Le conflit commercial oublié au Japon

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Malgré la détente temporaire du conflit commercial sino-américain, la modération des échanges continuera d’affecter le Japon.

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Malgré la détente temporaire du conflit commercial sino-américain, la modération des échanges continuera d’affecter le Japon. D’abord, l’économie chinoise devrait selon nous ralentir en 2020 malgré le «mini-accord» bientôt conclu avec les Etats-Unis, ce qui pèsera sur la demande du premier partenaire commercial du Japon. Ensuite, ce dernier se débat dans un conflit commercial peu visible qu’il s’est lui-même imposé contre la Corée du Sud, né d’une demande de compensation pour les travaux forcés pendant la Deuxième Guerre mondiale et qui a dégénéré en une alternance de ripostes, parmi lesquelles d’importantes barrières commerciales non tarifaires. Le Japon a ainsi banni l’exportation vers la Corée de certains produits technologiques. Les échanges bilatéraux de biens ont chuté de 10% en un an, avec une contagion au secteur tertiaire puisque le tourisme coréen au Japon s’est effondré de 60% depuis janvier. Comme les deux pays en souffrent, les pourparlers ont repris à l’occasion de l’intronisation du nouvel empereur nippon, mais sans résultats notables à ce jour.

Chute de la croissance sous 6% en Chine

L’économie chinoise a ralenti au troisième trimestre, avec une croissance de 6% sur un an, contre 6,2% au deuxième trimestre. Ce tassement s’explique avant tout par l’effondrement de l’investissement manufacturier, mais aussi des exportations, frappées par les droits de douane. La pression baissière sur l’économie chinoise devrait persister selon nous, d’où la réduction de notre estimation de croissance pour 2020 de 6% à 5,8%. D’un part, l’incertitude sur les relations sino-américaines devrait perdurer bien au-delà de 2020. Plus précisément, tout accord éventuel des deux parties, qui ont récemment repris les pourparlers, ne suffira sans doute pas à ouvrir la voie à une convention plus large englobant les questions stratégiques encore en suspens. D’autre part, les mesures de relance du gouvernement chinois resteront sans doute timides. Déjà focalisé uniquement sur des questions de long terme comme les prix élevés des logements ou le fardeau de la dette, ce dernier voit en outre sa marge de manœuvre limitée par l’inflation, qui a commencé à s’accélérer suite à l’envolée des cours du porc.

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