BCE: accélérer la cadence sans aller loin

Ann-Katrin Petersen, BlackRock

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La BCE ne reviendra pas à l'ancien régime de politique monétaire très accommodante. Même avec des baisses consécutives, la politique monétaire continuera de peser sur la croissance jusqu'en 2025.

La BCE a réduit ses taux d'intérêt de 25 points de base aujourd'hui, accélérant le rythme trimestriel habituel, en raison du ralentissement de la croissance, de l'affaiblissement de l'emploi et de l'inflation qui n'atteint pas ses projections. Reste à voir combien de temps la BCE restera sur cette voie plus rapide. La BCE pourrait de nouveau réduire les taux lors de sa réunion de décembre : les taux restent très restrictifs, et elle dispose de plus de marge pour assouplir sa politique que la Fed, ayant quant à elle resserré davantage. Cependant, pour le moment, seule une forte dégradation de la situation économique inciterait la BCE à augmenter l'ampleur des réductions à venir. Nous pensons qu'il est peu probable qu'elle réduise les taux de manière significative, soit en dessous du niveau neutre, en raison d'une inflation domestique persistante. Nous continuons de préférer les revenus des obligations à court terme de la zone euro aux bons du Trésor américains à court terme.

Accélérer la cadence...

Comme prévu, la BCE a réduit les taux de 25 points de base aujourd'hui, accélérant ainsi le rythme trimestriel des baisses observées en juin et septembre. Cela s'explique par le ralentissement de la croissance, des indicateurs de l'emploi plus faibles, et une inflation inférieure aux prévisions de la BCE. La présidente Lagarde a réaffirmé que la BCE suivrait une approche "dépendante des données, réunion après réunion", sans exclure une réduction supplémentaire en décembre. La BCE a davantage confiance dans sa prévision d'un retour de l'inflation à son objectif de 2 % au second semestre 2025, ce qui rend probable une série de baisses consécutives. Nous pensons qu'une dégradation nette de la situation économique serait nécessaire pour pousser la BCE à intensifier les baisses et à réduire les taux en dessous du niveau neutre.

... sans aller loin

La BCE dispose de plus de marge pour assouplir sa politique que la Fed, ayant resserré davantage. Mais comme pour le cycle de hausse des taux, il ne s'agit pas d'un cycle de réduction typique: ce n'est pas un retour à la situation d'avant, où l'inflation était constamment bien en dessous de l'objectif de 2%. Malgré un marché du travail en voie d'assouplissement mais encore tendu, et une productivité faible, les pressions sur les prix domestiques pourraient maintenir l'inflation proche ou au-dessus de 2%. Nous pensons que la croissance des salaires continuera de se modérer, mais l'inflation des services reste encore trop élevée, à environ 4% en septembre. Etant donné que la BCE a relevé les taux dans un territoire très restrictif, nous pensons qu'elle n'ira pas très loin, même si elle a accéléré la cadence. Nous ne pensons pas que la BCE reviendra à l'ancien régime de politique monétaire très accommodante. Même avec des baisses consécutives, la politique monétaire continuera de peser sur la croissance jusqu'en 2025.

Pas de grande surprise pour les marchés, pour le moment

Les marchés s'attendent désormais à des baisses consécutives, ramenant le taux directeur à un niveau proche du neutre au second semestre 2025. Les investisseurs devraient garder à l'esprit que même des taux proches du niveau neutre seront structurellement plus élevés qu'avant la pandémie, soutenant l'attrait des revenus obligataires. A court terme, nous préférons les revenus des obligations à court terme de la zone euro et du crédit par rapport aux bons du Trésor américains à court terme. Nous pensons que les marchés anticipent encore trop de réductions de la Fed. Nous restons tactiquement neutres envers les obligations souveraines de la zone euro. Nous continuons de privilégier les actions américaines par rapport à celles d'Europe, grâce à de meilleurs bénéfices des entreprises et au thème de l'IA.

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