De suiveurs à meneurs

Salima Barragan

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Dans les marchés sous pression, les ETF sont devenus des références de prix, estime Olivier Paquier de J.P. Morgan AM.

Cotés en continu, les fonds indiciels assimilent toute l’information du marché en temps réel. Lors des épisodes de volatilité de mi-mars, les ETF qui ont intégré les valorisations plus rapidement que les marchés obligataires de gré à gré, ont servi de référence de prix. Une première. Eclairage avec Olivier Paquier, directeur de la distribution ETF pour l’Europe chez J.P. Morgan AM.

Jusqu’à la fin du premier trimestre, les ETF sur le crédit sont restés très actifs. «Près de 1’300’000  milliards de dollars ont été échangés, alors qu’en 2019, nous étions sur un volume de 2'600’000 milliards. Lors de la crise, les ETF d’obligations d’entreprises ont continué à avoir du succès», affirme Olivier Paquier. Pourtant cette classe d’actifs a été davantage affectée que les autres lors de la crise du COVID-19. 

«C’est lors des crises que l’on distingue les meilleurs émetteurs
qui ont un bon accès aux sous-jacents.»

La liquidité du marché secondaire du crédit s’étant asséchée, certains émetteurs de fonds passifs négociés en bourse ont dû vendre une partie de leurs actifs entraînant des décotes importantes de leurs fonds vis-à-vis des sous-jacents. Ces décotes indiquent deux choses. 

Premièrement, elles découlent en partie d’une insuffisance des gestionnaires. «C’est lors des crises que l’on distingue les meilleurs émetteurs qui ont un bon accès aux sous-jacents. Les petits émetteurs auront plus de chance de décevoir leurs clients», estime Olivier Paquier. 

Mais les décotes démontrent aussi qu’en période de stress, lorsque le marché du crédit d’entreprise – généralement de gré à gré - devient inefficient, les prix des ETF réagissent plus vite aux nouvelles informations. D’où des baisses plus rapides. 

«Lorsque le marché des sous-jacents est stressé, les opérateurs
n’arrivent plus à donner les prix en temps réel.»

«En Europe, 80% des transactions obligataires sont traitées over-the-counter (OTC) et lorsque le marché des sous-jacents est stressé, les opérateurs n’arrivent plus à donner les prix en temps réel», commente Olivier Paquier. Dans les marchés de gré à gré qui sont moins transparents que ceux organisés, les pics de transactions créent des distorsions dans les prix. «Les ETF sont les seuls instruments qui agrègent toutes les données du marché», poursuit-il.

Comme corolaire, les intervenants se sont ainsi référencés sur les prix des ETF qui sont devenus, le temps de la crise, des outils de suivi du marché et des données pour les modèles de gestion des risques qui nécessitent des évaluations en temps réel.

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