Le point sur la dette d'entreprise en Amérique latine

Salima Barragan

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Le segment bénéficie d’excellents fondamentaux, estime Thomas Fischli Rutz de Fisch AM.

Dans un premier temps, les spreads de crédit des obligations d'entreprises des pays émergents se sont élargis sans discrimination d'environ 150 points de base après l'éclatement du conflit armé en Ukraine fin février. Cependant, les émetteurs en Amérique du Sud, qui comprennent de nombreux exportateurs de matières premières (pétrole, gaz, éthanol, cellulose, papier et métaux), profitent des cours élevés. «Les sociétés sont déjà bien positionnées sur le plan fondamental et nous nous attendons à des bilans encore plus solides cette année», explique Thomas Fischli Rutz Head Emerging Market Corporate Bonds chez Fisch Asset Management.

L’évolution de l'inflation ainsi que le resserrement attendu de la politique monétaire de la banque centrale américaine exercent une pression sur les prix du marché.

L’évolution de l'inflation ainsi que le resserrement attendu de la politique monétaire de la banque centrale américaine exercent une pression sur les prix du marché. «Les obligations d'État américaines à 10 ans sont passées de 1,7% à près de 3,0% depuis le déclenchement de la guerre», poursuit-il. La solide compression des spreads de crédit à un niveau proche de celui du début du mois de janvier a toutefois permis d'atténuer quelque peu ce mouvement des taux sur le marché des obligations d'entreprises des pays émergents. «La classe d'actifs s'est ainsi mieux comportée que ses homologues américains et européens, ce qui vous donne un aperçu de la bonne position fondamentale de ces acteurs», relève-t-il.

Si les les spreads de crédit se sont dans l’ensemble à nouveau normalisés, «l’on trouve toujours des cas isolés qui n'ont pas encore été pris en compte par le grand public et qui sont donc évalués de manière attrayante», souligne Thomas Fischli Rutz qui cite l’exemple d’un producteur d'or colombien dont les spreads de crédit sont passés de 600 à 750 points de base; ou d’une entreprise brésilienne qui exploite un terminal d'exportation de pétrole et dont le titre à 10 ans cote toujours à un rendement de plus de 9% «ce qui n'est absolument pas justifié par les fondamentaux», précise Thomas Fischli Rutz.

Le gestionnaire estime que le segment high yield a également la capacité d'absorber les prochaines hausses de taux. «Ces titres demeurent moins sensibles, car leurs échéances sont courtes», explique-t-il. Pour l'investisseur averti, les marchés frontières lointains, et notamment les pays africains (par exemple Égypte, Ghana et Nigeria), constituent une alternative pour miser sur le boom des matières premières et diversifier davantage le portefeuille.

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