Tous les regards se tournent vers les banques centrales. Parviendront-elles à redresser la barre?
En Allemagne, il n'y a presque qu'un seul sujet de discussion depuis de nombreux mois. Les prix augmentent. Que ce soit au supermarché, chez le boulanger ou dans le bâtiment. Avec une hausse des prix à la consommation de 6,8 pour cent selon les estimations d'Eurostat, l'Allemagne se situe au-dessus de la moyenne de la zone euro de 5,5 pour cent (et bien sûr loin de la Belgique avec 2,8 pour cent ou de la Suisse avec 1,7 pour cent).
Tous les regards se tournent vers les banques centrales. Parviendront-elles à redresser la barre? La tension monte, car il est possible que l'on assiste bientôt à une épreuve de force. D'une part, l'inflation doit baisser. D'autre part, il faut éviter les crises sur les marchés financiers en raison d'une politique monétaire trop restrictive. La grande question est de savoir lequel de ces objectifs a la priorité en cas de doute.
En fin de compte, les banquiers centraux sont toujours des pragmatiques. Et pas seulement lorsque, comme dans le cas de la présidente de la Banque centrale européenne, ils viennent de la sphère politique. Ce qui ne veut rien dire d'autre: si le système financier devait subir de graves perturbations, qui ne se limiteraient pas à certaines banques régionales américaines ou à de grandes banques comme le Crédit Suisse, les banques centrales devraient abandonner leur objectif de faire reculer l'inflation.
Les banquiers centraux pragmatiques devraient probablement faire volte-face même s'ils n'obtiennent qu'un succès partiel dans la lutte contre l'inflation. Si la hausse des taux d'intérêt entraîne une récession, mais que l'inflation reste nettement supérieure à leur objectif de deux pour cent. Même si leur travail n'est pas encore terminé.
Prévoir avec précision ce qui doit se passer pour que les banques centrales se retournent n'a malheureusement pas de sens. Compte tenu de la complexité des marchés financiers mondiaux et de la multitude de risques possibles, tout dépend de la situation concrète. Toutes les étincelles ne provoquent pas immédiatement un incendie de forêt.
Pour les investisseurs qui souhaitent préserver la valeur de leur patrimoine, l'évolution future de l'inflation est très importante. Cela vaut surtout pour les obligations - qui, après des années de taux d'intérêt nuls et négatifs, offrent à nouveau des rendements (optiques) intéressants. Avec des rendements de plus de trois pour cent, les obligations à court terme sûres sont à nouveau intéressantes en tant que "position de parking". C'est le retour d'une classe d'actifs qui, ces dernières années, générait encore des coûts.
Nous ne partageons toutefois pas l'enthousiasme général pour les obligations. En effet, il est plus que douteux que les obligations sûres restent un investissement lucratif à long terme. Pour cela, il faudrait que l'inflation se rapproche rapidement de l'objectif de deux pour cent. Si cela ne devait pas se produire, une obligation fédérale allemande à dix ans, par exemple, avec un rendement d'à peine 2,6 pour cent, représenterait une perte réelle de capital. Et même si les banques centrales parviennent à maîtriser l'inflation, le niveau de rendement des obligations à long terme est encore trop faible pour permettre des gains de cours significatifs. Dans ce cas, le rapport risque/rendement potentiel ne semble pas encore très attractif.
La situation est très différente pour les actions. Outre la protection contre l'inflation, c'est dans cette classe d'actifs que l'on peut (encore) espérer les meilleurs rendements à long terme. Un rendement total de sept pour cent (plus-values boursières plus dividendes) est tout à fait réaliste et signifie un doublement de la fortune tous les dix ans. Et ce serait même peu en comparaison historique. Sur une période de 35 ans, l'indice boursier américain S&P 500 a atteint un rendement de 10,5% par an.
Des rendements plus élevés sont en fin de compte aussi une prime pour les risques (ou plutôt pour les fluctuations temporaires des cours des actions) qui inquiètent de nombreux investisseurs. Ce n'est pas pour rien que la part d'actions est considérée comme la principale variable d'ajustement du risque d'un portefeuille.
Mais il est également possible de réduire les risques au sein du portefeuille d'actions. Par une diversification équilibrée, par exemple, qui limite les effets de certaines erreurs d'appréciation. Ou en se concentrant sur la qualité des entreprises dans lesquelles les investisseurs investissent. Des revenus sûrs, de bonnes perspectives de croissance et une grande solidité financière ne protègent certes pas des fluctuations de cours temporaires, mais réduisent considérablement la probabilité de pertes durables.