Bienvenue dans l’ère des Darwinomics

Geoffroy Goenen, Candriam

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Les sociétés innovantes de qualité sont seules à présenter un avantage compétitif durable. S’adapter ou mourir!

Après plusieurs années de hausse généralisée et quasi continue des marchés, l’investisseur n’a plus le choix: il doit et devra être sélectif. L’inaction et la passivité coûteront très cher aux investisseurs, comme aux entreprises. Les cycles d’adoption des produits, services et technologies s’accélèrent, précipitant l’émergence des uns et la perte des autres. Dans cette économie darwiniste où seuls les plus forts, les plus flexibles et surtout les mieux adaptés survivront, l’innovation est le meilleur indicateur de cette capacité des entreprises à s’adapter.

Vieillissement de la population et faibles gains de productivité

En Europe, comme dans le reste du monde, le vieillissement de la population est clairement engagé et va, à défaut d’un changement – improbable – de la politique d’immigration des Etats membres de la zone, peser sur la croissance. Compte tenu de la faiblesse de l’investissement productif depuis la Grande Récession, il est peu probable que la productivité retrouve rapidement des rythmes de croissance plus soutenus. Par ailleurs, l’endettement actuel est en moyenne 50% à 100% plus élevé qu’il y a trente ans, à l’exception de la Belgique; le cas le plus spectaculaire étant évidemment celui de la Grèce. Un tel poids de dette, combiné aux critères de Maastricht, laisse peu de marges de manœuvre budgétaire à la plupart des Etats pour alimenter la croissance.

Le style «Quality/Growth» devrait donc dominer durant les prochaines années; les sociétés à faible création de valeur et très dépendantes de la croissance exogène (comme le style «Value») devraient par contre être durablement à la peine.

Changement de prisme

Le clivage «actions de croissance – actions ‘value’» (ou «Value – Growth») est dépassé sur le long terme. Aujourd’hui, plus aucun secteur n’est à l’abri. Ce qui peut paraître «Value» peut être cher en réalité, car amené à disparaître. Ce qui, par contre, peut paraître «à haut multiple» aujourd’hui, peut être le gagnant de demain.

Dans un contexte d’accélération des cycles de vie des produits et de disruptions à fréquence de plus en plus élevée, le niveau d’innovation est le meilleur indicateur de probabilité de survie et de croissance d’une société.

Analyse et sélectivité

Pour assurer la rentabilité pérenne en portefeuille, il s’agit d’identifier les sociétés en croissance aujourd’hui, mais surtout en croissance demain. Seule une gestion active, basée sur une analyse fondamentale de chaque société détenue ou envisagée, permet de détecter les dossiers à potentiel et exclure les modèles dépassés ou en voie de l’être. L’analyse et la sélectivité sont cruciales pour investir dans les sociétés innovantes, les gagnants de demain.

Plusieurs secteurs sont particulièrement exposés aux innovations. Le secteur agroalimentaire est par exemple en pleine mutation. Le marché se veut fragmenté et l’importance accordée aux fournisseurs d’ingrédients dans la chaîne de production devient plus importante. Le secteur automobile tend rapidement vers des véhicules plus propres et plus intelligents. Là encore, ce sont encore les fournisseurs spécialisés et innovants qui tirent leur épingle du jeu. Le secteur industriel est en pleine mutation; l’industrie 4.0 est aujourd’hui le standard et les processus de production sont digitalisés de A à Z.

Pour résumer, le clivage «Value-Growth» est donc dépassé; seuls les gagnants de demain sont les véritables investissements attractifs. L’innovation en est le meilleur indicateur. Investir aujourd’hui dans ce thème est l’une des meilleures, voire la meilleure stratégie pour capter la croissance et la rentabilité, à moyen comme à long terme.