La peur de la guerre commerciale

Philipp Vorndran, Flossbach von Storch

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Les Etats-Unis taxent les importations mondiales, ciblant surtout la Chine, qui s’y oppose fermement. Les marchés boursiers restent dans l'incertitude.

 

Même si le président américain Donald Trump a suspendu une grande partie des droits de douane qu'il avait récemment annoncés, l'incertitude demeure. D'autant plus qu'il a durci le ton envers la Chine et augmenté à nouveau les droits de douane. Pékin a à son tour souligné son intention de mener la lutte jusqu'au bout. Une guerre commerciale est en vue!

Mercredi dernier, Donald Trump a présenté au monde les détails de sa future politique douanière. La logique de calcul des droits de douane réciproques est complètement absurde et ne correspond en rien à la réalité. Elle se base sur le déficit commercial d'un pays envers un autre et le met en relation avec l'ensemble des importations de marchandises. Les conséquences pour les différents pays seraient dévastatrices.

Prenons l'exemple du Vietnam: en 2024, le pays a vendu pour 136 milliards de dollars de marchandises aux États-Unis. En contrepartie, il a importé des marchandises des États-Unis pour une valeur de 13 milliards de dollars. Le déficit commercial des États-Unis s'est donc élevé à 123 milliards de dollars.

réindustrialisation espérée des États-Unis et les millions de nouveaux emplois ne pourront pas voir le jour avec une politique économique hostile à l'étranger et revancharde. 

Une logique de calcul absurde

Les membres de l'administration Trump ont ensuite mis ce déficit en relation avec les importations de marchandises aux États-Unis, qui s'élèvent à 136 milliards de dollars. Il en résulte un taux de droits de douane réciproque de 90,4% (123,46/136,56). La moitié de ce chiffre correspond à un taux de droits de douane «légèrement réciproque» de 46%. En réalité, le Vietnam n'a récemment imposé qu'un taux de droits de douane pondéré en fonction des échanges de 2,9% sur les importations de marchandises en provenance des États-Unis (selon les données de l'Organisation mondiale du commerce). À l'inverse, les États-Unis ont imposé un taux de droits de douane pondéré en fonction des échanges de 3,2% sur les importations de marchandises en provenance du Vietnam.

Ce calcul absurde ne devrait pas seulement faire se gratter la tête des économistes. L'idéologie douanière de Trump repose sur l'idée que les importations sont mauvaises et les exportations bonnes. Un déficit de la balance commerciale, comme celui que les États-Unis affichent depuis des décennies, serait donc le signe que les États-Unis se font avoir par leurs partenaires commerciaux.

Selon Trump, le jeu serait à somme nulle. La réindustrialisation espérée des États-Unis et les millions de nouveaux emplois ne pourront pas voir le jour avec une politique économique hostile à l'étranger et revancharde. En outre, les États-Unis ne peuvent pas produire eux-mêmes tous les biens importés, car ils manquent de capacités, de personnel et parfois aussi de savoir-faire. Et si les États-Unis essayaient, les produits ne seraient plus accessibles à de nombreux Américains.

Si elles étaient mises en place de manière permanente, les taxes douanières réciproques paralyseraient en grande partie le commerce avec les États-Unis et conduiraient à une crise économique mondiale. Un simple coup d'œil à l'histoire des droits de douane américains suffit à prendre la mesure des augmentations annoncées, si elles devaient effectivement avoir lieu. Avec des augmentations annoncées de plus de 30%, ils seraient bien plus élevés que lors de la crise économique mondiale du début des années 1930. Il faut donc espérer que la raison finira par l'emporter.

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