Les marchés actions ont réalisé une belle performance depuis le début de l’année, en particulier aux Etats-Unis et au Japon où les gains au cours des six derniers mois dépassent la performance annuelle des dernières années, comme en 2023. Une stratégie de retour vers la tendance serait donc vendeuse actions US et Japon depuis un moment. Et dans la mesure où la progression des indices est en grande partie liée au renchérissement de la valorisation et moins par la révision haussière des attentes de résultats, une stratégie value aurait également vendu ces marchés depuis un moment, à tort.
A présent, la saison des résultats débute et c’est toujours un moment fort pour les marchés. En effet, les entreprises aiment surprendre les analystes, i.e. donner des indications plutôt conservatrices pour dépasser les attentes du consensus lors de la publication des résultats et pousser le cours de bourse plus haut. Factset estime ainsi qu’en moyenne les résultats du S&P 500 dépassent les attentes du consensus de 8,5% depuis 5 ans et de 6,7% depuis 10 ans. Compte tenu des attentes actuelles de croissance des résultats supérieures à 8%, la croissance effective des résultats au T2-2024 vs T2-2023 pourrait bien être supérieure à 10%.
Historiquement, la performance des marchés au cours des mois de publication des résultats (janvier, avril, juillet, octobre) est généralement forte. Depuis 1990, la performance médiane du S&P 500 au cours du mois de juillet est l’une des plus fortes (1,8%). En revanche, il y a une saisonnalité qui suggère que les mois d’août et septembre sont généralement défavorables. En médiane depuis 1990, la performance du S&P 500 au cours du mois d’août et de septembre est la plus faible (0,1% et -0,6%, respectivement).
eaucoup de gérants peuvent vivre avec un peu de volatilité et tant que le risque de récession reste éloigné, la probabilité d’un repli majeur des actions globales de 20-25% semble faible.
Dans un article il y a quelques années, le Financial Times parlait de «summer curse», i.e. une malédiction estivale. On se souvient des tensions de marché d’août 2007 lorsque les premiers signes de la crise financière se sont manifestés; août 2011 avec le downgrade de la notation du souverain USA et la crise souveraine en zone euro; août 2015 avec la dévaluation du Renminbi. Alors, simple hasard ou existe-t-il vraiment un effet «août» (négatif) à l’instar de l’effet «janvier» (positif) qui est largement documenté dans la littérature scientifique? Il n’y a pas de réponse définitive à cette question, mais après les gains réalisés au premier semestre 2024 qui a tiré la valorisation du marché américain à des niveaux élevés, quelques prises de profits au cours de l’été sont fort probables.
Que faut-il en conclure à moyen terme? De notre point de vue, il y a un risque de prise de profits à court terme, après une performance spectaculaire en 2023 et depuis le début de l’année 2024. Les investisseurs doivent-ils pour autant s’en alarmer? Beaucoup de gérants peuvent vivre avec un peu de volatilité et tant que le risque de récession reste éloigné, la probabilité d’un repli majeur des actions globales de 20-25% semble faible. Faut-il donc bouger les portefeuilles pour un risque de repli de 10% sachant qu’on coupera toujours trop tôt ou trop tard et qu’on rachètera toujours trop tôt ou trop tard? D’un point de vue tactique, cela fait du sens de protéger les gains réalisés et de chercher à racheter certains actifs à un prix plus bas plus tard. La plupart des gérants long terme diront toutefois que cela revient à traiter du bruit. Le risque en effet est de devoir racheter plus cher des actifs qui n’ont pas baissé.
Mais avec des taux courts qui restent très élevés en dollars, euros ou sterling, les investisseurs sont généreusement rémunérés pour exercer l’option de réduction du risque dans leur portefeuille. Sur la partie longue de la courbe des taux, les rendements sont plus faibles (i.e. les courbes de taux sont toujours inversées) mais le potentiel gain est capital est plus élevé sur la partie longue de la courbe si l’économie mondiale continue de ralentir, ce qui est notre scénario. La duration obligataire pourrait donc bien être un moteur de performance attractif au cours des prochains mois.