Une étonnante stabilité des marchés

Axel Botte, Ostrum AM

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L’aversion pour le risque engendre un aplatissement des courbes bénéfique aux actifs risqués soutenus par la rhétorique de la Fed et la relance chinoise.

©Keystone

Le Proche-Orient est une nouvelle fois le théâtre d’atrocités, qui s’ajoutent à une situation géopolitique délétère avec la guerre en Ukraine et les tensions récurrentes sino-américaines au sujet de Taiwan. Malgré l’ampleur des risques géopolitiques, qui prennent le dessus sur la question des taux d’intérêt, la réaction des marchés financiers est restée ordonnée. Le mouvement d’aversion pour le risque s’est limité aux emprunts d’Etats les plus sûrs et à un degré moindre à l’or. Le dollar s’est maintenu sur ses niveaux élevés mais sans accélération haussière.

Les marchés d’actions ont progressé malgré une rechute en amont du week-end. Les spreads souverains et de crédit se sont resserrés et la volatilité demeure remarquablement faible. L’indice VIX n’a pas dépassé 20% au pic du stress la semaine passée. Ainsi, il est difficile de conclure à une aversion pour le risque généralisée sur les marchés financiers. Le discours des membres de la Fed a atténué le risque baissier sur les actifs risqués. La hausse de novembre justifiée par les fondamentaux économiques semble, selon ces commentaires, remise en cause par la remontée des taux à long terme depuis le début du mois d’août.

Dans le contexte géopolitique troublé, les publications économiques avaient moins d’importance pour les opérateurs. Toutefois l’IPC était attendu dans la perspective du prochain FOMC. L’inflation américaine est stable à 3,7% en septembre alors que l’inflation sous-jacente s’affiche à 4,1%. La lente désinflation se poursuit mais les prix des services affichent une hausse mensuelle de 0,6%. Les loyers semblent accélérer de nouveau dans le sillage du net rebond des prix des maisons. Le logement complique ainsi la convergence de l’inflation à la cible de 2%.

Outre la rhétorique de la Fed, l’annonce d’un plan de stimulus budgétaire en Chine à hauteur de 160 milliards de dollars ainsi que les achats de titres bancaires ont soutenu les marchés.

La Fed laisse néanmoins planer l’idée que la hausse des rendements à long terme réduit la nécessité d’agir davantage sur les taux courts. La dernière hausse des Fed funds à 5,75% prévue en septembre semble moins probable désormais. La Fed disposera des chiffres de croissance du troisième trimestre, du coût du travail et du déflateur de la consommation lors du FOMC du 1er novembre. Outre la rhétorique de la Fed, l’annonce d’un plan de stimulus budgétaire en Chine à hauteur de 160 milliards de dollars ainsi que les achats de titres bancaires ont soutenu les marchés.

Sur les marchés financiers, l’aversion pour le risque se traduit par un fort aplatissement de la courbe. Le 10 ans américain se replie de 19 pb autour de 4,65%. Les intervenants rachètent l’actif sans risque malgré l’inflation et une adjudication difficile de T-bond à 30 ans aux Etats-Unis. La tendance à la reconstitution de la prime de terme perdure en toile de fonds mais la situation du Proche-Orient canalise naturellement les flux vers les Treasuries. Le Bund participe à ce mouvement de fuite vers la qualité pour clore la semaine autour de 2,75%.

Pour autant, les spreads souverains ont en partie effacé les tensions des dernières semaines. On prête pourtant à la BCE l’intention de discuter dès le mois de décembre de sa politique de réinvestissements du PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme). La dette du Portugal continue de surperformer. Quant aux emprunts d’Etats émergents, les rachats n’empêchent pas la réduction des spreads. Le shekel perd néanmoins 3% et le CDS d’Israël (A+) double à 130 pb. On entrevoit une solution de financement du FMI en faveur de l’Egypte. Les souverains high yield émergents offrent de la valeur.

Concernant le crédit, les commentaires de la Fed et le stimulus chinois ont soutenu les cours en début de semaine, de sorte que les spreads sur l’euro Investment Grade se rétrécissent de 3 pb. Le marché obligataire tend à sous-performer les indices. Cela étant, les dettes hybrides (-7 pb) ou subordonnées bancaires (-5 pb) se sont bien comportées. Le marché primaire était limité à quelques transactions en milieu de semaine. Certains montants d’émission conséquents ont alourdi le marché secondaire. En outre, quelques histoires spécifiques (Eutelsat, Fresenius) ont engendré un surcroit de volatilité. Sur le high yield, la plupart des segments du marché (BB, B, Coco) ont bien performé au contraire du CCC. Le resserrement des spreads des indices synthétiques permet des rachats de protection à bon compte.

Les actions traversent les turbulences presque sans encombre (+0,5% sur l’EuroStoxx 50). Le pétrole en hausse bénéficie au secteur, les services publics offrent visibilité et protection. Les résultats dans le média et le luxe créent des dynamiques divergentes. La distribution est aussi en retrait compte tenu de la faiblesse de la consommation en Europe.

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