L'euro ne pourra pas répéter le rally de 2017

Martin Arnold, ETF Securities

2 minutes de lecture

En 2017, l'euro a enregistré la meilleure performance du G10, avec un rendement de 15%. Même si la dynamique perdure, la valorisation semble excessive en 2018.

En 2017, l'euro a enregistré (et de loin) la meilleure performance des devises du G10, avec un rendement de 15% sur la période. Or il devrait clôturer le premier trimestre 2018 en dessous du seuil de 1,20. L'euro a bénéficié de l’amélioration de l'environnement économique sous-jacent, ainsi que des récents commentaires d'une poignée de responsables politiques qui évoquaient la perspective d'une fin du programme d’assouplissement quantitatif.

Prévisions d'inflation prudentes en zone euro

Cependant, les prévisions d'inflation demeurent prudentes dans la zone euro. Et l'excès de capacités disponibles sur le marché du travail risque de tempérer la croissance salariale pendant encore quelque temps. Après avoir atteint, début 2017, son niveau le plus élevé en quatre ans, l'inflation de la zone euro a reculé et avoisine actuellement le taux de 1,4%, soit en dessous de l'objectif de 2% de la BCE.
Plus important encore, l'inflation a peu de chance de dépasser l'objectif de la BCE dans les mois à venir. En outre, cette dernière nourrira des craintes par rapport à un niveau de l'euro nettement supérieur à celui sur lequel se fondent ses projections économiques, à savoir 1,18 face au dollar.

La BCE proche de ses limites

Le bilan de la BCE est plus important que jamais. Toutefois, la croissance de son bilan s’atténue et la BCE touche aux limites de ses activités en matière d'assouplissement quantitatif.
Bien que la BCE n’ait revu à la baisse ses projections d'inflation qu’au mois de décembre dernier, le marché semble déjà prendre en compte la possibilité d'un resserrement monétaire dans la zone euro. En effet, selon la BCE «la progression des salaires est encore insuffisante».
En conséquence, il apparait que les investisseurs ont été trop prompts à négliger la possibilité d'une montée des pressions inflationnistes aux États-Unis et, son corollaire, la nécessité pour la Réserve fédérale américaine (Fed) de mettre en application ses trois hausses de taux prévues en 2018.

Le financement des prêts libellés en euro
s'avère de plus en plus coûteux.

L'écart entre l'euro et le dollar indique que la demande monétaire réelle visant l'euro a atteint son plus haut niveau depuis 18 mois environ. Le cross-currency basis démontre une demande soutenue d'opérations de couverture par rapport à l'euro sur le marché des swaps en devises. Cependant, cette demande pourrait se tarir car le financement des prêts libellés en euro s'avère de plus en plus coûteux.
Ecart disproportionné
En parallèle, la valorisation du marché obligataire fait apparaitre que les devises haussières semblent s'emballer. L'écart entre l'euro et le dollar semble disproportionné par rapport à ce que le différentiel réel des taux d'intérêt suggère pour cette paire de devises.

Valorisation des marchés

Au cours de l'année écoulée, l'optimisme a submergé l'euro. Après avoir atteint des niveaux extrêmement bas, le positionnement du marché des contrats à terme a affiché une remontée. Il se situe actuellement à un niveau sans égal. Toutefois, l'euro est plus faible que ne l'indique le la relation historique. En conséquence, même un léger affaiblissement de ce positionnement long excessif pourrait provoquer un important mouvement à la baisse pour l'euro. La valorisation du marché des options montre, quant à lui, que l'euro devrait occuper le troisième rang face au dollar parmi les devises du G10 au premier trimestre 2018.
Si la BCE venait à cesser ses achats obligataires sans fortement perturber les marchés des taux d'intérêt d'ici à la fin de l'année, l'euro devrait s'en trouver avantagé. Il semble toutefois que le marché a déjà pris en compte ce scénario.
De fait, l'euro devrait s'affaiblir quelque peu et opérer un mouvement à la baisse pour parvenir en dessous du niveau de 1,20, sans autre risque de baisse sur le reste du premier semestre.

 

A lire aussi...