S’ils étaient un pays, les océans seraient la 7e nation mondiale, estime l’OCDE. Leur protection est un enjeu urgent.
La Méditerranée est en surchauffe, l'océan Atlantique Nord a connu une vague de chaleur marine extrême ces derniers mois, avec dans certaines zones, des températures cinq degrés plus élevées que la moyenne . Les records de température en surface sont supérieurs de 0,7 degré aux précédents. Si cette différence peut sembler insignifiante, la hausse de la température engendre une diminution conséquente de l’oxygène. D'ici 2080, ce sont près de 70% des océans qui pourraient manquer d'oxygène, selon un groupe de chercheurs de l’Université de Shanghai . Cette conséquence du changement climatique provoquera des perturbations environnementales majeures, un quart des émissions de CO2 étant absorbées par les planctons ; la disparition d’espèces aquatiques ainsi que des difficultés économiques pour les populations qui en vivent. Toute la biodiversité marine en sera impactée. Partout sur Terre, le constat est le même. Crise climatique et érosion de la biodiversité s’entremêlent, s’emballent et s’intensifient.
Ces grands enjeux de notre siècle changent également les équations des entreprises et des marchés financiers. L’investissement à impact coté s’en est saisi et nous sommes convaincus que son rôle est décisif pour drainer les capitaux vers les entreprises engagées en faveur du climat et de la biodiversité. Avec seulement 3% des actifs sous gestion de l’investissement à impact par an orientés vers la biodiversité , les besoins nécessaires à sa sauvegarde seraient couverts.
Face à la convergence des défis, tous les secteurs de l’économie doivent selon nous être embarqués. Accompagner les entreprises, quelque soit leur secteur d’activité, à engager ou accélérer leur transition climatique et environnementale est capital pour les fonds d’investissement à impact, et d’autant plus important que plus de 50% du PIB mondial dépendent de la biodiversité selon le Forum Economique Mondial.
Parmi les urgences, la préservation des océans, clés de voute du système climatique et sources de 50% de la production d’oxygène de la planète. Impactés de front par le réchauffement climatique, ils reçoivent également 100% des pollutions chimiques terrestres ainsi que des déchets chimiques, mercure ou plastique, dont 8 millions de tonnes sont déversées chaque année dans les océans. L’enjeu est donc vital, colossal et stratégique. Si le défi est ambitieux, la gestion d’actifs s’y engage en soutenant et en accompagnant des entreprises qui proposent déjà des solutions innovantes afin de protéger nos écosystèmes marins.
C’est le cas par exemple de VOW, leader norvégien des solutions de traitement de l’eau et des déchets à bord des navires. L’entreprise a développé une technologie qui permet de traiter les déchets et de purifier l’eau provenant des navires de croisière, de l’aquaculture et des industries terrestres. Autre acteur majeur engagé en faveur de la biodiversité marine, le suédois Alfa Laval propose des solutions technologiques uniques de traitement des eaux de ballast, ces eaux que les grands navires utilisent pour équilibrer leur poids et rester stables lors de leurs voyages. Une fois rejetées, celles-ci peuvent libérer des espèces invasives, responsables du déclin de la biodiversité marine. Cette menace écologique est un fléau mondial: près de 10 milliards de tonnes de ces eaux sont transportées chaque année dans le monde, et 7000 espèces aquatiques sont ainsi transférées chaque heure . Les solutions de Corbion, acteur majeur du secteur agro-alimentaire, contribuent quant à elles à enrayer la surpêche. Ce spécialiste néerlandais développe une huile à base d’algues qui réduit la pression sur la biodiversité marine en se substituant à l’huile de poissons issue de la pêche. Cette solution innovante contribue à la préservation de la biodiversité marine, la majorité des poissons d’élevage étant nourrie avec des poissons pêchés en mer.
Selon l’OCDE, si les océans étaient un pays, ils seraient la 7e économie mondiale, avec une production annuelle de biens et de services de la Blue Economy qui représente ainsi un PIB annuel de 2500 milliards de dollars. Les leviers d’actions existent face à cet enjeu systémique et stratégique pour l’économie mondiale. Le marché de l’investissement à impact est quant à lui estimé à plus d’un milliard de dollars d’encours sous gestion , un chiffre symbolique qui met en lumière le rôle déterminant de la finance à impact face à ce défi. Il est encore temps d’agir en dirigeant intentionnellement ces capitaux vers des initiatives innovantes.