Au cours des deux prochains mois, le président Joe Biden pourrait vivre une phase importante de son mandat, si la législation sur les infrastructures et la réconciliation budgétaire devaient être adoptées par les deux partis. Joe Biden souhaite en effet utiliser la législation pour faire évoluer l'industrie électrique américaine vers un objectif «zéro émission» de carbone d'ici 2035. Ces efforts sont susceptibles d'avoir un impact important sur les entreprises issues des secteurs de l'énergie, des services publics et de l'industrie.

La loi sur l'investissement dans les infrastructures et les emplois, qui attend des amendements de la Chambre après avoir été adoptée par le Sénat en août, va allouer 73 milliards de dollars à trois objectifs:

• Moderniser le réseau électrique désuet des Etats-Unis,
• Sécuriser les chaînes d'approvisionnement énergétique critiques, et
• Soutenir le développement de technologies vertes émergentes telles que la récupération du carbone et l'utilisation d'énergies renouvelables pour produire de l'hydrogène dit «vert».

La transition des combustibles fossiles vers des sources d'énergie propres s'est accélérée ces dernières années, notamment en raison de la compétitivité croissante des coûts de l'énergie solaire et éolienne, ainsi que d'un effort coordonné pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. La politique fédérale pourrait encore selon nous accélérer cette tendance, ce qui oblige les investisseurs à acquérir de solides connaissances en matière d’incidences potentielles, afin d’identifier les futurs bénéficiaires de ce changement de politique.

Le réseau électrique américain mérite d'être modernisé à plusieurs niveaux. Les anciennes installations privilégiaient la livraison de la production depuis de grandes centrales électriques centralisées. Une telle approche peut présenter des risques sécuritaires et de résilience découlant de piratages du système, de conditions météorologiques extrêmes dues au changement climatique et d'autres défis contemporains. Des investissements considérables seront nécessaires afin de résoudre ces problèmes fondamentaux, d’intégrer l'énergie éolienne et solaire ainsi que d'autres technologies d'énergie propre, tout en répondant aux défis posés par la demande d'électrification d'autres processus de combustion fossiles.

Une grande partie des installations solaires et éoliennes sera probablement construite dans des régions éloignées où ces installations pourront être exploitées de manière plus efficace, ce qui nécessitera l’installation de lignes de transmission plus longues et de nouvelles stations pour acheminer l'électricité aux consommateurs. Par ailleurs, la nature intermittente de ces sources d'énergie propres amène une nouvelle difficulté: celle de faire correspondre l'offre et la demande d'électricité à un moment donné. L'énergie solaire pose un problème particulier, car le pic de production diurne ne correspond pas au pic de demande, qui se produit généralement le soir. La gestion de ces déséquilibres pourrait devenir encore plus complexe en raison des pics de demande associés aux véhicules électriques. A terme, l'électrification accrue du chauffage des locaux et de l'eau pour les bâtiments résidentiels et commerciaux pourrait être une source de complication additionnelle.

Nous pensons que les investissements dans de nouvelles infrastructures de distribution, dans le stockage sur batteries et dans les technologies intelligentes s'avéreront nécessaires pour équilibrer la charge et la disponibilité de manière plus dynamique. Cela permettra de limiter le risque de pénuries du service électrique tout en augmentant l’intégration des énergies renouvelables.

Le programme de dépenses que les démocrates visent à adopter par le biais de la réconciliation budgétaire - un processus qui ne nécessite qu'un vote à la majorité simple au Sénat - prolongerait les crédits fiscaux de production et d'investissement existants pour les projets d'énergie verte, en créerait de nouveaux pour les technologies émergentes et inclurait d'autres mesures afin de pousser l'industrie de l'électricité à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, les investisseurs doivent garder à l'esprit que le montant des dépenses et la durée de ces prolongations sont toujours en cours d'examen.

Nous considérons la transition vers l'énergie propre comme une tendance séculaire durable, favorisée à la fois par l'innovation technologique et les impératifs sociaux, qui devraient se manifester au cours des prochaines décennies. L'approche solide de l'administration Biden en matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre pourrait être positive, dans la mesure où elle encourage l'adoption de solutions d'énergie propre établies et soutient les technologies émergentes.

Compte tenu de l'innovation et des bouleversements importants qui ont lieu dans l'industrie de l'énergie et sur les principaux marchés, le projet de loi sur les infrastructures ainsi que d'autres efforts législatifs et réglementaires pourraient selon nous avoir des répercussions importantes sur l'adoption des énergies propres, l'économie au sens large et la dynamique des secteurs des services publics, de l'énergie et de l'industrie.