La liquidité des fonds passifs démystifiée

Salima Barragan

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«La structure ouverte est cruciale afin de comprendre pourquoi l’offre et la demande ne sont pas pertinents», estime Rahul Bhushan de Rize ETF.

La liquidité d’un fonds indiciel coté se mesure à son volume journalier de transactions? Idée fausse, archi fausse et pourtant très répandue. En réalité, c’est la liquidité des sous-jacents du véhicule qui compte. Exemple: lors d’un crash boursier, ces fonds restent capables d’honorer toutes les demandes de rachats de leurs clients en détruisant des parts s’il n’y pas d’acheteurs sur le marché. Explications avec Rahul Bhushan, CEO de Rize ETF.

Le marché primaire garant de la fluidité des échanges

«Beaucoup de nos clients font l’amalgame entre le volume des transactions et la liquidité alors qu’un ETF est basé uniquement sur la liquidité des sous-jacents», constate Rahul Bhushan. Grace à leur structure ouverte (open-ended), à la manière des fonds de placement, le nombre maximal de parts n’est pas plafonné. «N’importe quel participant autorisé peut d’ailleurs créer de nouvelles parts sur le marché primaire», poursuit-il. Le marché primaire permet aussi au gestionnaire de détruire des parts à sa guise lorsque les acheteurs font défauts sur le secondaire. Ce double système sépare le volume de transactions de la notion de liquidité contrairement à d’autres actifs cotés.

Un ETF avec une masse dérisoire sous gestion répliquera
difficilement un index de 1'000 obligations d’entreprises.
Porter une attention aux sous-jacents détenus par le fonds

Si l’ETF porte sur des actifs très liquides comme des actions, aucun problème pour traiter les sous-jacents. En revanche, si le véhicule réplique des indices des petites capitalisations boursières comme le Russell 2000, les constituants de ce dernier peuvent devenir peu liquides lors de stress de marché. Il en va de même, comme nous l’avons vu l’année passée sur le marché OTC des obligations d’entreprise. Plus généralement, ce sont les primes de liquidité auxquels se négocient les sous-jacents en temps de crise qui se répercutent sur la cotation de l’ETF. «L’habilité du manager a trader les sous-jacents détermine en fin de compte la liquidité du fonds, tout comme les fonds de placement. Si le sous-jacent n’est pas assez liquide, l’animateur de marché ne pourra pas honorer la transaction», précise Rahul Bhushan.

Le cas des obligations spéculatives

Revenons brièvement sur le marché des obligations à haut rendement. Les dislocations des prix au printemps dernier avaient donné des sueurs froides aux gestionnaires, car ces actifs étaient devenus illiquides en un éclair, d’où une envolée phénoménale des spreads. «Durant la crise, certains ETF s’échangeaient avec des décotes sur leur VNI car les sources de prix n’étaient pas transparentes et surtout disparates contrairement au marché organisé des actions», observe Rahul Bhushan. Malgrés la suspension des cotations, les rachats et ventes de parts d’ETF ont continué de traiter normalement, indépendamment de la crise obligataire.

La taille des encours compte?

Oui et non. Si d’habitude les fonds (actifs ou passifs) avec de généreux encours sont privilégiés par les sélecteurs de fonds, Rahul Bhushan estime que ce sont surtout le nombres d’animateurs de marché sur le véhicule coté et leur habileté qui doivent prévaloir. Naturellement, un ETF avec une masse dérisoire sous gestion répliquera difficilement un indice de 1'000 obligations d’entreprises. Selon lui, le principal risque d’un fonds de taille modeste est sa viabilité commerciale. Si ses encours stagnent durant des années et que son manager décide de le fermer, il liquidera l’intégralité du portefeuille sans état d’âme, quelles que soient les conditions de marché du jour.

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