Draghi a soigné sa sortie en attendant le FOMC

Axel Botte, Ostrum AM

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La réunion de ce jour du Comité monétaire de la banque centrale américaine constitue une échéance importante pour les marchés financiers.

©Keystone

La BCE s’est montrée plus accommodante que prévu au début du mois lors de sa réunion de politique monétaire en Lituanie. La politique monétaire actuelle reste donc inchangée mais le paramétrage des prochains TLTRO-III comprend un mécanisme incitatif très favorable aux banques de la zone euro. Ces prêts à 2 ans seront à taux variable. Au maximum, les banques payeront le taux refi augmenté de 10pb. Au minimum, le taux s’établira 10pb au-dessus du taux de dépôt. Les banques dont l’encours net des prêts est en croissance obtiendront le bonus si les nouveaux crédits nets des remboursements augmentent de 2,5% à l’horizon de mars 2021.

Une baisse du taux de dépôt n’est pas exclue
selon les propos de Mario Draghi.

Pour les institutions bancaires, italiennes et espagnoles notamment, dont les crédits nets se réduisent, le bonus est conditionné à une inflexion du même ordre de la tendance baissière. Il est donc probable que la plupart des entités empruntant auprès de la BCE bénéficieront du taux minimum égal au taux de dépôt plus 10pb. Il est à noter qu’une baisse du taux de dépôt n’est pas exclue selon les propos de Mario Draghi. En outre, un mécanisme de tiering des réserves bancaires permettrait de limiter l’impact d’une baisse des taux sur les marges. Le seul risque pour la BCE serait un manque d’intérêt des banques allemandes et françaises réduisant l’encours global des TLTRO (et son bilan) à partir de septembre poussant l’euro à la hausse. Cela dépendra évidemment de la réponse de la Fed.

Les intervenants s’accordent
sur une réduction des Fed Funds de 75pb à l’horizon d’un an.

Le FOMC d’aujourd’hui constitue une échéance importante pour les marchés financiers. Les intervenants s’accordent sur une réduction des Fed Funds de 75pb à l’horizon d’un an. Beaucoup ont conclu que la petite phrase de Jerome Powell promettant une action «appropriée» préfigurait une baisse des taux. Il s’agirait d’une réaction à l’accès de faiblesse des marchés financiers en mai et à la guerre commerciale. L’emploi ralentit et la croissance du deuxième trimestre 2019 sera sensiblement inférieure au 3% du premier trimestre. Cela étant, le potentiel de croissance estimé par la Fed est de 1,75%. Le ralentissement en cours est simplement conforme au retour au potentiel. Le risque est double pour Powell: apparaître trop accommandant au mépris de son mandat et des risques d’instabilité financière ou provoquer une rechute des marchés en gardant le cap du statu quo annoncé en mars. L’indépendance de la Fed est relative d’autant que l’évolution annoncée du bilan prévoit une reprise des achats nets de Treasuries dès le mois d’octobre. Un scénario accommodant reste donc privilégié. Certes la crise mexicaine a trouvé une issue favorable mais l’escalade des tensions commerciales sino-américaines constitue un risque persistant de volatilité sur les marchés.

Au Royaume-Uni, Boris Johnson, pressenti pour succéder à Theresa May, annonce ne pas vouloir régler les engagements britanniques vis-à-vis de l’UE durant la période de transition. Le non-paiement de plus de 44 milliards d’euros ne constituerait pas un défaut selon les agences de notations. La France ne l’entend pas de cette oreille.

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