développements, d'autant plus que notre économie suisse orientée vers l'exportation doit s'affirmer face à la concurrence mondiale. Sur une note plus positive, le Conseil fédéral a approuvé le 7 juin 2024 le rapport sur la mise en œuvre du plan d'action pour une gouvernance d'entreprise responsable (RSE) 2020-2023. Dans ce document, il donne une bonne note à l'économie suisse et renonce pour l'instant à introduire de nouvelles mesures.

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