Le concept d'un «accord de Mar-a-Lago» fait référence à un accord politique visant à affaiblir le dollar américain, similaire au Plaza Accord de 1985, qui avait été un effort coordonné des pays du G5 afin de dévaluer le dollar américain par rapport au yen japonais et au mark allemand. Le Plaza Accord a eu des résultats mitigés. Il a certes permis de dévaluer le dollar d'environ 50% et de réduire le déficit commercial des Etats-Unis avec l'Europe occidentale, mais il n'a pas réussi à réduire le déficit avec le Japon et a au contraire provoqué un ralentissement de la croissance dans ce pays, préludant à la tristement célèbre «décennie perdue» japonaise.
Les instruments politiques visant à affaiblir le dollar américain, comme les interventions sur le marché des changes, les ajustements des taux directeurs des banques centrales, les promesses de consommation ou les réductions forcées des entrées de capitaux, présentent tous des limites, telles que des risques pour les partenaires commerciaux ou une remise en question de la confiance dans les autorités monétaires ou dans le marché des bons du Trésor.
Les Etats-Unis devraient plutôt explorer l’utilisation d’instruments unilatéraux pour affaiblir le dollar ou pour faire pression sur leurs partenaires, afin qu'ils modifient leur politique.
Toutefois, si les actions sont entreprises de manière unilatérale, un affaiblissement délibéré du dollar américain est effectivement possible. Un dollar américain plus faible s'alignerait bien sur le programme protectionniste de l'administration Trump, mais il pourrait également entrer en conflit avec d'autres objectifs politiques, tels que la baisse de l'inflation ou le maintien du statut de monnaie de réserve du dollar américain. Cela pourrait également entraîner une dévaluation des devises d'autres pays et accroître les inefficiences économiques.
Bien qu'un «accord de Mar-a-Lago» soit envisageable, la probabilité qu'il se concrétise semble relativement faible. Les Etats-Unis devraient plutôt explorer l’utilisation d’instruments unilatéraux pour affaiblir le dollar ou pour faire pression sur leurs partenaires, afin qu'ils modifient leur politique. Que ce soit intentionnel ou non, les récentes décisions politiques erratiques des Etats-Unis ont déjà entraîné des effets similaires, le dollar américain ayant perdu environ 6% depuis l'investiture de Donald Trump, dans un contexte d’incertitudes commerciales qui ont fait craindre une stagflation voire une récession aux Etats-Unis, amenant les marchés à anticiper jusqu'à trois baisses de taux directeurs de la Réserve fédérale américaine cette année.