L’informatique quantique rivalise avec l’IA

Luke Ward, Baillie Gifford

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Au vu de la multiplicité de ses applications, l’informatique quantique sera un outil d’innovation formidablement puissant.

Alors que tous les regards sont rivés sur l’IA, un autre superpouvoir en devenir, l’informatique quantique, pourrait permettre d’économiser énormément de temps et d’argent. Dans ce «nouveau monde» la résolution d’un problème scientifique complexe se ferait en une semaine plutôt qu’en une dizaine d’années et à un coût bien inférieur.

A la différence des ordinateurs classiques qui fonctionnent sur un mode binaire, 1 ou 0 (activé ou inactivé), l’ordinateur quantique (OQ) travaille avec des qubits qui peuvent exister dans une superposition d’états (à la fois 1 et 0). Ils sont donc en mesure de simuler notre environnement de manière beaucoup plus précise, en particulier au niveau subatomique qui relève de la mécanique quantique. Ainsi, des choses considérées comme encore impossibles aujourd’hui pourraient devenir réalisables très prochainement.

Le qubit côté pratique

Par le passé, les chercheurs ont eu du mal à faire évoluer la technologie du fait que les qubits sont notoirement sensibles à la moindre perturbation, laquelle provoque des erreurs de calcul. De plus, la fabrication du hardware s’est avérée difficile. Aussi les développeurs ont-ils été contraints d’utiliser des matériaux spéciaux et d’opérer sur des systèmes de petite taille, beaucoup mieux adaptés à la recherche scientifique qu’aux applications commerciales. Ceci a eu pour conséquence de limiter les progrès.

PsiQuantum a été créée en partant de l’hypothèse que la clé du succès est moins la prouesse scientifique que la capacité de performance.

C’est dans ce contexte qu’il faut replacer l’activité de PsiQuantum, entreprise qui s’est donné pour mission de construire et d’installer le premier ordinateur quantique «pratique» au monde. PsiQuantum a été créée en partant de l’hypothèse que la clé du succès est moins la prouesse scientifique que la capacité de performance. En effet, même s’il existe de nombreuses manières de fabriquer un qubit, il n’y en a probablement qu’une qui sera capable de produire les millions de qubits indispensables pour qu’un ordinateur quantique puisse véritablement changer le monde.

L’Australie en pole position

L’avantage de PsiQuantum réside dans le fait que ses puces et ses qubits ont été conçus pour pouvoir être produits par les processus de fabrication traditionnels des semi-conducteurs. Aussi, pour la production en masse de son hardware, l’entreprise peut tirer parti des milliards de dollars investis et des décennies d’expérience déjà accumulées par l’industrie des semi-conducteurs.

Grâce à la robustesse de son approche, l’entreprise a réussi à attirer d’importants capitaux en 2024. En avril dernier par exemple, le gouvernement australien s’est engagé à hauteur de 620 millions de dollars pour la construction du premier ordinateur quantique (OQ) de PsiQuantum à Brisbane. Le fait que cette entreprise ait été sélectionnée parmi 20 concurrents à l’issue d’une évaluation qui a duré deux ans constitue un vote de confiance impressionnant. La décision de l’Australie a d’ailleurs été suivie en juillet dernier par l’annonce d’un accord pour la construction d’une deuxième entité aux Etats-Unis.

Selon McKinsey, le marché de l’OQ devrait atteindre les 131 milliards de dollars d’ici 2040. Ce montant paraît invraisemblable, mais compte tenu des investissements actuels en informatique à haute performance et des budgets de recherche et développement consacrés à l’ensemble du secteur, il paraît crédible.

Un champ d’applications immense

Disposant d’une entité de production d’ordinateurs quantiques opérationnelle avant la fin de cette décennie, PsiQuantum devait bénéficier de «l’avantage du précurseur» pour résoudre les problèmes restés jusqu’à présent sans solution dans de nombreux domaines:

Recherche de nouveaux médicaments: les «pharmas» devraient pouvoir simuler des interactions complexes au niveau atomique et ainsi créer de nouvelles molécules et analyser leur comportement afin de développer des médicaments plus rapidement, à moindre coût et en limitant les risques.

Agriculture: la production d’engrais chimique est énergivore et à forte intensité carbone. Grâce à l’informatique quantique, il devrait être possible d’identifier le catalyseur qui permet aux micro-organismes de transformer l’azote en ammoniac, une démarche trop complexe pour être modélisée actuellement.

Transports: de nouveaux matériaux devraient permettre d’alléger les véhicules électriques et d’augmenter la puissance de leurs batteries. Les ordinateurs quantiques étant plus performants que les ordinateurs traditionnels en matière d’optimisation des processus, ils devraient permettre aux acteurs de la logistique et du transport de réduire la durée des trajets et d’améliorer la gestion de leurs flottes.

Ordinateurs quantiques: ils pourraient stimuler leur propre évolution et favoriser de nouvelles avancées en assistant les chercheurs dans l’optimisation de la conception de l’équipement informatique et en perfectionnant la correction des erreurs quantiques.

Services financiers et sécurité: Les OQ pourraient permettre d’améliorer la gestion du risque et d’élaborer des algorithmes plus efficaces pour le trading. Il est également probable qu’ils seront largement utilisés dans le chiffrement des données afin de rendre ce dernier plus résistant aux attaques.

Production d’énergie: la découverte de matériaux nouveaux rendue possible par l’informatique quantique pourrait permettre d’accroître l’efficacité des panneaux solaires. La modélisation du comportement du plasma, effectuée grâce aux OQ, est susceptible d’aider les ingénieurs à maîtriser la fusion nucléaire.

Ainsi, il existe de nombreuses raisons de penser que les ordinateurs quantiques seront un outil d’innovation dont l’importance est sans précédent. 

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