Le retour en grâce des hedge funds

Cédric Dingens, NS Partners

2 minutes de lecture

Les hedge funds permettent d’investir sur les marchés avec pertinence et un contrôle du risque efficace.

 

Le retour confirmé de l’alpha

L’an passé, les hedge funds ont connu une très bonne année en termes de performance. Ainsi, un portefeuille de hedge funds bien construit et diversifié en termes de stratégies a affiché en 2024 une performance entre +13% et +19% en USD, selon son profil de risque. Si nous regardons un peu plus en détail, la performance moyenne des fonds sélectionnés dans les 3 grandes stratégies est de +18% pour les gérants equity long/short, de +16% pour les fonds global macro et de +13% pour les fonds «relative value». Si nous nous cantonnons à la stratégie equity long/short et que nous prenons comme référence l’indice MSCI World, on peut voir que ce type de gérants a été en mesure de capturer presque l’intégralité de la hausse des marchés avec une exposition nette moyenne de l’ordre de +60%. De façon encore plus remarquable et même si ces chiffres peuvent varier significativement d’un gérant à l’autre, les secteurs dans lesquels ils ont été le plus actifs sont en premier lieu les sociétés industrielles (long le secteur aérospatial et short celui de l’automobile), ensuite les financières (principalement long les banques et assurances) et enfin les valeurs technologiques (avec les thématiques liées à l’IA), ce qui montre la qualité de la performance générée.

Un environnement de marché favorable

En réalité, même si les marchés ont été porteurs ces dernières années et ont ainsi facilité la vie de nombreux investisseurs – à l’exception notable de 2022 – la performance ajustée au risque des hedge funds n’a rien à envier à celle des marchés actions ou du portefeuille diversifié modèle 60/40. Cela s’explique par différents facteurs:

  • Tout d’abord, la normalisation du niveau des taux d’intérêt change la donne. Le coût du capital permet en effet d’assainir les bases du financement des entreprises et de revenir aux fondamentaux. Les sociétés les plus performantes sont enfin récompensées par rapport aux modèles d’affaires qui ont pu subsister grâce à l’argent gratuit. Les gérants equity et credit long/short trouvent donc un terrain d’expression plus favorable. De plus, les ventes à découvert sont désormais rémunérées de façon conséquente, comme dans les années 90 et 2000. Cet effet profite également aux gérants global macro qui investissent principalement sur les marchés des futures et ont beaucoup de cash dans leurs portefeuilles.
  • Le second élément marquant est le retour de la volatilité dans toutes les classes d’actifs, symbolisé d’un point de vue politique par l’élection de Trump. Il est nécessaire de regarder au-delà des principaux indices actions pour se rendre compte que les opportunités de trading au niveau des courbes de taux, du marché des devises ou des matières premières se sont multipliées au cours des derniers trimestres. En effet, le marché peut sur-réagir ou sous-réagir à des annonces, ce qui crée des inefficiences et des points d’entrée et de sortie plus nombreux pour les traders.

Le retour de la gestion du risque

La nomination au poste de secrétaire du Trésor des États-Unis de Scott Bessent, un gérant de hedge fund qui a fait en partie ses gammes en partie chez George Soros, est un signe clair. La vague de déréglementation voulue par l’administration Trump et suivie probablement dans d’autres pays ne peut pas être négative pour les hedge funds. Paradoxalement, cette période génère peut-être plus d’incertitudes, notamment si nous considérons le niveau d’endettement des Etats, la valorisation de certains segments du marché ou l’impact géopolitique des taxes douanières américaines. A cet égard, il convient de rappeler que le succès des «bons» hedge funds est basé sur l’alignement d’intérêt et sur une bonne gestion du risque. Ceci ne peut se juger de façon définitive qu’après un certain temps, mais devrait permettre aux investisseurs avisés de dormir sur leurs deux oreilles.

A lire aussi...