France, bonne résistance aux risques extérieurs

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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Sur 2019-2020, la croissance anticipée française est un peu plus élevée qu’en Allemagne.

©Keystone

Depuis la fin de la Grande Récession en 2010, la croissance française a accusé un retard moyen de 0,5 point par an vis-à-vis de l’Allemagne. Parmi les causes de cette sous-performance, on cite en général le manque de compétitivité de la France, son mauvais positionnement à l’export, la rigidité du marché du travail, et une contrainte budgétaire plus resserrée. Cet écart s’est comblé en 2017-2018. Sur 2019-2020, la croissance anticipée est un peu plus élevée qu’en Allemagne. L’économie française semble avoir gagné en flexibilité ces dernières années, réformes aidant, mais divers problèmes structurels demeurent (chômage, dette).

Même plombé par l’épisode des «gilets jaunes»,
le climat des affaires s’est plutôt bien tenu.

Tous les pays de la zone euro ont enregistré depuis un an un tassement de leur rythme de croissance, et la France ne fait pas exception. Toutefois, l’activité a mieux résisté que dans les autres pays, surtout l’Allemagne, ce qui est d’autant plus remarquable que le climat social était mauvais durant la majeure partie de cette période. Selon le consensus, les perspectives de croissance sont un peu meilleures en France qu’en Allemagne, ce qui est inédit depuis la grande crise financière (premier graphique ci-dessous). Cette situation reflète en partie l’exposition de chaque pays aux risques extérieurs. A ce compte, l’Allemagne apparaît bien plus pénalisée que la France par les incertitudes touchant aux échanges (Chine, Trump, Brexit) et se trouve de surcroît handicapée par un large secteur automobile en pleine crise. Mais on ne saurait tout mettre sur le compte de la relative fermeture de l’économie française. 

Même plombé par l’épisode des «gilets jaunes», le climat des affaires s’est plutôt bien tenu, y compris dans le secteur industriel. Les entreprises n’ont pas gelé les embauches et encore moins réduit leurs effectifs, bien au contraire. Les banques n’ont pas resserré leurs standards de crédit ou freiné la croissance de leurs prêts au secteur privé. Depuis quelques années, les gouvernements ont ébauché un mouvement de réformes en vue de rendre le marché du travail plus fluide et la fiscalité sur les sociétés moins lourde. On n’ira pas jusqu’à affirmer que cela a rendu l’économie française plus apte à encaisser les chocs exogènes, mais c’est une hypothèse qu’on ne peut pas écarter. Si l’on en juge par le rythme des créations d’entreprises, il est clair en tout cas que l’économie française a été remise dans la bonne direction (second graphique ci-dessous).

L’écart qui s’est creusé avec l’Allemagne
à la suite de la crise financière ne s’est pas du tout réduit en deux ans.

Restent de lourds problèmes structurels à corriger. Dans ces domaines, l’écart qui s’est creusé avec l’Allemagne à la suite de la crise financière ne s’est pas du tout réduit en deux ans. Entre les deux pays, 40 points de PIB séparent les ratios d’endettement public et plus de 5 points pour les taux de chômage.

France/Allemagne: perspectives de croissance à un an

 

France: créations d’entreprises
Sources: Consensus Inc, INSEE Oddo BHF Securities

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