Après une décennie de croissance, le marché européen de l’investissement durable offre une (très) vaste palette de véhicules de placement. Certains pourraient même y voir les prémices d’une jungle. Comment s’explique cette évolution? Si les fonds offerts sont très divers, il en va de même pour leurs labels. «Intégration ESG», «Caractéristiques E & S», «Transition verte» ou «Objectifs durables», toutes ces étiquettes qui ont des résonances voisines, recouvrent en fait des réalités très différentes.
Pour remédier à cette situation, la Commission européenne a proposé en 2018 la mise en place de la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation). Malgré cela, six ans plus tard, personne, ni la communauté des investisseurs ni le régulateur, n’est en mesure de proposer une définition claire de la durabilité. Et au bout du compte, l’essentiel de la définition de l’investissement durable repose sur les épaules des gérants d’actifs.
Il est à craindre que les investisseurs finissent par bouder le durable ou, du moins, qu’ils lui accordent moins d’importance dans leurs décisions d’investissement.
En raison de la disparité des approches et des produits, l’univers de l’investissement durable apparaît comme fragmenté et nébuleux. Cette situation prête à confusion, d’autant plus que le diable se cache souvent dans les détails. Par conséquent, séparer le bon grain de l’ivraie relève du défi, tant pour les sélectionneurs de fonds que pour les investisseurs. Cette faible lisibilité accroît considérablement le risque que des stratégies visant l’écoblanchiment (donc aux ambitions ESG limitées) finissent par se trouver à concourir aux côtés de fonds véritablement durables. Par ailleurs, il est à craindre que les investisseurs finissent par bouder le durable ou, du moins, qu’ils lui accordent moins d’importance dans leurs décisions d’investissement.
Le marché de l’investissement durable a donc un besoin urgent d’une transparence et une clarté accrues. Mais comment restreindre la part de la subjectivité dans l’analyse des stratégies durables? Comment afficher clairement la qualité ESG d’un portefeuille sans avoir à entrer dans les détails? C’est à ce stade que l’investissement d’impact prend tout son sens.
Intentionnel et mesurable
L’investissement d’impact peut apporter de la transparence de différentes manières. Son principal atout réside dans son «intention» qui est généralement claire. Un fonds d’impact ne vise pas seulement la performance financière, il cherche également à avoir un effet mesurable sur le plan social ou environnemental (selon le Global Impact Investing Network ou GIIN, 2024). Ses deux caractéristiques distinctives sont donc l’intention et la mesurabilité.
Que faut-il entendre par «intentionnel»? Cela signifie que le fonds doit être axé sur l’objectif d’apporter une contribution positive à l’environnement ou à la société. Il n’investira donc que dans des entreprises qui œuvrent directement et de manière vérifiable dans ce sens. Dexcom, leader dans le secteur des systèmes de surveillance continue de la glycémie pour la gestion du diabète, en est un parfait exemple. Les capteurs de Dexcom permettent aux patients de suivre en permanence leur glycémie, ce qui les aide à prendre les bonnes décisions à tout moment tant sur le plan de leur alimentation que sur ceux de leur activité physique et de leur traitement médical. En contribuant de manière directe à la prévention des complications liées au diabète, Dexcom offre des avantages manifestes pour la santé des êtres humains.
Si la prise en compte des critères ESG est souvent envisagée comme une démarche visant à limiter les risques, l’impact est plutôt vu sous l’angle de l’opportunité. Mais dans un cas comme dans l’autre, ils doivent être mesurables. Cela permet de s’assurer que les conséquences de ces investissements ne sont pas simplement accessoires, mais qu’elles peuvent être explicitées en partant d’informations concrètes ou d’évaluations fiables, ce qui est plus facile à dire qu’à faire.
Mesurer: un exercice acrobatique
Pour les fonds d’impact de type «private equity», mesurer leur impact direct est relativement aisé. Ces véhicules sont souvent focalisés sur des petites entreprises dont il est assez facile de mesurer les incidences, qu’elles soient positives ou négatives. En revanche, cet exercice devient beaucoup plus acrobatique lorsqu’il s’agit de grandes entreprises cotées en bourse.
A l’instar de ce que l’on observe dans de nombreuses stratégies durables, on pourrait se contenter de baser l’analyse sur les «meilleures pratiques» dont se targuent les entreprises, sur leurs politiques ESG ou sur leurs engagements. Mais ces indicateurs sont par trop subjectifs. Ainsi, les grandes compagnies pétrolières ont beau clamer leur intention d’arriver au «zéro émission nette» d’ici à 2050, pour l’heure, rares sont ceux qui pensent que ces entreprises ont leur place dans un fond d’impact, et ce quelles que soient leurs promesses.
Pour éviter ce type de situations, l’évaluation de l’impact de ces grandes entreprises cotées en bourse devrait se centrer sur des éléments concrets et objectifs. Il faudrait examiner tous leurs produits et services pour déterminer s’ils apportent des solutions aux problèmes environnementaux et sociétaux (contribution positive) ou si, au contraire, ils les aggravent (contribution négative). Il va de soi qu’une stratégie d’impact ne pourrait investir que dans les entreprises dont la contribution nette est positive.
En outre, elle devrait également vérifier que leur activité est cohérente avec les objectifs fixés par des instances reconnues telles que le «Global Impact Investing Network» ou les Nations unies (Objectifs de Développement Durables ou ODD). Cet alignement des objectifs se mesure de préférence au moyen de l’analyse des sources de revenus des entreprises ou de leurs dépenses d’investissement et de R&D, ou encore par le biais d’autres indicateurs spécifiques aux secteurs concernés.
L’impact à l’état pur
Grâce à ses deux atouts que sont l’intention et la mesurabilité, l’investissement d’impact propose de réelles solutions aux défis environnementaux et sociétaux. De ce fait, ses objectifs et sa qualité sur le plan des critères ESG sont supérieurs à ceux des fonds durables ordinaires. Et même si les stratégies durables peuvent inclure un certain nombre d’entreprises à impact, ces dernières ne représentent en général qu’une petite partie de leurs portefeuilles. Au contraire, les stratégies d’impact investissent exclusivement dans des entreprises qui apportent un changement positif, ce qui leur permet d’atteindre un degré élevé de «pureté» sur le plan de leur objectif d’investissement.