Les petites capitalisations sont très sensibles au cycle économique et elles ont tendance à réagir très fortement, dans un sens ou dans l’autre. Lorsque la pandémie a frappé en 2020, les petites capitalisations américaines ont sous-performé par rapport aux grandes capitalisations du fait du ralentissement de l’activité économique. Elles sont néanmoins parvenues à combler leur écart par rapport au S&P 500 en 2021, la découverte de vaccins contre le coronavirus laissant espérer une normalisation de la conjoncture économique.
Lorsque la Fed a durci sa politique monétaire pour lutter contre l’inflation, les petites capitalisations ont à nouveau été devancées par les grandes capitalisations sur le plan de la performance. Les vents leur étaient défavorables: resserrement des conditions d’emprunt, moindre disponibilité des crédits et hausse des coûts de la main-d’œuvre. Puis l’année passée, les petites capitalisations ont encore sous-performé, la crise des banques régionales et les difficultés liées au plafonnement de la dette publique américaine ayant pesé sur les perspectives de croissance.
Chaud devant?
Quel que soit le scénario d’atterrissage de l’économie, qu’il s’avère brutal ou en douceur, les petites capitalisations vont être confrontées à une période plus exigeante. Elles pâtiront de la faiblesse relative de leurs bilans et de la volatilité élevée de leurs bénéfices qui les rendent plus vulnérables aux phases de ralentissement cyclique.
Vues sous l’angle de leur évolution historique, les valorisations relatives des petites capitalisations semblent attrayantes et leurs valorisations absolues se rapprochent de celles observées lors des récessions précédentes.
Durant ces périodes, nous privilégions habituellement la qualité. Mais selon une étude réalisée par State Street, le meilleur moment pour investir dans les petites capitalisations se situe en général à trois ou quatre mois après le début du ralentissement économique et la durée de détention de ces titres est de l’ordre d’un à trois ans. Les petites capitalisations affichent généralement de belles performances lorsque l’inflation ralentit et que les indicateurs avancés atteignent leur plus bas, lequel marque le commencement d’un nouveau cycle.
Des valorisations attrayantes
Les valorisations paraissent également plaider en faveur d’un investissement dans les petites capitalisations. En règle générale, bon nombre d’entre elles doivent encore prouver leur capacité à dégager des bénéfices. Outre le suivi des ratios tels que le cours/bénéfices ou le cours/valeur comptable, il est donc essentiel de s'intéresser à tout l’historique de l’entreprise.
Même si les grandes capitalisations américaines ne peuvent être considérées comme bon marché aujourd'hui, la sous-performance relative des petites capitalisations qui ont perdu 20 % depuis leur plus haut, tient déjà compte du niveau très bas des entrées de commandes dans l'indice PMI. Vues sous l’angle de leur évolution historique, les valorisations relatives des petites capitalisations semblent attrayantes et leurs valorisations absolues se rapprochent de celles observées lors des récessions précédentes. Depuis juin 2022, l’indice Russell 2000 a évolué dans une fourchette étroite de 1600 à 2000. A l’heure actuelle, aidé par la récente baisse des taux d’intérêt à long terme, il oscille aux alentours de la limite supérieure de cette fourchette. Cependant, aucun catalyseur ne paraît suffisamment convaincant pour lui permettre d’en sortir.
Horizon long terme
Même en partant d’un scénario central qui postule l’atterrissage en douceur de l’économie américaine, les petites capitalisations sont à risque si les taux d’intérêt restent élevés. Comme le font remarquer les analystes de Goldman Sachs, près du tiers de la dette de ces entreprises étant à taux variable, des taux d’intérêt plus élevés pourraient peser sur leurs marges qui sont déjà peu élevées ainsi que sur leur performance globale.
Par ailleurs, les petites capitalisations américaines sont surreprésentées dans les secteurs cycliques et en particulier dans le secteur financier où les banques régionales sont largement présentes. La pondération sectorielle la plus importante pour l’ensemble des petites capitalisations américaines va au secteur défensif de la santé qui comporte toutefois un segment à risque, celui de la biotechnologie. En outre, il existe de belles occasions sur le plan des valorisations dans les secteurs de l’industrie et des technologies de l’information.
En dépit des nombreux défis qu’elles auront à affronter à court terme, les petites capitalisations américaines sont une classe d'actifs attrayante sur le long terme. En effet, leur croissance du bénéfice par action supérieure à celle des grandes capitalisations a été à l’origine de leur surperformance historique. Cependant, il reste indispensable de bien comprendre dans quelle phase du cycle économique nous nous situons actuellement.