Défis et opportunités: le paradoxe des petites/micro-capitalisations européennes

Philip Best & Marc Saint John Webb, Quaero Capital

2 minutes de lecture

Depuis quelques semaines les petites capitalisations européennes semblent se réveiller. Amorce d’un changement de tendance? Retour sur le désamour des small caps.

Les stars ont la cote

L’année 2023 a vu des gains boursiers importants à l’échelle mondiale mais les petites/micro capitalisations européennes n’ont pas profité de cette tendance. Depuis quelques années, la préférence des investisseurs va aux grandes entreprises stars: après les FANG, FAANG, GAFAM, MAMAA, ce sont les «Magnificent 7» qui ont la cote. Les petites capitalisations, moins connues et souvent moins liquides, sont délaissées voire mal aimées. Pourtant, l’»effet petite capitalisation» reste pertinent, comme l’ont démontré Fama et French. Les petites entreprises, souvent plus agiles et à forte croissance, peuvent offrir des rendements supérieurs sur le long terme. Nous l’avons d’ailleurs démontré au sein de notre fonds en petites/micro-capitalisations européennes lancé en mai en 2003.

Décote et des raisons

Actuellement, les petites/micro entreprises se vendent avec une décote par rapport aux grandes capitalisations, en termes de P/BV, P/E, et EV/EBITDA. Plusieurs raisons expliquent cela:

  1. Conditions de financement: Les petites entreprises sont perçues comme plus vulnérables en cas de hausse des taux d’intérêt et de ralentissement économique. Cependant, en Europe, beaucoup de petites entreprises sont moins endettées que leurs homologues américaines.
  2. Rentabilité: Les petites entreprises sont vues comme plus exposées à une baisse de rentabilité en cas de ralentissement économique. Néanmoins, la baisse des bénéfices des petites/micro entreprises européennes en 2023 n’a été que de 10% et nous pensons qu’il est raisonnable d’anticiper une croissance des résultats de 15-20% en 2024.

De nombreuses entreprises, frustrées par leurs faibles valorisations, se retirent de la bourse, souvent avec des primes d’au moins 50%. Cela révèle une valeur «réelle» supérieure à celle attribuée par le marché. 

Pression à la vente et valorisation

Le désintérêt pour les petites capitalisations a entraîné des sorties de fonds massives depuis plusieurs années. Fin 2023, tous les fonds investis dans les petites capitalisations européennes depuis 2012 avaient été retirés. Cette pression à la vente a ramené de nombreux titres à des niveaux de valorisation très bas, offrant des opportunités d’achat à des prix attractifs. De nombreuses entreprises se vendent entre cinq et dix fois les bénéfices de l’année en cours, malgré des bilans solides et des perspectives commerciales favorables.

Retraits de la bourse 

De nombreuses entreprises, frustrées par leurs faibles valorisations, se retirent de la bourse, souvent avec des primes d’au moins 50%. Cela révèle une valeur «réelle» supérieure à celle attribuée par le marché. Cette tendance pourrait inciter d’autres entreprises à se privatiser ou à se vendre à des fonds de private equity. La valorisation actuelle des petites/micro entreprises est jugée insensée par certaines entreprises elles-mêmes, justifiant des retraits de la cote.

Catalyseurs potentiels de revalorisation

La question centrale est de savoir ce qui pourrait inverser la tendance et catalyser une revalorisation des petites/micro entreprises. Plusieurs facteurs pourraient jouer ce rôle:

  1. Nouvelles souscriptions: Des incitations fiscales pourraient encourager de nouvelles souscriptions dans les fonds small cap.
  2. Rachats d’actions: Des plans de rachat d’actions plus ambitieux pourraient soutenir les cours.
  3. Private equity: Un domaine du private equity plus actif pourrait saisir les opportunités offertes par les bas prix actuels.
  4. Retraits de la cote: Un nombre croissant d’entreprises décidant de se retirer de la bourse pourrait également jouer un rôle significatif.

Conclusion

Malgré le désintérêt actuel, les petites/micro entreprises européennes offrent des opportunités attrayantes tant leurs valorisations sont en décalage par rapport à la réalité. Avec des bilans solides et des prix d’achat très bas, le rapport risque/récompense est donc potentiellement très favorable pour les investisseurs. Un changement dans la dynamique des ventes forcées pourrait avoir un effet spectaculaire - pendant la crise financière mondiale, nous avons observé une progression de 60% en neuf mois pour notre fonds en petites/micro-capitalisations européennes. 

En somme, les petites/micro-capitalisations européennes représentent une classe d’actifs négligée mais potentiellement lucrative, offrant des opportunités significatives pour les investisseurs patients et avisés.

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