Le pic semble atteint pour la BCE

Zouhoure Bousbih, Ostrum AM

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Comme un air de récession qui s’installe…

©Keystone

Une configuration étrange s’est opérée sur les marchés financiers. Les adjudications de Treasuries sur les maturités cinq ans et sept ans n’ont pas eu de forte demande. Le dollar est resté ferme et les taux longs américains se sont stabilisés, malgré les bonnes nouvelles économiques aux Etats-Unis. Sur les marchés actions, ce sont les valeurs défensives qui ont surperformé.

La BCE a acté la dégradation de la conjoncture

Des zigzags sur les marchés de taux souverains, reflétant une forte volatilité sur les courbes de taux. Les taux longs américains se sont stabilisés, à l’image du taux d’intérêt à 10 ans qui a dépassé les 5% en séance, mais semble se stabiliser autour de 4,85%. Sur les marchés de taux souverains européens, les rendements se sont légèrement repliés sur la semaine. Le Bund a terminé la semaine autour de 2,85%. La conjoncture dégradée de la zone euro et la pause «dovish» de la BCE ont permis de capper la hausse des rendements obligataires souverains européens.

La BCE a acté la dégradation de la conjoncture de la zone euro qui devrait continuer au cours des prochains mois ainsi que le processus de désinflation. Aucune annonce n’a été effectuée sur le programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP), le resserrement monétaire ou les réserves minimum. Le maintien de la flexibilité des réinvestissements du PEPP jusqu’à fin 2024, offre un soutien aux BTP. Néanmoins, le différentiel de taux d’intérêt entre l’Italie et l’Allemagne reste autour de 200pb, reflétant les craintes sur la soutenabilité de la dette du pays. Lors de la conférence de presse, Christine Lagarde a indiqué qu’il était prématuré de discuter de baisses de taux à ce stade. Le pic de taux semble atteint pour la BCE. Les anticipations de baisses de taux des opérateurs de marchés ont été avancées à avril 2024, contre juillet 2024.

«En zone euro, les enquêtes préliminaires S&P Global manufacturier pour le mois d’octobre indiquent une contraction de l’activité liée aux services.»

Sur le marché des changes, le dollar est resté ferme. L’euro-dollar évolue autour de 1,05 dollars, malgré la divergence dans la dynamique d’activité entre les deux zones économiques. Le resserrement monétaire de la BCE est un facteur de soutien à la monnaie unique. A contrario, la parité dollar-yen s’est traitée au-delà des 150, reflétant la remise en cause de la soutenabilité de sa politique de «Yield Curve Control». L’inflation à Tokyo, proxy de l’inflation nationale, a accéléré à 3,3% en octobre, au-delà de la cible des 2%. La parité dollar-yuan reste sur la borne inférieure autorisée par la Banque Populaire de Chine (PBoC) autour de 7,3. Les autorités chinoises ont annoncé l’émission de 1 trillion de yuans (140 milliards de dollars) d’obligations spéciales pour permettre aux gouvernements locaux de rembourser leur dette. Les hauts cadres du Parti, dont Xi Jinping, ont rendu visite à la PBoC et au régulateur des réserves de change (SAFE).

Sur les marchés actions européens, les valeurs défensives ont surperformé alors que les valeurs cycliques sont en baisse. A noter que les avertissements à la croissance des bénéfices sont fortement sanctionnés par les investisseurs. Les investisseurs vendent également les entreprises trop endettées ou ne pouvant plus générer de cash-flow. Les cours du pétrole ont enregistré une légère baisse sur la semaine reflétant la perspective d’une désescalade de tensions au Proche-Orient. Les prix de l’or ont augmenté de 0,5% sur la semaine à 2000 dollars l’once. Depuis l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre, la corrélation entre les cours du brut et de l’or, est positive.

Sur les fondamentaux, le PIB du troisième trimestre américain (4,9% en rythme trimestriel annualisé) acte l’accélération de l’activité américaine durant l’été. La consommation a contribué à plus de la moitié de la croissance, revenant à ses niveaux d’avant le début du resserrement monétaire de la Fed.

La croissance devrait ralentir au quatrième trimestre liée au secteur de l’immobilier qui devrait souffrir de la hausse des taux hypothécaires. Le taux hypothécaire à 30 ans a atteint 8,09%. Mais encore… Le PCE a accéléré à 0,7 % en septembre. Les dépenses des ménages américains ont accéléré plus vite que la croissance des salaires de 0,3%. En zone euro, les enquêtes préliminaires S&P Global manufacturier pour le mois d’octobre indiquent une contraction de l’activité liée aux services. C’est la première fois depuis l’invasion russe de l’Ukraine, que l’activité des services se contracte. La lueur d’espoir, est venue du côté de l’IFO, qui s’est stabilisé en octobre, certes à des niveaux bas. Du côté de la politique monétaire, la Banque centrale de Turquie a relevé de 500pb son taux directeur à 35%, afin de freiner la spirale inflationniste.

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