Le mauvais mois de septembre ne sonne pas le glas du rebond des actions

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Le 3e trimestre a été marqué par une confiance grandissante quant à la poursuite de la normalisation et le caractère transitoire de la pression inflationniste.

Début septembre, les actions mondiales et les actions américaines ont atteint de nouveaux sommets historiques. Mais depuis lors, elles sont orientées à la baisse. L’indice MSCI All Country World a cédé 4,1% le mois passé. Il s’agit de son premier repli mensuel depuis janvier et de sa plus forte baisse depuis mars 2020. Ce repli a également effacé sa progression sur l’ensemble du troisième trimestre, que l’indice a achevé dans le rouge (-1,1%). 

Le Japon en verve

Le Japon est le seul grand marché à avoir terminé dans le vert. L’indice MSCI Japan a généré un rendement total de 2,8%, porté par l’optimisme suscité par l’éventualité de nouvelles mesures de relance budgétaire avec l’arrivée d’un nouveau premier ministre. 

Certains secteurs ont également tiré leur épingle du jeu, comme les valeurs internationales de l’énergie (+9%), l’un des préférés de la Recherche d’UBS, qui a profité de la hausse de 8,5% des cours du pétrole. Les valeurs de croissance (-5,2%) ont été davantage pénalisées par la hausse des rendements obligataires que les valeurs décotées (-3%). Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a augmenté de 18,5 points de base au cours du mois, à 1,49%. 

La politique monétaire soutient toujours la croissance tandis que l’inflation persistante ne constitue pas un risque majeur.
Des inquiétudes exagérées

Le moral des investisseurs en actions a été miné par l’inquiétude inspirée par la croissance, par la politique des banques centrales, par la forte hausse des rendements obligataires et par l’impasse dans les négociations budgétaires aux Etats-Unis. Toutefois, ces préoccupations semblent exagérées et les actions devraient reprendre leur ascension.

La politique monétaire soutient toujours la croissance tandis que l’inflation persistante ne constitue pas un risque majeur. La Fed a souligné lors de sa dernière réunion qu’une réduction de ses achats d’obligations resterait conditionnée à la bonne tenue des indicateurs économiques et qu’elle ne présagerait pas d’un relèvement immédiat de ses taux d’intérêt. En outre, même si la Fed a indiqué que le risque d’inflation s’accentuait, son président Jerome Powell a estimé qu’il s’atténuerait et que «l’inflation devrait retomber vers l’objectif à plus long terme de 2%». 

Il est dès lors peu probable que la hausse des prix de l’énergie oblige les principales banques centrales à resserrer prématurément leur politique ou qu’elle pèse sur la consommation des ménages. Dans ce contexte, la forte progression des cours des combustibles fossiles ces derniers temps est imputable à des facteurs transitoires. S’agissant du pétrole brut, l’offre a été perturbée par une baisse inattendue de la production de l’Opep+ en août et par l’ouragan Ida.

L’impact de ces deux facteurs est déjà en train de s’atténuer. D’ailleurs, les exportations de l’Opep+ ont à nouveau augmenté en septembre. Les cours du gaz naturel et du charbon devraient rester élevés en raison de la faiblesse des stocks. Ils devraient toutefois diminuer l’an prochain à la faveur d’un rebond de l’offre russe, sud-africaine et chinoise après les difficultés d’approvisionnement de cette année. 

Encore du potentiel pour les actions

Les actions devraient encore progresser malgré une poursuite de la hausse des rendements obligataires. Les titres souverains à 10 ans atteindront 1,8% d’ici la fin de l’année à mesure que les banques centrales continueront de resserrer leur politique ou d’évoquer cette éventualité. Il convient toutefois de considérer cela comme le reflet d’une actualité économique encourageante et non de la peur d’une inflation persistante. 

Aux Etats-Unis, l’Indice des directeurs d'achat (PMI) manufacturier de l’ISM est repassé au-dessus des 60 points en septembre.

On observe toujours une normalisation de l’activité économique grâce aux campagnes de vaccination à travers le monde qui affaiblissent le lien entre les infections et les hospitalisations/décès. La Fed se montre de plus en plus confiante quant à la pérennité de la reprise tandis que les indicateurs d’activité restent à des niveaux élevés. 

Par exemple, aux Etats-Unis, l’Indice des directeurs d'achat (PMI) manufacturier de l’ISM (de l’Institut de gestion des approvisionnements) est repassé au-dessus des 60 points en septembre. Depuis 1997, une augmentation des rendements américains à dix ans inférieure à 100 points de base (pb) en l’espace de trois mois est associée à une performance positive des actions. Seules les fluctuations plus marquées et plus rapides ont perturbé les marchés d’actions. Au troisième trimestre, les rendements à dix ans ont augmenté de 7 pb.  

Vers une résolution de l’impasse budgétaire

Une solution à l’impasse budgétaire aux Etats-Unis reste probable. Les négociations sur le budget y sont souvent tendues mais les deux partis ont intérêt à éviter d’endosser la responsabilité de turbulences sur les marchés, dans le pire des cas, d’un défaut technique. La résolution permanente sur le budget adoptée le 30 septembre a éloigné le spectre d’une paralysie de l’administration fédérale jusqu’en décembre. 

L’histoire montre aussi que les marchés résistent bien en général à ce type d’événements. Depuis 1980, le gouvernement fédéral s’est retrouvé paralysé à quatorze reprises, pendant sept jours en moyenne (et jusqu’à 34 jours en décembre 2018). 

Les répercussions sur les marchés étaient limitées: l’indice S&P a rapporté en moyenne 5% au cours de la période qui englobe les quatre semaines avant le début du «shutdown» et les quatre semaines qui suivent la réouverture de l’administration fédérale. Un défaut technique sur les bons du Trésor américain est un événement extrêmement improbable à ce stade, étant donné l’ampleur des dégâts potentiels. 

Un trimestre globalement bon

En résumé, le troisième trimestre, qui était globalement bon, s’est achevé sur une mauvaise note en septembre. Mais, dans l’ensemble, le trimestre a été marqué par une confiance grandissante quant à la poursuite de la normalisation économique et quant au caractère transitoire de la pression inflationniste. 

On peut envisager que la confiance reviendra à mesure que les récents obstacles seront surmontés, permettant ainsi aux investisseurs de recentrer leur attention sur la solide croissance économique et sur les bons résultats des entreprises. Pour les investisseurs, le conseil reste donc toujours d’acheter les titres appelés à surfer sur la croissance mondiale.

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