Bilan de mi-mandat

Alan Mudie, Société Générale Private Banking

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La question s’est souvent posée de savoir si un changement de majorité au profit des Démocrates pourrait conduire à la destitution de Donald Trump.

© Keystone

Mardi 6 novembre, se tiendront les élections de mi-mandat aux États-Unis. Les 435 sièges de la Chambre des représentants seront à pourvoir, ainsi que 35 des 100 sièges au Sénat et 39 postes de gouverneur. Le rapport de force changera-t-il au détriment des Républicains? Et cela impliquerait-il un apaisement des tensions commerciales avec la Chine?

Les Républicains du Président Trump dominent actuellement les deux chambres du Congrès, avec une majorité de 235 sièges à la Chambre des représentants et 52 sièges au Sénat. D’après le site fivethirtyeight.com, la probabilité qu’ils perdent la Chambre des représentants s’élève à 84%, une prévision estimée à 79,8% sur le marché des contrats à terme de l’Université d’Iowa. Dans la course au Sénat, 24 des sièges à pourvoir sont déjà occupés par des Démocrates et neuf par des Républicains (deux par des indépendants). Un basculement en faveur des démocrates devient ainsi moins plausible – fivethirtyeight.com estime à 80,8% la probabilité que les Républicains gardent le contrôle, hypothèse corroborée par les 90,6% de l’Université d’Iowa.

Un Congrès divisé risquerait
de bloquer l’action législative.

A l’approche des élections, la question s’est souvent posée de savoir si un changement de majorité au profit des Démocrates pourrait conduire à la destitution du Président (un processus lancé par la Commission des affaires judiciaires de la Chambre des représentants). Les commissions puissantes de la Chambre des représentants ou du Sénat sont toujours présidées par une personne nommée par le parti majoritaire. La commission judiciaire passerait ainsi aux mains des Démocrates. Cependant, la décision finale sur une destitution revient au Sénat.

Un Congrès divisé risquerait également de bloquer l’action législative, à moins que le Président Trump ne parvienne à dégager un consensus bipartisan, une perspective lointaine compte tenu de l’animosité d’un grand nombre de Démocrates à son égard. La politique économique devrait donc rester globalement inchangée. En 2019, l’économie américaine pourrait ainsi continuer de bénéficier d’une dynamique soutenue et de la confiance élevée des chefs d’entreprise.

Le Congrès a historiquement délégué d’importants pouvoirs au Président en matière de politique commerciale, pouvoirs dont Donald Trump s’est largement servi à mesure que les tensions commerciales avec la Chine se sont dégradées. Il est peu probable qu’il change de tactique face à la Chine pour les raisons suivantes: (a) la déchéance de son autorité commerciale requiert une majorité aux deux tiers dans les deux chambres; (b) il est empreint de convictions protectionnistes fortes et inébranlables; (c) ses conseillers les plus proches considèrent la Chine comme une menace stratégique pour la suprématie américaine; et (d) l’agressivité dont il fait preuve avec les droits de douane est populaire auprès des Républicains (taux d’approbation de 88%, d’après un récent sondage Gallup).

En résumé. Puisque les politiques économique et commerciale ne changeront pas après les élections de mi-mandat, nous continuons d’anticiper un tassement de la croissance en 2019, les effets des baisses d’impôts de cette année commençant à s’estomper. Dans ce contexte, la Réserve fédérale devrait continuer à resserrer progressivement sa politique monétaire, laissant entrevoir une nouvelle surperformance des actions américaines face aux obligations d’État.

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