Le rêve américain: une réalité

Ben James, Baillie Gifford

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Terre d’inventions et de chefs d’entreprise visionnaires, les Etats-Unis sont plus que jamais un vivier d’entreprises de croissance prometteuses, qu’elles soient cotées ou privées.

Au cœur du rêve américain se trouve l’idée que n’importe quel individu peut démarrer une entreprise et changer le monde grâce à de l’ingéniosité, du travail acharné et du financement. L’histoire du premier vol habité motorisé en est une parfaite illustration.

Le 7 octobre 1903, un aéronef décollait d’une péniche naviguant sur le Potomac au sud de Washington DC.  Cet effort historique avait été financé à hauteur de l’équivalent de 1,7 million de dollars d’aujourd’hui par le département américain de la défense, après des tests concluants sur des prototypes plus petits. Le nouvel aéronef s’est immédiatement échoué dans le fleuve. Une nouvelle tentative, réalisée quelques semaines plus tard par son inventeur, un physicien de renom, connaitra le même sort.

Il faudra attendre Orville et Wilbur Wright, deux vendeurs de bicyclettes, pour que l’échec se transforme en réussite. Le 17 décembre 1903, les frères Wright font décoller leur «Wright Flyer» et il parvient à rester en l’air pendant 59 secondes. Cette aventure leur a coûté l’équivalent de 35'000 dollars actuels, soit environ 50 fois moins que la somme dépensée par le gouvernement américain pour le projet concurrent!

La société des frères Wright continue de vivre aujourd'hui au sein du fabricant de composants aéronautiques Curtiss-Wright.

Les frères Wright appartiennent à une longue liste de pionniers américains curieux et ambitieux, capables de créer d’immenses richesses. Ce n’est donc pas un hasard si, fin 2023, 62 des 100 plus grosses capitalisations boursières mondiales sont situées aux Etats-Unis. 

Les États-Unis restent le meilleur endroit pour trouver et investir dans des entreprises de croissance exceptionnelles, publiques et privées.

La poursuite du rêve américain a construit les Etats-Unis et aujourd’hui, les opportunités continuent de foisonner dans de nombreux secteurs.

Le pays possède les meilleurs instituts de recherche universitaire au monde et il dispose d’un important vivier de talents, renforcé par l’immigration. Son réseau de capital-risque est vaste et bien ancré. Et non content d’apporter des capitaux, il stimule la croissance des jeunes pousses en leur fournissant des conseils techniques et de gestion d’entreprise. La propriété intellectuelle bénéficie d’une bonne protection et l’environnement est favorable aux entreprises.  Enfin, la culture américaine mêlant optimisme, ambition et volonté d'accepter l'échec, est sans égale.

Des dirigeants hors pair

Les frères Wright ont réussi là où d’autres avaient échoué grâce à leur capacité à innover, leur savoir-faire et leur détermination. Il est donc important de s’efforcer d’identifier les créateurs d’entreprises ou les dirigeants qui possèdent la bonne combinaison de qualités qui leur permettra de mener à bien leurs projets sur le long terme. 

D’ailleurs, la filiation entre les premiers «rêveurs» américains et ceux qui changent le monde aujourd’hui, est directe. Elle va par exemple:

  • des frères Wright à Keller Rinaudo Cliffton, directeur général et cofondateur de Zipline, dont les drones autonomes livrent toutes sortes de marchandises, des fournitures médicales aux courses en supermarchés.
  • de Leroy Grumman, fondateur de l’entreprise du même nom, qui a fabriqué les modules lunaires pour les missions Apollo, à Elon Musk de SpaceX, l'entreprise chargée de construire l’atterrisseur Starship HLS pour les prochaines missions lunaires Artemis.
  • de Robert Noyce, l’inventeur de la puce en silicium et le cofondateur d’Intel à Jensen Huang de NVIDIA dont les «superpuces» ont permis de nombreux progrès en sciences et dans le développement de logiciels.
  • de John Pierpont Morgan, titan de la banque à Wall Street et Dee Hock, fondateur de Visa à John et Patrick Collison, cofondateurs de Stripe, entreprise spécialisée dans les paiements en ligne.
  • de Bob Swanson et Herber Boyer, cofondateurs de Genentech, à Stéphane Bancel, cofondateur et directeur général de Moderna.
  • de Graham Bell, inventeur du téléphone et père de la Bell Telephone Company à Mark Zuckerberg qui, au travers des applications de Meta, connecte près de 4 milliards d’individus.

La poursuite du rêve américain a construit les Etats-Unis et aujourd’hui, les opportunités continuent de foisonner dans de nombreux secteurs. Gingko Bioworks, par exemple, est un pionnier de la biologie de synthèse. Alnylam Pharmaceuticals s’attaque aux maladies invalidantes et propose des médicaments qui empêchent les gènes défectueux de se manifester. Quant à Roblox, elle divertit, connecte et éduque des millions de personnes grâce à sa plateforme de jeux vidéo en ligne.

Investir activement

Investir dans de telles entreprises n’est pas facile et, à ce jour, ni l’indice S&P 500, ni le Dow Jones n’intègrent des titres tels que Ginkgo, Alnylam ou Roblox. Ces indices ne permettent pas non plus d’investir dans des entreprises non cotées mais à la croissance exceptionnelle telles que SpaceX, Zipline et Stripe. Ils ne donnent pas davantage accès à un Solugen et à ses produits chimiques fabriqués sans combustibles fossiles, ou à un Epic Games avec son jeu vidéo Fortnite et son outil de développement graphique 3D Unreal Engine. Toutes ces entreprises, dirigées par des fondateurs qui possèdent une solide vision de l’avenir, restent privées plus longtemps que leurs homologues des décennies précédentes. Ainsi, SpaceX a déjà plus de 20 ans.

Même si les entreprises privées de ce type ont toujours été inaccessibles aux investisseurs individuels, elles ne le sont pas pour les professionnels et pour des véhicules de placement collectifs tels que les «investment trusts». Par conséquent, la seule question que doit se poser l’investisseur à long terme est la suivante: pourquoi ne voudrais-je pas avoir accès à certains des plus grands innovateurs de notre temps et aux entreprises qu’ils créent?

En quatre générations seulement, nous sommes passés d’un aéronef à peine capable de transporter son pilote sur 250 mètres à des drones autonomes capables de livrer des courses à plus de 15km et à des fusées qui transportent des astronautes sur une station orbitale évoluant à plus de 400 km au-dessus de la terre, et qui peuvent atterrir de façon autonome.  C’est en donnant leur chance à des idées audacieuses que les entreprises innovantes sont susceptibles de faire prendre son envol au «rêve américain» et de créer une valeur considérable pour les investisseurs qui les accompagnent.

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