La politique au premier plan aux Etats-Unis

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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L’économie américaine devrait rebondir de 7,8% au troisième trimestre. Une réelle reprise semble également en cours au Royaume-Uni.

Contre nos attentes, l’envolée des cas de COVID-19 en juillet et les mesures prises dans certains Etats fédérés n’ont pas affecté l’économie. Ventes de détail et production industrielle ont augmenté de respectivement 1,2% et 3,0% sur un mois en juillet, et les premières dépassent leurs niveaux d’avant crise. Surtout, le rapport sur le marché du travail de juillet reflétait une croissance de l’emploi ininterrompue et un net repli du chômage, de 11,1% à 10,2%. Ce dernier a toutefois bénéficié du recul étonnant (mais sans doute temporaire) du taux de participation au marché du travail. Globalement, l’économie américaine devrait rebondir de 7,8% au troisième trimestre, après un plongeon de 9,5% au deuxième. La reprise de l’activité et l’amélioration de la situation sanitaire dans des Etats décisifs pour l’élection comme la Floride, le Texas, l’Ohio ou la Pennsylvanie pourraient expliquer que Donald Trump ait regagné du terrain sur Joe Biden selon les sondages et la cote des paris. La course à la présidence n’aura sans doute pas d’effet économique immédiat. Le principal risque politique concerne le plan CARES 2, actuellement au point mort. Si nous pensons toujours que le Congrès finira par accepter cette deuxième série de mesures de relance sous la pression des deux partis aux niveaux fédéral et local, un échec reste possible, ce qui gèlerait sans doute la reprise de la consommation.

L’inflation sous-jacente a enregistré en juillet
sa plus forte augmentation mensuelle depuis 1991.

L’inflation totale annuelle a encore surpris à la hausse en juillet, à 1,0% après 0,6%, suite à la plus forte augmentation mensuelle de l’inflation sous-jacente depuis 1991 (0,6% en glissement mensuel). Nous pensons que, loin d’annoncer le retour de l’inflation, cette tendance reflète le retour à des prix plus normaux dans des secteurs comme l’habillement et les transports, durement touchés par la crise du COVID-19.

Illusion sur le marché du travail au Royaume-Uni

Nous le supposions, c’est maintenant officiel: le PIB du Royaume-Uni fut le plus affecté des grands marchés développés au deuxième trimestre (-20,4% en séquentiel), derrière l’Italie et l’Espagne. Cela dit, une réelle reprise semble en cours au troisième trimestre. Selon l’indice Google des déplacements à des fins d’achats et de loisirs, le pays se rapprocherait au moins des autres nations européennes ou des Etats-Unis en août. Surtout, la tendance haussière de la demande de consommation privée n’a pas souffert après le confinement, avec des volumes de ventes de détail bien au-dessus des niveaux d’avant la crise en juillet et un indice des directeurs d’achats (PMI) des services à 60,1 points en août. Cette reprise s’appuie en particulier sur le «plan de sauvegarde de l’emploi» (qui consiste essentiellement à subventionner les salaires), grâce auquel le taux de chômage est resté artificiellement bas, à 3,9%, au deuxième trimestre. Or, le miracle du marché du travail pourrait bien n’être qu’une illusion, le chancelier de l’Echiquier ayant refusé de prolonger le plan jusqu’à fin octobre. Ce mur budgétaire devrait changer en demandeurs d’emploi nombre de salariés actuellement au chômage partiel, avec un risque d’érosion de la consommation privée au tournant de l’année. Couplée à des intentions d’investissement toujours déprimées (ce qu’exacerbe l’incertitude autour du Brexit), cette situation devrait selon nous faire du Royaume-Uni l’un des derniers pays développés à rejoindre ses niveaux d’avant la crise, au plus tôt en 2022 selon notre scénario de base.

En juillet, le nombre d’éléments indisponibles pour mesurer les prix pour cause de restrictions sanitaires a sensiblement reculé, de 67 à 12, tirant sans doute l’inflation à la hausse avec un moindre recours aux imputations. Cet effet a plus que compensé la baisse temporaire de la TVA sur certains produits décidée mi-juillet, puisque l’inflation totale annuelle a bondi de 40 points de base, à 1,0%.

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