Devises: l'heure de générer de l'alpha est venue

Mark Astley, Millennium Global Investment

2 minutes de lecture

La confluence géopolitique et l'environnement de marché actuels sont favorables à la génération d'alpha sur les devises.

Le grand défi de la construction de portefeuilles, ce sont les modifications de l’environnement de marché et l’adaptation qu’elles induisent. De manière analogue à un capitaine de paquebot naviguant en haute mer, en période de calme et de beau temps, il est essentiel d'orienter le navire pour se concentrer sur la vitesse et une direction claire vers sa destination. En revanche, par temps de tempête, la stabilité devient primordiale et un chavirage doit être évité à tout prix.

Dans le contexte de la gestion d'actifs, l'avantage d'adopter une stratégie d'alpha sur les devises est qu’elle vise justement ces deux objectifs. D’un côté, elle fournit de l'alpha pour atteindre les objectifs de rendement du portefeuille et, de l’autre, elle contribue à la stabilité du portefeuille grâce à ses caractéristiques de décorrélation en période de marché chaotique et baissier.

Depuis 2008, les décideurs politiques se sont engagés dans l'injection massive de liquidités sur les marchés avec l'objectif initial de sauver le système financier et, par la suite, de stimuler l'activité économique. Cette politique a été amplifiée et accélérée pendant la pandémie de Covid-19, l'activité économique s'étant effondrée dans des proportions jamais atteintes depuis les années 1930.

Les devises réagissent à des facteurs différents de ceux des actions et des titres à revenu fixe.

Cette réponse politique a eu pour conséquence d'élever les prix des actifs financiers à des niveaux sans précédent dans de nombreux pays. Les valorisations des marchés d'actions ont atteint des niveaux stratosphériques. Ces valorisations étant élevées, les rendements de ces actifs devraient être proportionnellement plus faibles dans les années à venir. En outre, le contexte géopolitique mondial reste instable et, par conséquent, les investisseurs sont désormais bel et bien confrontés à un environnement très incertain en matière de rendements.   

La question se pose donc de savoir quel actif reste intéressant à court, moyen et long terme dans cet environnement chaotique et baissier. Quatre points essentiels sont à prendre en compte: privilégier les investissements axés sur l'«alpha»; rechercher des investissements qui ont une corrélation négative avec les classes d'actifs traditionnelles; investir dans des stratégies à haute liquidité, car la capacité de désinvestir à court terme est primordiale dans un monde de plus en plus incertain.

Il se trouve que les stratégies de recherche d’alpha dans les devises – currency alpha – remplissent l’ensemble de ces critères.

Dans les faits, les stratégies d'alpha monétaire impliquent de négocier tactiquement des expositions aux devises, à la fois longues et courtes, afin d'exploiter les tendances des devises et de générer des rendements totaux non corrélés aux classes d'actifs traditionnelles et alternatives. L'exploitation des primes de risque observées sur les paires de devises et l'extraction de valeur à partir d'une analyse des prix des options sur devises sont deux façons uniques de fournir de l'alpha.  

Par ailleurs, les devises réagissent à des facteurs différents de ceux des actions et des titres à revenu fixe. Les facteurs du marché des devises se déplacent et évoluent dans le temps, en fonction des fondamentaux, et les monnaies sont à l'épicentre des tendances géopolitiques et macroéconomiques mondiales.

Enfin, les marchés des devises sont de loin les plus liquides de tous les actifs financiers et, par conséquent, la capacité à sortir des positions et à gérer les risques des portefeuilles y est sans égale. Selon les chiffres de la Banque des règlements internationaux, le chiffre d'affaires du marché mondial des devises s'élève à 6600 milliards de dollars chaque jour (dernière enquête d'avril 2019). À titre de comparaison, celui des obligations d'État mondiales sont estimées à 1400 milliards (2018) et celui des actions mondiales à 262 milliards (World Federation of Exchanges 2018).