Des signes de nervosité
Durant la première semaine d’août, les marchés financiers ont connu un épisode de volatilité inédit, rappelant à tout un chacun que la sérénité n’était plus forcément de mise chez les investisseurs. Lors de cet épisode, l’indice VIX qui mesure la volatilité, et donc la nervosité des acteurs sur l’indice S&P 500, a atteint un niveau supérieur à 65, ce qui correspond tout simplement au 3ème pic le plus important de son histoire. Pour mémoire, avant cela, les deux pics les plus sévères ont été la faillite de Lehman Brothers en 2008 et la matérialisation de l’ampleur de la pandémie du COVID en 2020. Vous conviendrez volontiers avec moi que ce début août n’avait rien de commun avec ces deux moments historiques. Alors que s’est-il passé?
Une certaine complaisance sur les marchés
Comme tout phénomène d’une amplitude exceptionnelle, il n’y a jamais qu’un seul facteur qui l’explique. La première phase de la crise correspond à l’annonce de chiffres de l’emploi américain moins bons que prévus. Les craintes d’un scénario de ralentissement marqué de la croissance américaine se sont réveillées d’un seul coup. En conséquence, les marchés actions ont réagi négativement et le VIX s’est élevé, sans que cela n’ait jusque-là rien de vraiment dramatique. Cependant, au même moment, la banque centrale japonaise a annoncé un relèvement de ses taux directeurs de 15bps, soit 5bps de plus que ce que le marché attendait. La conjonction presque simultanée des deux nouvelles a eu comme un effet ciseau, avec le dénouement express de nombreuses positions de «carry trade» JPY/USD. En effet, il est apparu que de nombreux spéculateurs empruntaient en JPY à des taux proches de 0% pour investir dans des actifs en USD, sachant que les taux américains «sans risque» à court terme dépassent 5%. Cela rappelle fâcheusement la mode des années 2000 des emprunts hypothécaires en CHF pour investir dans des biens immobiliers en EUR, avec l’issue que nous connaissons.
Cette fin d’été semble être un moment propice pour se poser la question de quel type de risque nous souhaitons avoir dans les portefeuilles et privilégier une approche diversifiée en termes d’allocation d’actifs.
L’effet boule de neige
C’est dans ces moments que bien connaître la structure du marché peut s’avérer essentiel. De nombreux acteurs, notamment les banques d’investissement mais également des fonds, «shortent» à nouveau la volatilité. Suite à l’envolée du VIX, ils ont dû réagir rapidement pour couvrir leurs positions et rebalancer leurs «books». Et cela simultanément, car ils étaient tous dans la même direction, dans un contexte de liquidité réduite pour un début du mois d’août. Vous connaissez la suite de l’histoire: le VIX atteint ces niveaux particulièrement élevés. Heureusement pour ces traders, les marchés ont repris leurs esprits et les choses se sont normalisées assez rapidement pour ne pas déclencher de catastrophes a priori. A ce jour, les positions sur le «carry trade» JPY/USD ont été, en grande partie, débouclées.
Quelles leçons en tirer?
Cet épisode met en lumière la manière dont les évènements peuvent s’enchainer lors de certaines configurations de marché. Des facteurs techniques peuvent prendre le pas sur les fondamentaux et c’est pourquoi une bonne gestion du risque est plus que jamais indispensable lorsqu’il s’agit d’investir. Une autre conséquence que nous pouvons en tirer est que le marché semble plus «fragile» qu’au début de l’année. Il est clair que les banques centrales ne vont pas hésiter à baisser les taux pour contrer un ralentissement économique plus marqué, en espérant toutefois que le niveau d’inflation soit à un niveau acceptable, mais la profondeur du marché s’est réduite. Oui, NVIDIA peut continuer sa folle ascension en essayant de satisfaire les CAPEX gigantesques déployées par les géants de la Tech US, mais la probabilité de déception du marché existe. Oui, l’Inde voit sa croissance prometteuse se confirmer, mais il est aussi raisonnable de penser que la valorisation des small/mid-caps indiennes est devenue excessive. Oui, les risques géopolitiques peuvent baisser en intensité dans un avenir proche mais rien n’est malheureusement moins sûr et la prime de risque qui leur est associée ne me semble pas particulièrement élevée.
En résumé, cette fin d’été semble être un moment propice pour se poser la question de quel type de risque nous souhaitons avoir dans les portefeuilles et privilégier une approche diversifiée en termes d’allocation d’actifs.