Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Ces prochaines semaines, les résultats trimestriels des entreprises seront sous les feux de la rampe: les banques étatsuniennes ont ouvert le bal. Au vu du fort renchérissement des intrants, on scrutera particulièrement l’évolution des marges.

Lever de rideau pour la saison des bénéfices. La grande banque américaine JP Morgan a ouvert la saison des bénéfices du troisième trimestre aux Etats-Unis. Son bénéfice net a progressé de près de 24%, atteignant 11,69 milliards de dollars, mais il intègre toutefois aussi une dissolution de provisions liées à d’éventuels défaillances de crédit à hauteur de 2,1 milliards de dollars. Sans cet effet ponctuel, le bénéfice n’aurait augmenté que de 1,6%. Les investisseurs ont donc réagi avec peu d’enthousiasme aux chiffres annoncés, et l’action a perdu près de 3% de sa valeur. Quant à sa  concurrente Wells Fargo dont les résultats étaient très semblables, son bénéfice trimestriel a crû de 59%, passant à 5,19 milliards de dollars. Mais là aussi, l’effet était surtout dû à la dissolution de provisions de 1,65 milliard de dollars. La principale activité de cette entreprise, les opérations de crédit, enregistre un important fléchissement se traduisant par une stagnation. 

Les banques centrales de plus en plus déphasées. Le terme «temporaire» est bien mal employé. Tel un moulin à prières, le président de la Fed, Jerome Powell, ne cesse d’affirmer depuis des mois que la hausse des prix aux Etats-Unis n’est qu’un phénomène «temporaire», mais il se trompe depuis des mois. En septembre, l’inflation était de 5,4%: c’est-à-dire pour le cinquième mois d’affilée bien au-dessus de la barre des 5%. Vu les goulets d’étranglement persistants et le renchérissement des matières premières et de l’énergie, il n’y a aucun espoir d’inversion de tendance. Le fait que dans ce contexte, les banques centrales continuent d’injecter chaque mois des dizaines de milliards en liquidités dans le système financier semble devenir de plus en plus absurde.

La pression s’accroît sur les marges. Non seulement les prix à la consommation augmentent, mais ceux à la production, en amont, explosent également, comme par exemple en Chine, où ils ont crû de 10,7% en septembre. Cela impactera inévitablement les marges bénéficiaires de nombreuses entreprises car peu d’entre elles sont en mesure de répercuter la totalité de la hausse des coûts sur les consommateurs. A cela s’ajoute un autre facteur: plus l’inflation reste élevée longtemps, plus la pression à la hausse sur les salaires s’accroît. Les syndicats ont déjà émis des revendications dans ce sens. Enfin, un compromis se dessine au sein de l’OCDE quant à l’«impôt minimum». Il est prévu dès 2023 que l’impôt sur les entreprises soit d’au moins 15% dans le monde entier. L’OCDE estime à environ 150 milliards de dollars les recettes fiscales supplémentaires. Tous ces facteurs signifient, en fin de compte, que les entreprises devront faire face à une érosion de leurs marges bénéficiaires. L’époque d’une croissance des bénéfices à deux chiffres devrait donc être révolue, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les investisseurs en actions.

L’or se redresse. les craintes de stagflation ont augmenté ces derniers temps. Une croissance économique plus faible, associée à une inflation élevée, rend la vie dure aux investisseurs. Dans un tel contexte, l’or brille en général de tous ses feux, mais dernièrement, le prix du métal jaune a plutôt sous-performé. En effet, depuis son sommet de 2060 dollars l’once en août 2020, il n’a cessé de fondre. La forte reprise économique mondiale a ressuscité la propension au risque des investisseurs et entraîné des prises de bénéfices sur l’or et, à la fin du troisième trimestre 2021, l’once s’échangeait à 1’758 dollars. Ces derniers jours, cependant, son cours est reparti à la hausse. Si les tendances stagflationnistes s’accentuaient, l’or devrait se remettre à briller. Nous continuons à tabler sur un prix de l’once de 1’950 USD d’ici la fin de l’année. Pour des raisons de diversification, nous maintenons donc notre surpondération de l’or.

Graphique de la semaine

Les rendements des Gilts à 10 ans ont augmenté de 1% depuis le début de l’année. L’inflation élevée au Royaume-Uni est la raison principale de cette hausse. En août, les prix à la consommation ont augmenté de 3,2%. La tendance devrait se poursuivre. Les goulets d’étranglement se sont multipliées depuis le Brexit et affectent l’approvisionnement en marchandises provoquant, par exemple, de longues files d’attente devant les stations-service. Pour faire face à cette situation, la Banque d’Angleterre ne tardera pas à resserrer les taux.

GROS PLAN

La «crise des puces» ralentit Apple. Pour acquérir le nouvel iPhone 13, il faut se munir de patience. Sur fond de pénurie de microprocesseurs, Apple réduit massivement sa production. Et ce, juste avant la cruciale saison de Noël.

LE PROGRAMME

Nestlé et Roche. Le 20 octobre, les deux poids lourds du SMI, Nestlé et Roche, publieront leur chiffre d’affaires pour les 9 premiers mois de l’exercice. Mais ce n’est qu’avec la publication des résultats annuels, début 2022, que l’on saura dans quelle mesure la hausse du coût des intrants aura pesé sur les marges bénéficiaires.

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