USA: les dirigeants des petites entreprises très pessimistes

AWP

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La part des patrons espérant une amélioration de la conjoncture dans les 6 mois est au plus bas depuis novembre 2013.

«Le COVID-19 continue de dicter le fonctionnement des petites entreprises», dont les dirigeants ont le moral au plus bas, souligne mardi le chef économiste de la principale fédération des PME aux Etats-Unis, dressant un tableau sombre du secteur.

En janvier, l’indice mesurant le moral des dirigeants des petites entreprises a perdu 0,9 point pour s’établir à 95 points, son plus bas niveau depuis mai 2020, selon l’enquête mensuelle de la Fédération nationale des entreprises indépendantes (NFIB), qui représente la majorité des petites entreprises aux Etats-Unis.

Plus inquiétant: la composante mesurant la part de ceux s’attendant à une amélioration a perdu 7 points comparé à décembre, s’enfonçant un peu plus dans le rouge (-23%) pour tomber à son plus bas niveau depuis novembre 2013.

Au cours des quatre derniers mois, le pourcentage de propriétaires d’établissement s’attendant à une amélioration de la conjoncture économique a perdu 55 points, précise la fédération.

La bonne santé des petites entreprises est cruciale pour une reprise économique aux Etats-Unis: elles créent habituellement les deux-tiers des emplois nets et sont motrices en terme d’innovation et de concurrence, selon des données de l’Office of advocacy of the U.S. Small Business Administration (SBA).

Cet organisme indépendant estime que ces établissements comptent pour 44% de l’activité économique américaine.

«Pas de lumière au bout du tunnel»

«Les petites entreprises ne voient pas de lumière au bout du tunnel», a résumé Lydia Boussour, économiste chez Oxford economics.

Après une reprise de l’activité au printemps et pendant l’été, la pandémie de COVID-19 est repartie de plus belle à l’automne, forçant nombre d’entre elles à réduire leur activité.

A titre d’exemple, de nombreux restaurants, déjà à la peine mais qui avaient bénéficié d’une embellie, ont été contraints de fermer leur service en salle en raison de la résurgence des cas d’infections dans le pays.

Des entreprises, qui avaient pu réembaucher au printemps, se sont, elles, résolues à licencier, certaines pour la deuxième voire la troisième fois en quelques mois.

Bien que la campagne de vaccination batte son plein aux Etats-Unis, avec quelque 2 millions de personnes vaccinées chaque jour en moyenne, les petites entreprises mettent en avant l’incertitude.

Elles s’inquiètent en outre d’une proposition de loi pour doubler le montant du salaire minimum fédéral d’ici 2025 pour le porter à 15 dollars de l’heure.

Elles déplorent des coûts supplémentaires qu’elles devraient supporter potentiellement dès cette année en cas d’adoption de cette mesure par le Congrès alors que leur activité est loin d’avoir retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie.

Dans un rapport récent, l’antenne de New York de la Banque centrale américaine notait que 88% de ces sociétés n’avaient pas retrouvé leur niveau de chiffre d’affaires habituel à l’automne.

«Parmi ces entreprises, 30% prévoyaient qu’il serait peu probable qu’elles puissent survivre jusqu’à ce que les ventes reprennent sans aide gouvernementale supplémentaire», selon les auteurs de ce rapport.

«Au moment où le Congrès discute de l’adoption d’un nouveau plan de relance, les petits employeurs se félicitent de tout plan d’aide qui pourrait leur apporter un coup de pouce» face à un avenir incertain, a, lui, souligné William Dunkelberg, de la Fédération.

Ian Shepherdson, chef économiste chez Pantheon Macroeconomics, a toutefois tempéré le pessimisme ambiant, soulignant qu’il n’est «pas surprenant» dans la mesure où ce sont des entreprises plutôt partisanes des républicains.

Pour résumer: «blues post-électoral pour les propriétaires de petits établissements + COVID = mécontentement», a-t-il commenté.

«Si les attentes (...) n’ont jamais été aussi sombres depuis la pandémie, leur chute de 39 points au cours des deux derniers mois reflète surtout une incertitude accrue en matière de politique économique à la suite des élections présidentielles», a ajouté Lydia Boussour.

Parallèlement, les petites entreprises s’attendent à ce que la faible demande persiste dans le temps.

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