Croissance US au 1er trimestre 2020: à l’épreuve du COVID-19

John Plassard, Mirabaud Banque

2 minutes de lecture

Douche froide pour l’économie américaine. Une baisse de la croissance du trimestre courant entre -30 et -40% n'est plus à exclure. 

La croissance américaine du 1er trimestre 2020 est extrêmement importante. Une multitude de questions se posent :

  • La croissance du 1er trimestre 2020 pourrait-elle tomber sous les 4%?
  • Une croissance largement en-dessous des attentes du consensus pourrait-elle remettre en question les efforts de la Fed et du gouvernement américain?
  • Une croissance très faible pourrait-elle remettre en question les ambitions présidentielles de Donald Trump?
  • Pourra-t-on déjà anticiper la croissance du deuxième trimestre qui devrait être largement en-dessous de celle du premier trimestre?

Analyse à chaud.

a. Les faits

D'après un rapport gouvernemental aux États-Unis, le PIB américain du premier trimestre 2020, en première lecture, a baissé sur un rythme annualisé de -4,8% en comparaison du trimestre antérieur, contre un consensus à -4% et une croissance de 2,1% au quatrième trimestre 2019. 

C’est la plus faible croissance trimestrielle depuis fin 2008 (-8,4).

C’est bien évidemment l’effondrement de la consommation qui explique en majeure partie cette chute.


L’économie américaine connait ainsi un arrêt de la croissance après 130 mois de hausse (en comptant le mois en cours), ce qui a représenté la plus longue période de croissance ininterrompue depuis le début des relevés statistiques en 1854 (mais aussi la plus faible).

  1. Par composant

Par composant, les contributions à la baisse de la croissance du PIB américain au premier trimestre 2020 ont été les suivants:

  • Consommation personnelle : baisse de -4,8% soit la plus forte baisse depuis 1980
  • Investissements nets (fixed investment) : passent de -0,09% à -0,43%
  • Évolution des stocks : passe -0,98% à -0,53%
  • Commerce (net export) : passe de +0,24% à -1,02%
  • Commerce (net import) : passe de +1,27% à +2,32%
  • Dépenses publiques : passent de +0,44% à +0,13%
  1. Les surprises

Il y a dans le rapport de la croissance d’aujourd’hui plusieurs surprises dont :

  • L'indice des prix rattaché au PIB: l’indice des prix rattaché au PIB a fortement baissé (+1,4%) par rapport au trimestre précédent et au consensus (respectivement 1,8% et 1,8%) et revient ainsi proche de son niveau de mars 2018 (1,1%).
  • La consommation personnelle: la consommation personnelle s’est effondrée à -7,6% contre -1,8% le trimestre précédent et un consensus logé à -3,8%. La statistique revient ainsi à son niveau de juin 1980!
  • L’inflation (PCE): l'indice de prix PCE a augmenté de 1,6% au premier trimestre, à comparer avec une hausse de 1,4% au quatrième. Hors alimentation et énergie, ce taux est passé de +1,3% à +1,8% d'un trimestre sur l'autre (consensus à 1,4%).
  1. Quelles étaient les prévisions?

Si on se réfère au modèle prévisionnel de la Fed d’Atlanta (GDPNow), la croissance du premier trimestre était estimée à «seulement» -1,5%. Le modèle ne prenant pas en compte un évènement du type «pandémie».

Le consensus quant à lui associait entre -0,3% et -7,5% (avec une moyenne à -3,9%).

b. les réactions

Indices : Hausse

Dollar : Baisse

Rendement du 10 ans américain : Légère hausse

Or : Légère baisse

La tendance est «perturbée» (positivement) par une information selon laquelle la molécule remdesivir contre le Covid-19 de Gilead Sciences aurait atteint son objectif principal aux États-Unis.

c. conclusion

C’est bien évidemment une douche froide pour l’économie américaine. Ce d’autant plus que le premier trimestre n’est qu’un «amuse-bouche» avant la publication des chiffres du deuxième trimestre 2020. En effet, lorsqu’on analyse l’effondrement de la consommation (américaine) on ne peut plus exclure à ce stade que la baisse de la croissance du trimestre dans lequel nous nous trouvons se situe entre -30 et -40%. Le gouvernement américain devra ainsi dans les prochaines semaines annoncer de nouvelles mesures de relance. Cela ne devrait cependant pas (encore?) faire basculer les taux d’intérêt (américains) en territoire négatif.

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