Capital humain: facteur clé de résilience et de différenciation

Nicolas Jacob, ODDO BHF AM

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La crise actuelle doit permettre d’accélérer les travaux sur la comptabilisation du capital humain. Le WEF montre l’exemple.

©Keystone

Alors que la pandémie de COVID-19 entraîne une flambée du chômage avec 400 millions d’emplois supprimés au deuxième trimestre 2020 selon l’Organisation Internationale du Travail, un renforcement des inégalités sociales et enfin qu’elle démontre la fragilité des systèmes d’approvisionnement mondialisés, les entreprises sont plus que jamais amenées à assumer leur rôle sociétal et à adapter leurs conditions de travail afin de garantir la santé physique et mentale de leurs employés et de se positionner avantageusement dans le «monde d’après».

Ainsi, le Forum Economique Mondial (WEF), dans un rapport paru en août 2020, identifie le capital humain comme «un facteur clé de différenciation» dans le monde du travail postpandémie et considère que «si davantage d'entreprises avaient replacé l’humain au coeur de leur prise de décision pendant la pandémie, cela aurait conduit à de meilleurs résultats sociaux, économiques et commerciaux; la hausse du chômage aurait été moins importante, les gouvernements n'auraient pas eu besoin de fournir des incitations aussi importantes pour encourager les entreprises à ne pas licencier et les coûts pour le secteur public et les contribuables auraient été réduits».

La crise sanitaire et économique sonne la fin
d’un modèle trop orienté autour de l'actionnaire.

A l’échelle des entreprises, la crise sanitaire et économique sonne ainsi la fin d’un modèle trop orienté autour de l'actionnaire, qui n'accorde pas suffisamment de valeur au capital humain et qui sur le long terme génère des coûts pour l'entreprise ainsi que des externalités négatives pour la société. 

En parallèle, les priorités des investisseurs responsables, auparavant très concentrés sur des problématiques environnementales (crise climatique, pollution, exploitation abusive des ressources) se recentrent désormais davantage sur les problématiques sociales (résilience du capital humain, adaptabilité de la chaine d’approvisionnement).

Ces circonstances économiques nouvelles ont contraint les entreprises et les investisseurs à s’adapter et à reconnaitre la nécessité de revaloriser le capital humain, mais ils restent confrontés à la difficile mesure de la valeur tangible de cet actif immatériel.

A l’instar des réflexions initiées depuis quelques années sur la comptabilité environnementale et la matérialisation financière du capital naturel, comme par exemple le travail réalisé par le groupe Kering depuis 2014, la crise actuelle doit permettre d’accélérer les travaux sur la comptabilisation du capital humain. De ce point de vue, saluons le fait que le Forum Economique Mondial se soit emparé du sujet en proposant un cadre méthodologique, une avancée notable pour que le monde des entreprises évolue vers une comptabilité en triple capital: financier, naturel et humain.

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