Le S&P 500 semble se diriger vers les 5’000 points

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Récemment, l’indice élargi a atteint son 50e sommet historique en 2021, soit plus que lors de chacune des trois dernières années complètes.

En franchissant pour la première fois le seuil des 4’500 points, l’indice a porté sa progression en 2021 à plus de 20%. Cette succession frappante de nombres ronds peut sembler étonnante compte tenu des données économiques mitigées publiées ces dernières semaines aux Etats-Unis. Notamment les chiffres médiocres des ventes au détail en juillet et l’évolution déconcertante de la pandémie du COVID-19. 

A l’échelle mondiale, le nombre de cas a augmenté pour la neuvième semaine d’affilée, selon l’Université Johns-Hopkins. Le nombre quotidien de décès aux Etats- Unis est repassé au-dessus du seuil du millier pour la première fois depuis mars.

Néanmoins, plusieurs facteurs laissent penser que les actions ont encore une marge de progression. La Recherche d’UBS table désormais sur un S&P 500 à 5’000 points d’ici la fin de l’année prochaine. Explications.

Le rebond du S&P 500 est entretenu par une solide croissance des bénéfices.

L’indice devrait poursuivre sur sa lancée, d’autant que les résultats des entreprises qui le composent se sont avérés nettement meilleurs que prévu pour le cinquième trimestre consécutif. Les entreprises du S&P 500 ont quasiment toutes publié leurs résultats du deuxième trimestre. Plus de 85% d’entre elles ont annoncé des chiffres d’affaires et des bénéfices supérieurs aux estimations. 

Dans leur ensemble, les bénéfices des entreprises sont en hausse de près de 90% en glissement annuel. C’est nettement plus que l’estimation initiale de 80% de la Recherche d’UBS et que le taux de croissance généralement observé à la sortie d’une récession. En fait, les bénéfices sont désormais supérieurs de près de 30% à leur niveau d’avant la pandémie, ce qui explique la remarquable performance des actions. 

La croissance des bénéfices restera forte

Les chiffres d’affaires devraient être soutenus par la bonne tenue des dépenses des ménages et des entreprises. Les finances des ménages sont au plus haut depuis des décennies grâce à l’épargne considérable qu’ils ont accumulée depuis un an. De plus, les versements d’intérêts représentent environ 8% du revenu disponible, contre 10% avant la pandémie. 

De leur côté, les entreprises peinent à répondre à la demande, ce qui laisse entrevoir de nombreux projets d’investissement et une reconstitution des stocks. Autant d’éléments qui sont de bon augure pour la croissance économique. 

Les marges devraient bien résister car l’amorce de rattrapage de l’offre permettra de satisfaire la demande.

Enfin, la marge bénéficiaire des entreprises du S&P 500 a flirté avec les 14% au second trimestre, au plus haut depuis plusieurs décennies, malgré la hausse des coûts des biens de production enregistrée par un bon nombre d’entre elles. Les marges devraient bien résister car l’amorce de rattrapage de l’offre permettra de satisfaire la demande.

Une politique monétaire qui reste porteuse

Les principaux responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont réaffirmé lors du symposium de Jackson Hole que la politique monétaire resterait porteuse, y compris lorsque les achats d’obligations seront réduits graduellement. 

Dans son discours, le président de la Fed, Jerome Powell, a continué de préparer les esprits au retrait graduel des mesures d’assouplissement quantitatif. Mais il a aussi indiqué que le relèvement des taux directeurs n’est pas pour demain. «Le calendrier et le rythme de la réduction à venir des achats d’actifs n’auront pas pour but de transmettre un signal direct concernant le moment du relèvement des taux d’intérêt, pour lequel nous avons défini un critère différent et nettement plus rigoureux», a-t-il déclaré. 

L’approche graduelle de la Fed conforte dans l’idée que les responsables politiques chercheront à éviter la réédition du «taper tantrum» de 2013. A l’époque, l’évocation inattendue d’un resserrement monétaire avait engendré une forte hausse des rendements obligataires et une correction des actions. 

Au contraire, il y a dix jours, le S&P 500 a clôturé en hausse de 0,9%, tandis que le rendement des bons du Trésor américain à dix ans est tombé à 1,33% et que le dollar s’est déprécié. Le scénario de référence de la Recherche d’UBS envisage une réduction des achats d’actifs de la Fed, qui s’élèvent actuellement à 120 milliards de dollars par mois, de l’ordre de 15 milliards de dollars chaque mois à compter de décembre.

La poursuite de la normalisation de l’activité économique

Il y a dix jours, le gouvernement chinois a fait état de l’absence de nouveaux cas de COVID-19 d’origine locale sur le territoire national, une première depuis le mois de juillet. De plus, les autorités ont rouvert le terminal Meishan du troisième plus grand port de conteneurs au monde, qui était fermé depuis deux semaines. 

Ces évolutions confortent dans l’idée que les récents revers essuyés par la Chine sur le front sanitaire seront surmontés sans perturber outre mesure les chaînes d’approvisionnement internationales et sans occasionner un regain d’inflation à travers le monde. A l’échelle mondiale, le rythme des vaccinations s’est récemment accéléré à environ 38 millions d’injections par jour. Il reste inférieur au pic de 43 millions de doses administrées quotidiennement observé en juin mais supérieur aux 20 millions enregistrés en mai, relève Our World in Data. 

De nouvelles études ont montré que la vaccination entraîne une déconnexion entre les infections, les hospitalisations et les décès. Les pays qui avaient une longueur d’avance dans la vague du variant delta (Pays-Bas, Portugal et Espagne) sont en train d’enrayer la hausse.

Se positionner pour la relance

Par conséquent, des risques subsistent certes et les investisseurs doivent veiller à ce que leur portefeuille reflète cette réalité. Toutefois, le contexte demeure favorable aux actions et il est conseillé aux investisseurs de se positionner dans l’optique du déconfinement et de la reprise. Les objectifs de cours de la Recherche d’UBS pour le S&P 500 sont dès lors de 4’800 points en juin 2022 et de 5’000 points à la fin 2022. 

Les investisseurs ont tout intérêt à se positionner sur les titres susceptibles de profiter d’une forte croissance économique. D’un point de vue sectoriel, il est recommandé de privilégier les valeurs de la finance qui devraient être soutenues par la hausse des rendements des bons du Trésor américain à dix ans. 

Les valeurs de l’énergie qui devraient surfer sur la poursuite de la hausse des cours du pétrole au second semestre sont également à prendre en considération. Par ailleurs, la Recherche d’UBS apprécie les valeurs japonaises car leur chiffre d’affaires est très sensible à la reprise mondiale. 

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