2021: le monde «Post»

Mourtaza Asad-Syed, Landolt & Cie

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Dans quelques mois, la situation sera à nouveau entièrement inédite puisque l’Amérique va se découvrir sans le Président Trump.

L’année 2020 qui s’achève aura décidément été celle de tous les superlatifs: Inédite, Imprévisible et finalement Incroyable! Au printemps, nous avions évoqué l’humilité qui s’est imposée à tous les analystes surpris par une pandémie mondiale d’une ampleur jamais vue depuis 1919. Dans quelques mois, la situation sera à nouveau entièrement inédite puisque l’Amérique va se découvrir sans le Président Trump, et le Monde, sans pandémie, avec l’arrivée d’un vaccin qui permettra l’immunité de masse tant attendue.

Cette fin d’année riche d’événements renforce notre conclusion sur la fragilité des certitudes et des prédictions des spécialistes. En revanche, l’impossibilité de prédire l’avenir ne rend pas inutile de s’y préparer bien au contraire, la vaste étendue de l’univers des possibles illustrée en 2020, nous pousse à anticiper les tendances qui émergent et qui vont définir le Monde post-Trump et post-Covid.

La première tendance structurelle nous vient de l’Est, avec la Chine qui nous présente un nouveau visage!

Premièrement, la Chine a été fortement secouée par la présidence de Donald Trump qui avait accentuée l’antagonisme à son encontre. La réaction de la Chine s’est faite dans le silence, mais elle est bien réelle. L’Empire du Milieu s’est projeté à l’ouest avec «La Nouvelle Route de la Soie», un réseau d’approvisionnement qui atteint l’Europe et s’est tourné au sud en parrainant une vaste zone de libre-échange, la Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) qui rassemble désormais un tiers de la population mondiale et presqu’autant de la richesse produite. Au final, l’agressivité américaine a simplement accéléré le destin Chinois de se détacher d’une dépendance exclusive envers l’Amérique du Nord comme fournisseur de produits manufacturés.

Deuxièmement, le mode de gestion sanitaire de la Chine a finalement émergé comme l’un des plus efficace surtout en comparaison des pays de l’OCDE qui se sont infligés des paralysies à répétition. Ironie du sort, le pays à l’origine de la crise sanitaire en sort renforcé et est désormais cité en modèle d’efficacité, voire de gouvernance! Un comble? Pas tant que ça si on se souvient que les Etats-Unis en avait fait de même après la crise des Subprimes qui avait infecté le monde entier.

Sur la décennie, la Chine pourrait bien connaître le destin des Etats-Unis, qui avait su rebondir après 2008-09. Avec l’émergence de ses champions technologiques, l’indice Nasdaq a été ressuscité quinze ans après la Bulle Internet, pour atteindre un nouveau record ces derniers jours, 150% plus haut qu’en 2000. La bourse chinoise plébiscitée en 2007 lors de «l’euphorie BRIC» a déjà repris des couleurs cette année, pour retrouver ses sommets historiques, gageons qu’elle ne s’arrêtera pas là!

La seconde tendance structurelle nous vient des pouvoirs publics qui confirment notre thèse du Bazooka economics.

En effet 2021, sera l’entrée de plain-pied dans un Monde post-orthodoxie budgétaire. Les «règles d’or» consacrées en 1992 à Maastricht pour définir les critères de convergence de la Zone Euro, apparaissent d’un autre temps et enterrées pour longtemps. Les premières fissures sur le «Consensus de Washington» datent d’il y a sept ans déjà, lorsque le FMI avait reconnu son erreur dans ses recommandations d’austérité au gouvernement Grec qui avait accéléré la crise en 2011. Aujourd’hui on généralise le diagnostic aux grandes économies en anémie de croissance, et la décennie 2020 semble bien propice à la dépense publique. Avec des taux ridiculement bas voire négatifs, les gouvernements de l’OCDE pourront s’en donner à cœur joie pour dépenser et porter leurs 90% de dette rapportée au PIB au 240% déjà atteint au Japon!

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