Les actions restent favorites pour 2021

Yves Hulmann

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Selon Christoph Schenk, directeur des investissements à la ZKB, les actions ont encore un potentiel de hausse. Les obligations sont à éviter.

Dans ses prévisions pour 2021, la Banque Cantonale de Zurich (ZKB) se montre prudente concernant les anticipations de croissance économique mais reste optimiste au sujet des actions. Si les économistes de la ZKB sont un peu optimistes que ce printemps au sujet de la contraction attendue du produit intérieur brut (PIB) en Suisse qui se limitera à -3,5% pour 2020, comparé à une chute de 5% encore escomptée en mai -, ils n’anticipent en revanche qu’une reprise modérée de la croissance économique de 3%, aussi bien pour l’an prochain qu’en 2022. En revanche, la ZKB anticipe une nette remontée du taux de chômage à 4% en 2021, comparé à une moyenne de 3,3% pour l’année qui s’achève.

En ligne avec les prévisions du Seco et du KOF

Les anticipations de croissance de la banque cantonale sont ainsi pour l’essentiel avec les dernières prévisions du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) qui ont été publiées au début de cette semaine. Pour 2021, le Seco n’anticipe plus qu’une croissance du PIB de 3%, comparé à 3,8% lors de ses dernières prévisions d’octobre dernier. S’agissant taux de chômage, il devrait atteindre une moyenne annuelle de 3,3% l’an prochain, selon le Seco. De leur côté, les économistes du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich anticipent un rebond du PIB helvétique de 3,2% l'an prochain, puis de 2,6% en 2022. 

Les taux d’intérêt à long terme remonteront
graduellement en Suisse comme à l’étranger l’an prochain.

A l’international, la ZKB anticipe pour 2021 un net rebond de la croissance du PIB dans la zone euro à 5% (après une contraction de -7,5% attendue pour cette année), tout comme au Royaume-Uni à 5,1% (après -11,6% en 2020) et aux Etats-Unis avec 4,8% (après -3,7% en 2020). La Chine sera la championne de la croissance l’an prochain avec une hausse du PIB attendue à 9,2%, succédant à une faible progression de 1,8% estimée pour cette année.

Les taux d’intérêt à long terme remonteront aussi graduellement en Suisse comme à l’étranger, bien qu’à partir de niveaux différents. Les taux des emprunts de la Confédération à dix ans passeront d’environ -0,5% début décembre à 0% d’ici à fin 2021, anticipe la ZKB. Dans la zone euro, les taux à dix ans passeront d’un niveau légèrement négatif début décembre (-0,23%) à un niveau positif (0,2% d’ici fin 2021). Aux Etats-Unis, le rebond sera plus marqué avec des taux des emprunts d’Etat à dix ans qui remonteront à 1,5% d’ici à fin 2021, contre moins de 0,9% actuellement, cela sur fond de hausse modérée de l’inflation qui devrait passer de 1,2% en 2020 à 1,9% en 2021.

«TINA» reste valable en 2021

Que signifie cet environnement économique en termes de placement ? Pour Christoph Schenk, le directeur des investissements à la ZKB, qui s’exprimait début décembre lors d’une visio-conférence consacrée aux perspectives pour l’an prochain, il y a de bonnes chances pour que 2021 soit, dans l’ensemble, à nouveau une année favorable pour les actions. En termes d’allocations d’actifs, seules les actions se voient attribuer une note positive simple, tandis que les obligations disposent d’une note négative simple. 

D’un point de vue régional, la ZKB mise avant tout
sur l’Europe et les marchés émergents.

«Les obligations ne seront pas l’endroit où il faudra être investi», souligne Christoph Schenk. Pour le directeur des investissements, l’affirmation selon laquelle «il n’y a pas d’alternative aux actions» («There is no alternative», ou TINA en anglais) souvent entendue ces dernières années restera valable aussi en 2021. Il estime qu’une appréciation des cours de l’ordre de 8 à 10% pour les marchés globaux est possible l’an prochain. Une prévision qui ne s’applique toutefois pas aux actions suisses de l’indice SMI qui, en raison de leur caractère défensif, ne devraient progresser que de la moitié de la hausse attendue pour les actions globales. D’un point de vue régional, la ZKB mise avant tout sur l’Europe et les marchés émergents.

Les obligations, la classe d’actifs la plus chère du moment

La remontée attendue des taux d’intérêt pour les échéances à long terme ne risque-t-elle pas, à terme, de réduire l’attrait des actions? Pour Manuel Ferreira, Head Investment Strategy à la ZKB, l’impact d’une hausse des taux d’intérêt dépend avant tout du rythme à laquelle celle-ci survient. «Tant que cette augmentation survient de manière graduelle, celle-ci peut très bien être digérée par les marchés», estime-t-il. En outre, même si les rendements des emprunts aux Etats-Unis remontent à 1,5%, comme l’attend la ZKB d’ici à fin 2021, un tel niveau ne suffit pas encore pour concurrencer l’attrait des actions. Aux yeux de Christoph Schenk, la hausse graduelle des taux d’intérêt attendue au cours de l’an prochain est une raison de plus pour éviter les obligations qui constituent, selon lui, «la classe d’actifs absolument la plus chère» du moment.

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