Les marchés ont retrouvé des couleurs en mai après un mois d’avril un peu difficile pour les actifs risqués, avec un constat qui ne change pas: le climat est beaucoup plus favorable lorsque les taux américains sont orientés à la baisse, comme cela a été le cas au cours du mois dernier.
L’inflation américaine, sortie pour une fois en ligne avec les attentes, a aidé à calmer les marchés obligataires, mais ceux-ci ont surtout été rassurés par des nouvelles relativement négatives en provenance de la conjoncture américaine. La grande majorité des chiffres a, en effet déçu avec des ventes au détail qui ne progressent pas, des chiffres d’ISM en forte baisse ou encore des chiffres de confiance qui se dégradent (Conference Board, Université du Michigan). Comme nous l’avions mentionné précédemment, nous sommes probablement à la fin des révisions haussières concernant la croissance américaine.
Est-ce que pour autant, cela signifie qu’une récession est à venir? La réponse est clairement non de notre côté en raison d’un marché du travail toujours tendu (même s’il l’est de moins en moins), d’un effet richesse qui soutient la consommation et d’une politique budgétaire toujours très accommodante. Cette dernière engendre des émissions toujours aussi importantes, dont certaines sont d’ailleurs, moyennement reçues par les investisseurs comme cela a été le cas lors des dernières semaines. Là encore, nous ne sommes pas vraiment inquiets, les facteurs techniques restant dans des bornes historiques.
Les marchés actions ont aussi été soutenus par des résultats des entreprises globalement encourageants de part et d’autre de l’Atlantique. Nvidia en particulier, a encore une fois été la locomotive des marchés américains: au 5 juin, le S&P 500 était en hausse de 9,57% et la moitié de cette hausse est attribuable à la seule société Nvidia. Plus globalement, nous assistons pour la première fois depuis le début de l’année à des révisions haussières concernant les bénéfices européens en 2024.
En zone euro, les bonnes nouvelles se poursuivent avec une confirmation de l’accélération de la croissance euro. Les PMI, le ZEW ou encore l’IFO indiquent un rythme de croissance trimestrielle autour de 0,3% - 0,4%, ce qui est bien meilleur que la croissance nulle enregistrée en 2022. Les révisions haussières devraient ainsi se poursuivre, comme cela a été le cas pour la BCE lors de sa dernière conférence de presse, ce qui constitue en général un facteur de soutien aux marchés actions et aux spreads de crédit. Il faut d’ailleurs signaler que les bonnes nouvelles ne concernent pas que la zone euro puisque la majorité des grandes économies voient leur croissance accélérer à l’heure actuelle.
Les banquiers centraux, de leur côté ont globalement tenu des discours plutôt accommodants avec des baisses de taux au Canada, en zone Euro ou en Suède. Au-delà de la baisse de taux, la BCE a aussi paru rassurée par les dernières données d’inflation salariale reçues lors du premier trimestre et a abaissé ses prévisions de hausses de salaire.
La baisse du pétrole nous semble être un facteur de soutien pour les marchés à court terme.
La réunion de l’OPEC s’est soldée par un maintien des baisses de production de pétrole, comme attendu par les marchés. Au-delà de cette décision, les investisseurs ont été rassurés par la possibilité de voir ces baisses de production diminuer à l’automne. Couplée aux chiffres de croissance américains décevants, cette réunion a eu un impact significatif sur l’or noir, qui a baissé de -8% depuis fin avril. Là encore, cette baisse nous semble être plutôt un facteur de soutien pour la croissance et pour les marchés dans les semaines qui viennent. Le graphique sur la gauche montre aussi la forte corrélation entre le prix du baril et les obligations américaines à 10 ans.
De ce fait, la dynamique en place depuis le début de l’année ne nous semble pas devoir être remise en cause: le risque inflationniste est perçu comme faible à moyen terme, ce qui permet aux parties longues de la courbe de rester assez calmes, avec une volatilité orientée à la baisse. Et ce calme relatif des marchés obligataires permet à tous les actifs risqués de poursuivre leur rebond. Ce risque inflationniste nous semble toutefois toujours sous-évalué, surtout aux États-Unis, raison pour laquelle nous conservons des positions sur les points morts d’inflation en couverture de portefeuilles toujours bien investis.
Perspectives pour les mois de juin et juillet
Les élections européennes viennent de livrer leur verdict avec sans doute une période de plus grande nervosité jusqu'aux élections françaises. Cela ne change toutefois pas pour le moment notre vision plutôt constructive à moyen terme en raison de perspectives de croissance qui s'améliorent et de banques centrales qui, graduellement commencent à baisser leurs taux directeurs..