L’inflation suisse reste clairement comprise dans la marge de fluctuation de 0 à 2% fixée par la BNS pour la stabilité des prix, malgré les effets à la hausse des prix des deux augmentations du taux d’intérêt de référence hypothécaire de l’année dernière sur les loyers. Les perspectives de prix restent relativement sereines pour le reste de l’année. Contrairement aux Etats-Unis et à la zone euro, les entreprises suisses ne prévoient plus guère d’importantes répercussions sur les prix. La BNS a ainsi utilisé la marge de manœuvre disponible pour soutenir un peu plus la conjoncture modérée en proposant des conditions de financement plus avantageuses.
Contrairement à la Réserve fédérale américaine et à la Banque centrale européenne (BCE), le niveau des taux directeurs de la BNS n’est déjà plus restrictif après deux petites baisses de taux. La BNS estime que le taux dit neutre, auquel la politique des taux d’intérêt n’a pas d’effet d’accélération ni de ralentissement des prix, ne dépasse guère 1,0%. Avec les baisses de taux anticipées, il ne reste donc plus beaucoup de marge à la BNS. En conséquence, notre scénario de base ne prévoit plus qu’une nouvelle baisse finale des taux à 1,0%.
La longue période de taux bas, qui a précédé la récente poussée inflationniste mondiale, a été dominée par la politique monétaire très accommodante de la BCE, qui visait à stimuler l’économie de la zone euro, affaiblie depuis la crise financière, et à relever le faible taux d’inflation en direction de l’objectif fixé. Il en a résulté une pression permanente à la hausse sur le franc, ce qui obligeait quasiment la BNS à appliquer elle aussi des taux négatifs. Entretemps, le marché de l’emploi de la zone euro s’est durablement rétabli et la pression accrue sur les salaires et les prix ne plaide pas du tout en faveur d’une baisse agressive des taux par la BCE. La BNS peut ainsi maintenir ses taux d’intérêt à un niveau plus élevé. Il faudrait sans doute un effondrement de la conjoncture pour qu’il y ait des baisses plus importantes. Or, c’est plutôt une reprise qui s’annonce actuellement.
Situation actuelle sur le marché hypothécaire
Avec la deuxième baisse du taux directeur, le taux d’intérêt au jour le jour (SARON), qui est contrôlé par ce dernier, évolue également à la baisse. Le taux préférentiel des hypothèques à taux fixe à plus long terme disparaît donc en grande partie. Les prévisions de baisse de la BNS avaient déjà permis d’obtenir des conditions de financement plus favorables sur le long terme depuis l’automne dernier. Comme les marchés des taux d’intérêt ont intégré de manière assez stable un niveau final du taux directeur de la BNS d’un peu plus de 1% depuis des mois, il n’y a plus de potentiel de baisse supplémentaire pour les taux à long terme. En revanche, les conditions SARON ont évolué à la baisse avec les réductions effectives des taux de la BNS.
Le relèvement du niveau des taux a encore dégradé toute possibilité d’accéder à la propriété du logement au cours des deux dernières années et a nettement réduit la demande. La tendance haussière des prix de l’immobilier s’est donc calmée, mais la pénurie croissante de logements a toutefois empêché jusqu’à présent une baisse des prix. Un retour à des taux d’intérêt négatifs n’est pas prévu malgré le revirement de la BNS. Avec des taux à long terme à nouveau plus bas et le recul du SARON, le risque d’une correction plus forte des prix de l’immobilier est néanmoins écarté.
Désormais, les personnes qui ont une longue contrainte sur taux d’intérêt ne s’en sortent généralement pas mieux que celles qui disposent d’une hypothèque SARON. Des hypothèques à taux fixe de longue durée sont un choix judicieux du moment que l’on s’attend à une inflation tenace et donc à une marge de manœuvre limitée de la Banque nationale pour baisser son taux. Une hypothèque à taux fixe sur plusieurs années est indiquée même si l’on préfère une base de calcul fixe. En revanche, des durées plus courtes sont plus avantageuses si l’on prévoit un ralentissement conjoncturel marqué, qui s’accompagne de baisses plus importantes des taux. Sur l’année, les coûts de financement ne devraient diverger toutefois que peu sur les durées dans notre scénario de base.