Le plan fiscal de Joe Biden

Salima Barragan

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Selon Katie Deal de T. Rowe Price, les augmentations d’impôts réduiraient les bénéfices des entreprises du S&P 500 d’environ 10%.

Augmentation des impôts des sociétés et sur les gains financiers: les marchés redoutent l’élection de Joe Biden qui mène une politique fiscale préjudiciable au climat des affaires. En substance, l'ancien Vice-président Démocrate a fait savoir qu’il financera des programmes de sécurité sociale, de soins dans la santé, d’énergie verte et des projets d'infrastructure par une série de hausses d’impôts. Le point sur son programme avec Katie Deal, Analyste des actions américaines chez T. Rowe Price à Washington.

Des taux d’impôts plus élevés sur les entreprises

Trump avait chamboulé le code des impôts et la Loi sur l'emploi (ACJT), notamment avec des réductions d'impôts en 2017. Le programme fiscal de Biden permettrait de restaurer de nombreuses dispositions. Par exemple, le taux des sociétés passerait de 21% à 28%, un niveau qui reste cependant en-dessous du seuil des 35% en vigueur avant 2017. L'Administration Biden si elle voit le jour, chercherait également à doubler l'impôt sur les revenus immatériels à 21% et sur les entreprises qui génèrent des bénéfices offshore. Enfin, le plan de Biden comprend également un impôt minimum sur les revenus des sociétés, qui pénaliserait les entreprises dont les bénéfices comptables sont supérieurs à 100 millions de dollars US.

Le plan du Démocrate s’attaque aussi aux contribuables les plus aisés
et à ceux qui tirent des revenus de leurs investissements.
Davantage de complexité

Katie Deal estime que ces ponctions fiscales supplémentaires réduiraient les bénéfices des entreprises du S&P500 dans une fourchette comprise entre 9 et 11%. «Cependant, certaines industries pourraient bénéficier de l'augmentation des dépenses de l’Etat, et quelques secteurs et entreprises ressentiront moins les effets négatifs», explique-t-elle. Par exemple, une augmentation de la charge fiscale impactera plus modérément le bénéfice par action des services publics dans la mesure où les impôts sont directement répercutés aux clients. Aussi, l'exploration énergétique et les sociétés pétrolières bénéficient d’allègements fiscaux. «Cependant, ces entreprises pourraient être soumises à la disposition relative au taux d'imposition minimum, ce qui ferait pression sur les clients des services publics et pourraient affecter les entreprises énergétiques dans un environnement où les prix deviendraient plus élevés», relativise-t-elle.

Cibler les riches

Le plan du Démocrate s’attaque aussi aux contribuables les plus aisés et à ceux qui tirent des revenus de leurs investissements. «Biden prévoit de ramener le taux d'imposition à 39,6%, pour les revenus supérieurs à 400’000 dollars par an», poursuit-elle. Mais ce n’est pas tout. Il souhaite également ajouter un volet de sécurité sociale de 12,4%. «L'impôt sur les salaires supérieurs à 400’000 dollars sera réparti à parts égales entre les employeurs et les employés afin de renforcer le système de sécurité sociale et d'augmenter les prestations des retraités», précise-t-elle.

Enfin, Biden supprimerait les 20% de déduction sur les revenus des entreprises admissibles (y compris les biens immobiliers qualifiés de dividendes) pour les déclarants dont le revenu imposable est supérieur à 400'000 dollars, et plafonnerait les déductions à 28% de valeur - affectant surtout les contribuables au sommet des tranches d'imposition.

Pour que ces propositions fiscales soient adoptées, Biden aurait besoin de la majorité au Sénat. «Le contrôle démocratique sera essentiel pour déterminer comment une grande partie du programme législatif de Biden prendra effet, et comment ses priorités se réorienteront pour amener les Républicains à la table des négociations», nuance la spécialiste.

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