La Fed résiste peu à la hausse des rendements

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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A court terme, un resserrement des taux semble plus urgent pour le marché que pour la Fed.

© Keystone

Lors de sa conférence de presse de mercredi dernier, la Fed a maintenu son orientation accommodante sans afficher une volonté réelle de barrer la route à la hausse ininterrompue des rendements sur les bons du Trésor US.  

Un ton toujours aussi conciliant

La médiane du diagramme à points de la Fed («dot plot») reflète des taux d’intérêt inchangés jusqu’en 2023, bien que nous ayons tout de même observé un changement puisque sept membres du FOMC sur dix-huit (au lieu de cinq lors de la réunion précédente) anticipent désormais une hausse avant la fin 2023. Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, la rhétorique du président de la Fed Jerome Powell a globalement fait écho au ton conciliant du commentaire précédent qui n’avait guère réussi à enrayer la pentification de la courbe de rendement du Trésor.

Toutefois, la série de révisions à la hausse des pronostics de croissance US à laquelle nous avons récemment assisté parmi les analystes en banque d’investissement a eu pour effet d’accentuer la pentification de la courbe, ce qui rend trois commentaires de Jerome Powell particulièrement pertinents à nos yeux:    

Le marché ne donne pas l’impression
de croire aux propos rassurants de la Fed.

Reprise irrégulière attendue

Le premier, et peut-être le plus évident, est le fait que la Fed se fonde sur des données réelles et non des prévisions, ce qui est compréhensible au vu de la situation économique inédite que connaissent actuellement les Etats-Unis. Les prévisions de croissance de la Fed ont également été revues à la hausse, mais restent inférieures au rythme attendu par Wall Street, ce qui tient notamment à la perspective d’une reprise «irrégulière» évoquée par la Fed.

Le mix actuel reste inchangé

Deuxièmement, à la question de savoir si la Fed était susceptible de modifier la composition de ses rachats d’actifs – soit 80 milliards de dollars de bons du Trésor et 40 milliards de dollars de titres adossés à des créances hypothécaires – Jerome Powell s’est dit satisfait du mix actuel.

Pics d’inflation temporaires

Enfin, et cela nous semble assez significatif, la Fed estime que les pics d’inflation consécutifs à la forte hausse attendue de la croissance économique américaine devraient également être temporaires. Sur ce point, si nous savons que l’inflation temporaire liée à des effets de base ou à des fluctuations de change ne pénalise généralement pas  l’économie, nous ne sommes pas vraiment convaincus qu’un pic d’inflation généré par une période de croissance rapide devrait être considéré avec autant de désinvolture.

En définitive, la Réserve fédérale américaine nous paraît très conciliante et si cette attitude est peut-être la bonne sur le long terme, il n’en est pas de même à court terme: le marché ne donne pas l’impression de croire aux propos rassurants de la Fed et estime qu’il faudra resserrer plus rapidement les taux d’intérêt, ce qui ouvrira la voie à une nouvelle accentuation de la courbe de rendement du Trésor.  

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