France: la récession? Quelle récession?

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La vigueur de l’activité intérieure permet aux entreprises d’augmenter modérément leurs prix, et les tarifs des services devraient donc augmenter.

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Europe, automne 2019: face à l’Allemagne sans doute en récession, la France fête son plus bas taux de chômage depuis janvier 2008. Le pays est-il juste un «cyclique tardif» qui finira par subir le même ralentissement que l’Allemagne ou la Suisse, ou son économie résiste-t-elle mieux aux remous internationaux que ses voisins plus exportateurs? Les derniers résultats d’enquêtes, tel l’indice des directeurs d’achats de l’industrie manufacturière et des services, dénotent une expansion continue des deux secteurs. Comme en Allemagne, les nouvelles commandes à l’export des industriels français sont récemment remontées, ce qui dément l’hypothèse d’un impact décalé du ralentissement de la demande mondiale sur la France. Contrairement au voisin allemand, les intentions d’embauches restent élevées, et l’INSEE a publié une amélioration de la confiance des ménages sur toute l’année. Ceux-ci jugent le marché du travail et les perspectives financières favorables à des achats importants. Contrairement à l’Allemagne, le gouvernement utilise sa marge de manœuvre budgétaire, ce dont profite aussi le moral des ménages. Dans le projet de budget remis à Bruxelles, il prévoit de baisser les impôts des particuliers d’environ 0,4% du PIB. La croissance de la demande intérieure devrait donc préserver la France de la récession.

La tension du marché du travail devrait entraîner
une hausse des salaires en 2020.

Nos prévisions d’inflation restent de nouveau inchangées. La vigueur de l’activité intérieure permet aux entreprises d’augmenter modérément leurs prix si elles le souhaitent, et les tarifs des services devraient donc augmenter. La tension du marché du travail devrait entraîner une hausse des salaires en 2020. Comme ailleurs, l’effet de base de la baisse des prix du pétrole fin 2018 fera grimper temporairement l’inflation totale annuelle. Celle de la France devrait selon nous atteindre un pic aux alentours de 1,8% d’ici à février 2020.

Poussée d’inflation temporaire en Allemagne

L’office allemand des statistiques publiera le 14 novembre les chiffres préliminaires du PIB du troisième trimestre, très attendus en cela qu’ils confirmeront probablement que l’Allemagne est en récession technique, avec deux trimestres d’affilée de contraction de son PIB réel. Nous pensons actuellement que le PIB allemand aura encore perdu 0,2% au troisième trimestre, une mauvaise nouvelle pour le moral des ménages, tombé à son plus-bas depuis avril 2017. Les derniers résultats des enquêtes pour le dernier trimestre 2019 montrent que cette légère récession pourrait perdurer au moins jusqu’à la fin de l’année. Les retombées du secteur manufacturier vers d’autres activités domestiques comme le fret commencent à se faire sentir. Les entreprises allemandes continuent de réduire leurs investissements et leurs projets d’embauches, ce qui devrait affecter la demande intérieure en 2020. Les stabilisateurs automatiques comme les allocations de chômage devraient modérer l’impact sur l’activité économique, mais la coalition au pouvoir refuse toujours d’utiliser sa vaste marge de manœuvre budgétaire. Toutefois, les dernières enquêtes auprès des entreprises incitent à l’optimisme pour 2020, avec une timide hausse des nouvelles commandes à l’export dans l’indice PMI, et une légère amélioration des prévisions des entreprises de l’automobile dans l’enquête Ifo.

Octobre sera le dernier mois avant longtemps à connaître une inflation annuelle inférieure à 1%. L’effet de la baisse des prix de l’énergie l’an dernier fera bondir l’inflation totale de 0,7% en octobre à 2,3% d’ici à mars 2020. Si l’on peut s’attendre à ce que les médias évoquent abondamment cette flambée (temporaire), elle ne devrait pas troubler les décideurs politiques. Sachant que la croissance de la zone euro est inférieure à son potentiel, les probabilités d’accélération de l’inflation restent modérées pour l’avenir proche.

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