Les fondamentaux solides résisteraient à l’incertitude du COVID-19

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Au lieu d’un atterrissage brutal, l’inflation va probablement reculer progressivement en 2022 et la croissance rester vigoureuse.

Ces derniers temps, Richard Branson et Jeff Bezos n’ont pas été les seuls à s’envoler en fusée. Les mesures de relance massives et la réouverture de l’économie ont permis à la croissance du PIB réel américain d’atteindre 12% (en rythme annuel) au deuxième trimestre. Avec une inflation d’environ 4,5%, cela signifie un taux nominal «stratosphérique» de 17%. 

Dans la zone euro, la croissance réelle (en rythme annuel) a été de 13,2%, avec une inflation d’environ 2% sur les trois derniers mois. Les données suggèrent que les taux de croissance resteront «en orbite» quelques mois encore.

Mais il faudra également s’attendre à un débat houleux sur la manière de gérer la croissance et le retour sur terre de l’inflation. Beaucoup s’inquiètent des risques de stagflation. Cependant, ces craintes semblent exagérées. En effet, ni le COVID-19, ni d’éventuelles erreurs des banques centrales, et encore moins une possible retombée de la consommation, ne devraient mettre un frein brusque à la croissance. Tour d’horizon.

Pas de durcissement prématuré de la Fed

En juillet, le compte-rendu de la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) a inquiété les marchés. En effet, il suggérait que les dirigeants n’excluent pas de réduire les achats d’obligations avant la fin de l’année, plutôt qu’en janvier comme on le pensait probable. 

Or beaucoup de choses se sont passées dans les semaines qui ont suivi la réunion des 27 et 28 juillet. Depuis, la moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas aux Etats-Unis a plus que doublé. Le président de la Fed, Jerome Powell, a souligné que la pandémie était toujours très présente et qu’elle continuait de jeter une ombre sur l’économie. 

Une croissance de 45% des bénéfices du S&P 500 en 2021 est prévisible.

Du côté des prix, les dernières données indiquent que les principaux moteurs de l’inflation, notamment les véhicules d’occasion et les billets d’avion, ont commencé à se normaliser en juillet.

La reprise aura bien lieu malgré le variant delta

La propagation continue du variant delta a entraîné de nouvelles restrictions dans plusieurs pays. A l’échelle mondiale, le nombre de cas a augmenté pendant neuf semaines d’affilée, selon l’Université Johns Hopkins. 

Cela pourrait retarder la reprise, mais ne la fera pas dérailler. Car on décèle également des signaux prometteurs avec les campagnes de vaccination dans le monde qui s’accélèrent de nouveau. Le rythme des vaccinations aux Etats-Unis est à son plus haut depuis fin mai, porté par plusieurs Etats du sud, qui sont confrontés aux plus fortes résurgences du virus. 

Depuis mai, l’accélération en Asie a été encore plus marquée, avec une multiplication par treize au Japon des doses administrées quotidiennement, par 22 en Malaisie et par 24 aux Philippines. Parallèlement, les pays d’Asie qui progressent dans la vaccination ont commencé à assouplir les restrictions, notamment la Malaisie, où plus de 57% de la population a reçu au moins une dose. 

La Chine est un cas à part. Malgré un taux de vaccination de 60%, elle continue de limiter les voyages intérieurs, de fermer les sites touristiques et de bloquer partiellement le troisième port le plus utilisé au monde, Ningbo-Zhoushan. Cependant, cette tolérance zéro face aux infections devrait faire en sorte que les restrictions soient de courte durée et qu’elles ne perturbent pas durablement l’offre (ce qui doperait l’inflation dans le monde).

Les fondamentaux conjoncturels et les bénéfices devraient rester solides.

Récemment, les données des deux plus grandes économies mondiales ont déçu. Aux Etats-Unis, la baisse de 1,1% des ventes au détail en juin suggère que l’impact des subventions aux ménages s’estompe. En Chine, la production industrielle et les ventes au détail ont été plus faibles que prévu. 

Mais, alors que le deuxième trimestre pourrait marquer le pic de la croissance, les fondamentaux, soit l’évolution du PIB et les bénéfices des entreprises, restent solides. L’épargne accumulée pendant la pandémie, ainsi que l’augmentation des revenus des ménages à mesure que le marché du travail se redresse et que la pandémie recule, devraient soutenir la consommation. 

Concernant les bénéfices, 90% des entreprises du S&P 500 ont dépassé les prévisions de bénéfices au deuxième trimestre, de près de 20% en moyenne. En Chine, les décideurs politiques ont réagi malgré le refroidissement de l’économie. Après la baisse généralisée de 50 points de base du ratio de réserves obligatoires le mois dernier, la Recherche d’UBS anticipe un nouvel assouplissement ciblé et une accélération des émissions obligataires des collectivités locales.

Le probable recul de l’inflation

Aussi, au lieu d’un atterrissage brutal, l’inflation va probablement reculer progressivement en 2022 et la croissance rester vigoureuse. Dans ce contexte, une croissance de 45% des bénéfices du S&P 500 en 2021 est prévisible et les pronostics du consensus pour 2022 devraient être revus à la hausse de près de 10%. Si cette évolution se confirme, le S&P 500 devrait franchir la barre des 5’000 d’ici fin 2022. 

La Recherche d’UBS maintient un positionnement pro-risque et une allocation d’actions qui devrait profiter d’une forte croissance économique. Ses préférences vont au Japon, aux titres financiers et au secteur énergétique. 

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