Gestion remarquable des gérants small cap US en 2020

Salima Barragan

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Lyxor publie les résultats de son rapport Active/Passive Navigator. Avec Vincent Denoiseux (photo) et Jean-Baptiste Berthon.

Vincent Denoiseux, responsable recherche et solutions ETF.

Quels sont les gérants qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu en 2020? Selon les résultats du rapport Active/Passive Navigator, fraîchement publié par Lyxor, les gérants des fonds de petites capitalisations américaines ont confirmé leurs capacités d’adaptation dans un marché difficile, puis dans ce que certains qualifient de «most hated rally». Le point avec Vincent Denoiseux, responsable recherche et solutions ETF et Jean-Baptiste Berthon, stratégiste senior de la recherche Cross Assets.

Symptomatique des marchés volatils, les fonds sur les actions ont perdu des encours dans la première moitié de l’année 2020. Vincent Denoiseux nuance cependant: les sorties d’argent sur les trackers d’indices étaient nettement moins élevées que lors de la grande crise financière en 2009, puis se sont retournées pour se métamorphoser en collectes record en novembre 2020. 

«Le niveau de stress en février et mars, puis l’accalmie
qui suivit a été très difficile à gérer pour les gérants actifs.»

Les décalages des confinements ont créé des dispersions conséquentes dans la reprise des indices boursiers régionaux mais aussi des styles de gestion, sources de génération d’alpha pour des gérants talentueux. «Le niveau de stress en février et mars, puis l’accalmie qui suivit a été très difficile à gérer pour les gérants actifs», relève-t-il. Mais les fonds de petites capitalisations boursières américaines surperforment largement leur benchmark.

Pourquoi les gérants de l’espace des small cap s’en sortent-ils mieux? Le spécialiste, qui a observé des écarts-types considérables entre les performances des différents styles de gestion, estime que cet univers qui est moins liquides et moins couvert par les analystes, offre de meilleures opportunités d’arbitrage: «L’année a été exceptionnelle pour cette classe de fonds qui a bénéficié d’un impact porteur magnifié. Les gérants ont surperformé leur benchmark car ils ont su sortir rapidement des secteurs impactés par la crise, protéger leurs portefeuilles durant la baisse et profiter ensuite du mouvements haussiers», répond-il.

Du côté des gestionnaires de fonds obligataires, l’exercice a été périlleux après l’effondrement des taux et la crise de liquidité en février-mars. «Au fort de la crise, on a assisté à un bain de sang sur les fonds d’obligations souveraines. Ceux qui se concentrent sur les actifs souverains américains ont ensuite regagné du terrain en jouant la pentification de la courbe et la hausse de l’inflation, et en investissant dans les municipal bonds», analyse Jean-Baptiste Berthon. Dans la même veine, les fonds obligataires diversifiés américains ont aussi bien tenu. Le segment de l’Investment Grade a terminé l’année en ligne avec les benchmarks, car «les gérants ont su arbitrer avec succès les élections américaines et le plan de dépenses d’infrastructure», poursuit-il. A l’inverse, les gérants High Yield ont déçu, un positionnement prudent ne leur a pas permis de profiter pleinement de la compression ininterrompue des spreads de crédit.

«Battre le resserrement des spreads de crédit,
écrasant la dispersion sur son passage, a été très difficile.»

Pendant ce temps, sur le Vieux-Continent, les gérants européens souverains ont souffert de plusieurs faux départs qui ont neutralisé les tendances naissantes. L’enthousiasme suscité notamment par le fonds de relance européen a été douché par les complexités des rouages politiques de la zone euro. De plus, les stratégies sur les obligations d’entreprises ont été à la peine vue la faible dispersion des spreads de crédit, tant entre secteurs qu’entre pays, y compris entre les pays dits périphériques et le noyau européen. Les gérants sur le High Yield en Europe ont également déçu lors du deuxième semestre. «Battre le resserrement des spreads de crédit, écrasant la dispersion sur son passage, a été très difficile», reconnaît le spécialiste. 

Pour finir, la palme d’or de la gestion obligataire revient aux gérants de dette émergente qui ont brillé toute l’année durant grâce à un «market timing» opportun, une migration dans la qualité des instruments pour augmenter le rendement, un basculement des obligations souveraines vers la dette d’entreprises souvent plus profitable, et enfin, une bonne sélection des titres. Très en retard sur le cycle comparé au reste de l’Asie, la zone EMEA (Europe, Middle East, Afrique), s’est également distinguée en termes de performance relative.

«Pour 2021, les conditions de trading resteront délicates, il sera difficile de séquencer les reprises régionales et sectorielles, tout en maîtrisant les risques liés à l’abondante liquidité et ses effets de bulle», estime Jean-Baptiste Berthon qui encourage une plus grande sélectivité dans les allocations, avec d’un côté, les fonds actifs portés par un potentiel d’alpha structurel, notamment dans les small-cap US, les marchés émergents, le Japon, ou la technologie chinoise. Et de l’autre, des indices sur les marchés les plus efficients et donc difficile à battre, comme dans les grandes capitalisations boursières américaines, ainsi que les actifs sensibles aux tendances séculaires telles que les énergies renouvelables et la digitalisation.

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