Le dollar se présente toujours comme un actif de choix dans un environnement de marché aux risques multiples.
EUR: NERVOSITÉ POLITIQUE
Les élections européennes à la mi-juin et la dissolution de l’Assemblée nationale par le président français Emmanuel Macron qui a suivi, ont marqué le retour de l’incertitude politique en France. Les épisodes de montée des partis populistes ont historiquement pesé sur l’euro à l’image des élections italiennes de 2018 ou encore françaises de 2022. L’annonce d’élections législatives en France n’a pas dérogé à la règle, même si le mouvement est resté limité au regard du sursaut observé sur le spread OAT-Bund qui a atteint son plus haut niveau depuis l’élection française de 2017.
En effet, le principal risque lié à ces élections législatives se situe aujourd’hui surtout du côté de la trajectoire fiscale, et non plus sur une possible sortie de l’euro de la France. Idée qui s’est peu à peu évaporée des programmes des partis les plus populistes sur l’échiquier politique français. Dans le même temps, malgré la surprise haussière en mai, la situation de l’inflation apparaît plus confortable qu’outre-Atlantique, ce qui a permis à la BCE de procéder à sa première baisse de taux en juin, ce qui devrait également continuer à peser sur l’euro.
USD: LE MEILLEUR DES DEUX MONDES
Au contraire, le dollar s'est apprécié en juin (avant de céder du terrain depuis une semaine) sous l'impulsion d’une Fed plus hawkish, qui demeure un cas de plus en plus isolé à l’heure où la course à la baisse des taux est bien engagée au niveau des banques centrales développées, et d’une certaine aversion au risque européen des marchés. Le billet vert conservant en plus son avantage en termes d’attractivité des taux de rendement. Nous continuons de voir le dollar comme un actif de couverture pertinent au sein de nos portefeuilles, celui-ci offrant une protection contre les principaux risques à notre scénario. Parmi ces risques, celui d’une rigidité plus prononcée de l’inflation américaine qui pousserait la Fed à retarder le début de son cycle de baisses des taux nous apparaît comme le scénario alternatif le plus crédible, et ce malgré un chiffre de mai très rassurant. Le dollar pourrait par ailleurs profiter de son statut de valeur refuge en cas de ralentissement plus prononcé de l’économie américaine, qui impliquerait davantage d’aversion au risque du côté des investisseurs, mais également dans un contexte de risque géo(politique) latent, d’autant plus avec les élections américaines qui approchent et pourraient mettre sur le devant de la scène le sujet des tarifs sur les importations.
CHF: RETOUR EN GRÂCE
Après avoir fortement reculé depuis le début de l’année, sur fond d’une inflation en forte décélération et d’une Banque nationale suisse (BNS) qui s’est avérée être la première banque centrale développée à baisser ses taux en mars, le franc suisse s’est fortement repris. Un rebond qui fait notamment suite à des commentaires du président de la BNS fin mai suggérant un possible soutien à la devise afin de lutter contre l’inflation importée. L’incertitude politique en zone euro et le dénouement de positions de portage ont également orienté les flux des investisseurs vers le franc suisse et son statut de valeur refuge. Dans les prochaines semaines, le franc suisse pourrait continuer à bénéficier du climat politique dégradé en Europe, mais le faible niveau d’inflation, en comparaison aux autres grandes économies, et un cycle de baisses de taux bien engagé devraient également peser sur ce dernier.