Les USA grands gagnants côté économie et vaccination

Steven Bell, BMO Asset Management

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L’économie US promet un printemps qui chante pour la consommation alors que l’Europe s’enlise. Mais les marchés sont déjà chers.

La comparaison des Etats-Unis et de l’Europe sur le plan des vaccinations et de l'économie montre que le Vieux Continent est à la traîne. Il s’agit en l’occurrence de l’Europe sans le Royaume-Uni, car leurs situations respectives diffèrent considérablement, que ce soit en bien ou en mal.

Aux Etats-Unis, les dernières informations disponibles concernant les bénéfices et l’économie sont bonnes. Selon les premières estimations, la croissance du PIB au quatrième trimestre devrait avoisiner les 5% et les indices des directeurs d’achat publiés récemment s’avèrent très encourageants. Qu’il s’agisse de celui concernant le secteur manufacturier ou celui des services, tous deux ont progressé plus rapidement que le consensus ne l’anticipait, portant l’indice composite à 58.

Solidité économique signifie généralement revenus élevés

Le début de la saison de publication des bénéfices des entreprises du S&P 500 laisse augurer d’un trimestre qui lui aussi surprendra: presque toutes les entreprises qui ont publié leurs bénéfices ces deux dernières semaines ont dépassé les attentes des analystes. Cela a été le cas en particulier pour des financières telles que JPM, Citi et Goldman Sachs.

Les démocrates étant sur la voie d’une réconciliation budgétaire,
il y a de fortes chances pour que la plus grande partie du plan de relance soit adoptée. 

Les probabilités que l’économie américaine poursuive sur cette lancée sont élevées, même s’il faudra compter avec quelques soubresauts. L’administration Biden et le Congrès démocrate envisagent de débloquer 1’900 milliards de dollars, ce qui représente un montant très considérable. Si l’on y ajoute les quelque 1’000 milliards déjà consentis par le Congrès sortant, ces deux paquets représenteraient ensemble 15% du PIB américain. Par ailleurs, les démocrates prévoyant de passer par une procédure dite de réconciliation budgétaire, il y a de fortes chances pour que la plus grande partie du plan de relance soit adoptée. 

Etant donné que les consommateurs américains ont thésaurisé une bonne partie des aides qu’ils ont perçues l’année passée, leur pouvoir d’achat s’est considérablement accru. Cependant, leur capacité et leur volonté de procéder effectivement à des dépenses dépendront de l’évolution de la pandémie. Mais sur ce front également, les nouvelles sont bonnes. Plus de 17 millions de personnes ont déjà été vaccinés et trois millions d’entre elles ont reçu les deux doses du vaccin de Pfizer, un résultat qui peut être qualifié d’impressionnant. Par ailleurs, le nombre de nouveaux cas d’infection étant en baisse, tout cela laisse augurer d’une diminution de la pression sur les capacités hospitalières ces prochaines semaines. La décision d’assouplir ou non les conditions de confinement est en grande partie du ressort de chaque Etat, mais on peut néanmoins clairement tabler sur un boom des dépenses des consommateurs dès le printemps prochain.

Europe continentale: une tout autre histoire

Les chiffres de la croissance du PIB au quatrième trimestre de l’année passée devraient être publiés très prochainement, mais au contraire des Etats-Unis qui affichent une croissance vigoureuse, les principales économies européennes devraient enregistrer une contraction. En janvier, l’indice de confiance des consommateurs qui a fortement progressé aux Etats-Unis s’est, au contraire, replié en Europe, tombant à 47,5, soit à un niveau bien inférieur à celui enregistré outre-Atlantique.

La relance européenne n’est pas massive
et la vaccination progresse très lentement.

A court terme, cette situation ne devrait guère évoluer: la relance européenne n’est pas massive et la vaccination progresse très lentement. A la fin de la semaine dernière, l’Allemagne avait immunisé moins de 2% de sa population, l’Italie un peu plus et la France, nettement moins. A titre de comparaison, ce taux est de 6% aux Etats-Unis. Il est donc trois fois supérieur et rien ne laisse penser que l’écart entre les deux régions soit appelé à se réduire. Il y a néanmoins de bonnes nouvelles en Europe: le nombre de nouveaux cas de contamination est en recul, tout comme celui des admissions à l’hôpital. La crainte est cependant que la variante britannique prolifère et déclenche une nouvelle vague. 

Le Royaume-Uni modifie sa stratégie

Outre-Manche, le succès de la campagne de vaccination est remarquable, même en comparaison des Etats-Unis. Cependant, le pays a beaucoup souffert de la nouvelle variante du coronavirus, si bien que, rapporté au nombre d’habitants, celui des cas de contamination est beaucoup plus élevé qu’en Europe continentale et la pression sur les capacités hospitalières est nettement plus marquée. 

Bien que les vaccins disponibles paraissent tout aussi efficaces contre la variante britannique, les variantes sud-africaine et brésilienne suscitent de réelles inquiétudes, ce qui a amené le gouvernement britannique à modifier sa stratégie. Même si les mesures de confinement sont assouplies, le risque que les entrées/sorties des étrangers au Royaume-Uni soient fortement limitées est bien réel. 

Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson et AstraZeneca s’efforcent de modifier leurs vaccins de manière à accroître leur efficacité contre les nouvelles variantes du coronavirus, un travail qui prendra entre trois et cinq mois pour les deux premiers, et cinq à sept mois pour les deux autres. Il ne reste plus à espérer qu’ils puissent travailler en parallèle: l'efficacité des vaccins existants contre les nouvelles variantes du virus pourrait être diminuée, mais il est pratiquement certain qu’elle ne sera pas supprimée.

Quid des marchés?

En dépit de tous les discours concernant l’existence de bulles spéculatives et les risques dont les nouvelles variantes du virus sont porteuses, les nouvelles positives dominent et sont favorables aux actifs risqués. Cette situation restera inchangée, du moins jusqu’à ce que l’envolée prochaine des dépenses aux Etats-Unis ravive les craintes inflationnistes. L’heure est donc à l’optimisme, même s’il est aujourd’hui plus tempéré qu’il y a quelques semaines: bon nombre d’annonces positives sont déjà dans les prix et les marchés ont progressé, atteignant un niveau record aux Etats-Unis.

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