Genres: 3 raisons à l’écart d’investissement

Emmanuel Garessus

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L’héritière présomptive de Carmignac et une directrice de banque cantonale partagent leurs propositions sur le «Gender Investment gap».

©Keystone

L’écart d’investissement (Gender investment gap) entre les femmes et les hommes reste majeur même s’il tend à se réduire, si l’on en croit les récentes études. Par exemple, le gérant de fortune digital britannique Nutmeg indique par exemple que 43% de ses clients sont des femmes, contre 33% en 2017 et 24% en 2013. Si la tendance semble au resserrement de la différence, l’industrie financière avoue que le chemin sera encore très long, ainsi que le révèle une table ronde organisée sur ce thème par le gérant d’actifs Carmignac et la Banque cantonale des Grisons.

Les causes des différences comportementales sont de trois ordres, déclare Maxime Carmignac, Managing Director de Carmignac UK, présentée dans les médias comme l’héritière du gérant d’actifs du même nom. Premièrement, «en matière d’investissements, les femmes s’intéressent d’abord au «pourquoi» de l’investissement et les hommes au «comment», déclare-t-elle.

La deuxième raison tient à une moindre confiance des femmes à l’égard des investissements financiers et à une plus grande retenue que les hommes. Celle-ci résulte souvent d’une moindre affinité avec la matière. C’est pourquoi elles privilégient les produits simples et transparents, ajoute Maxime Carmignac.

Enfin, troisième raison, les femmes pensent avant tout au long terme et adoptant une réflexion plus holistique que les hommes, avance Maxime Carmignac. Lorsqu’elles investissent, elles intègrent davantage des considérations sur la famille et la durabilité de leurs placements. Les hommes sont, eux, plus orientés sur le court terme, et, à avis, sur l’effet d’adrénaline qu’il procure.

Martina Müller-Kamp, membre de la direction générale de la Banque Cantonale des Grisons, corrobore cette appréciation. La moindre confiance des femmes envers les produits financiers les pousse à épargner davantage et, par exemple, à privilégier les obligations aux actions. La conséquence de cet écart est une moindre performance de placement. Un revenu inférieur conduit aussi à un investissement financier plus modeste, donc à une moindre expérience avec le négoce et les produits financiers.

La solution à cet écart passe par l’éducation à la finance afin d’inciter les femmes à investir tôt. «Elles doivent mieux comprendre le pouvoir des intérêts composés et jouer avec ceux-ci», lance Maxime Carmignac.

Maxime Carmignac prend un exemple, le cas théorique de Jean et de Sophie. Jean investit 200 euros par mois dès ses 25 ans et jusqu’à 45 ans (15 ans d’épargne). A sa retraite, il aura 179’000 euros à 65 ans. Sophie investit 200 euros par mois à partir de 40 ans et jusqu’à 65 ans (25 ans d’épargne). A la retraite, son épargne vaudra 120’000 euros. Le rendement (intérêt) est de 5% par an). Au total, Sophie aura épargné davantage (60’000 contre 36’000), mais l’avoir de vieillesse de Jean sera de 50% supérieur à celui de Sophie. Il est donc crucial d’épargner tôt.

L’industrie financière devrait saisir l’opportunité et mieux répondre aux besoins spécifiques des femmes, selon les deux interlocutrices. Pour Maxime Carmignac, il ne s’agit pas de proposer des fonds qui n’investiraient par exemple que dans des sociétés dirigées par une femme, mais plutôt d’investir tôt dans des blue chips connues. Et surtout de faire un effort supplémentaire en matière de formation, de sensibilisation, notamment à travers des événements. Les femmes ont besoin de conseils spécifiques plutôt que de produits spécifiques, conclut Martina Müller-Kamp.

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