Cinq opportunités d’actions ignorées sur le marché américain

Heather McPherson, T. Rowe Price

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Désormais connus aujourd’hui, les défis auxquels sont confrontées les actions «value» se sont intensifiés cette année.

La sous-performance relative de certaines actions de valeur (value) par rapport aux actions de croissance (growth) - qui a duré près de 15 ans - a été dûment analysée. Cette phase a coïncidé avec une période de disruption généralisée, les entreprises peu enclines à l'innovation ayant vu leur ratio de valorisation se réduire - alors que les estimations avaient intégré, dans certains cas, des risques existentiels réels.

Désormais connus aujourd’hui, les défis auxquels sont confrontées les actions «value» se sont intensifiés cette année. Dans certains secteurs, les dommages économiques causés par la pandémie du coronavirus ont ajouté des pressions cycliques, aux facteurs historiques liés en particulier à l'innovation technologique.

La crise sanitaire mondiale a également accéléré l'adoption de technologies disruptives, telles que le commerce électronique et l’essor des médias en streaming, ainsi que les logiciels basés sur le cloud qui permettent le déploiement du travail à distance. De plus, la peur et l'incertitude persistantes ont conduit les investisseurs à ne pas tenir compte des valorisations et à adopter des scénarios de croissance très clairs pendant la reprise.

La croissance à tout prix

Le phénomène dont nous avons été témoins au cours de la récente période d'aversion au risque était certainement inhabituel. Les actions « value », qui présentent des rendements en dividendes plus élevés, sont généralement des valeurs refuge en période d'anxiété, mais l'extrême incertitude économique a suscité des craintes quant à la possibilité pour les entreprises d’effectuer leurs paiements.
La confiance du marché envers les entreprises de croissance et sa réticence à s'exposer aux cycles expliquent pourquoi 92% des actions de l'indice Russell 1000 Growth ont surperformé l'indice Russell 1000 Value au cours des 12 derniers mois, jusqu'au 30 juin. Cette tendance a poussé l'écart de valorisation entre les actions de croissance et les actions de valeur à son plus haut niveau depuis le début des années 2000.

Dans le domaine financier, toute réévaluation potentielle
dépend de facteurs spécifiques à l'entreprise.

Nous pensons que ces écarts finiront par se réduire, ou du moins être modérés. Toutefois, nous nous abstenons de qualifier la période comme un retournement du cycle de performance des valeurs de croissance - notamment un retournement durable. Nous nous concentrons plutôt sur la recherche d'entreprises de haute qualité qui se négocient en dessous de leur valeur intrinsèque et sur l'exploitation d'opportunités où une déstabilisation à court terme pourrait être résolue au fil du temps.

Être moins cher ne suffit pas

Les investisseurs ne doivent comme toujours pas être tentés par les actions les moins chères, mais plutôt identifier les titres les plus attrayants par rapport à leurs perspectives à long terme. Par exemple, le secteur financier - le plus grand secteur de l'indice Russell 1000 Value - comprend, selon nous, de nombreuses actions bon marché. Cela s'explique par les préoccupations relatives à la faiblesse économique résultant de la pandémie du coronavirus, par les conséquences sur la qualité du crédit des banques et les demandes d'assurance, ainsi que par l'effet de la baisse des taux d'intérêt sur les résultats financiers. Néanmoins,  le fait d’être moins cher ne suffit pas.

Dans le domaine financier, toute réévaluation potentielle dépend de facteurs spécifiques à l'entreprise, tels que la réduction des coûts ou des résultats de crédit meilleurs que prévu. Les catalyseurs potentiels vont au-delà des facteurs macroéconomiques, tels que l'amélioration des perspectives économiques ou les attentes d'une hausse des taux d'intérêt. Morgan Stanley et Chubb figurent parmi nos principales participations dans ce secteur.  

Nous avons également trouvé des opportunités où le marché a évalué les risques cycliques à long terme, ignorant le potentiel d'amélioration des fondamentaux des entreprises et de l'industrie. Nous avons identifié cinq titres actuellement peu suivis qui présentent des fondamentaux convaincants à long terme.

TJX Companies

Ce détaillant à bas prix a été contraint de fermer des magasins dans les premiers jours de la pandémie. Toutefois, nous pensons que l'entreprise saura tirer profit de la disparition d'autres commerces de détail - notamment les grands magasins - et qu'elle sera en meilleure position après la pandémie en gagnant des parts de marché et en ayant des consommateurs soucieux de leur santé. De plus, nous pensons que TJX Companies possède la solidité de bilan qui pourrait être nécessaire dans ce contexte incertain.

Cummins

Ce constructeur de véhicules utilitaires a été mêlé à une controverse liée à la dépendance historique de l'entreprise aux propulseurs diesel. Toutefois, l'entreprise a fait des progrès considérables dans le développement de technologies de propulsion alternatives, elle pourrait bénéficier à la fois de la demande croissante de l'industrie et gagner des parts de marché au cours des prochains trimestres.  

Welltower

Alors que la société d'exploitation de résidences pour personnes âgées est confrontée à des défis à court terme liés à la pandémie du Covid-19, l'entreprise, dirigée par une équipe de gestion chevronnée, est bien positionnée dans un secteur où les tendances démographiques à long terme sont très favorables et favorisent un «mode de vie actif».

Becton, Dickinson and Company

Communément appelée BD, cette entreprise de technologie médicale a été mêlée à une polémique sur le rappel d'une pompe à perfusion, ainsi qu'à des inquiétudes sur la compétitivité de ses tests Covid-19 récemment lancés. Toutefois, elle pourrait tirer profit de l'amélioration de l'utilisation des soins de santé au niveau mondial et la croissance impressionnante de son activité sous-estimée dans le domaine des sciences de la vie est prometteuse.

International Paper

Premier fournisseur de carton aux États-Unis, International Paper a vu ses valorisations dépréciées en raison des inquiétudes liées à l'approvisionnement en nouveaux cartons. Nous restons toutefois optimistes quant à ses perspectives, car le secteur bénéficie de plus en plus de la croissance de la demande liée à la forte progression des tendances du commerce électronique. Les actifs de la société sont parmi les moins chers du monde.